Le vendredi 12 janvier s’est tenue au Bureau d’information du Parlement européen une conférence de presse au cours de laquelle les députés européens du Luxembourg ont dressé un bilan de mi-parcours de la législature 2005-2009.
Le député Claude Turmes (Groupe des Verts/Alliance libre européenne) a estimé que l’Europe se trouve dans une phase de transition et que le cycle des politiques néo-libérales est sur le point de s’achever en Europe et que les citoyens de différents pays ont exprimé par leurs suffrages lors des législatives dans leur pays que la question de la redistribution des richesses devrait de nouveau être posée. Il a admis que des erreurs avaient été commises sur le dossier de l’élargissement et qu’il faudra désormais prévoir des moyens budgétaires accrus pour réduire les tensions produites par le processus d’unification européenne. Il a félicité la commissaire Wallström d’avoir compris que la Commission européenne devait autrement communiquer sur le projet européen et a salué les consultations de citoyens européens qui ont eu lieu et qui ont permis de mettre à jour les vraies préoccupations de ces derniers : que l’Europe se dote d’une politique commune de l’environnement et de l’énergie, qu’elle s’investisse plus dans le domaine social et qu’elle parle d’une seule voix dans le monde. Finalement il a plaidé pour une Europe du futur qui ne soit pas seulement une Europe essentiellement axée sur les questions économiques, mais qui touche également, à travers une nouvelle légitimité, les esprits en s’investissant dans le domaine culturel.
La députée Lydie Polfer (Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe) a retracé l’évolution du rôle du Parlement européen qui est passé en 50 ans d’une assemblée consultative à un organe co-décisionnel dont le poids va croissant. Elle a rappelé l’influence que le Parlement a eue sur la désignation des membres de la Commission ou les manifestations qui ont marqué le vote sur différents textes comme REACH ou la directive sur les services. Madame Polfer a exprimé ses réserves sur le " splitting " du mandat sur deux moitiés de législature du président du Parlement européen, et ce à un moment où le Traité constitutionnel par exemple prône la création d’un mandat prolongé de président du Conseil européen. Elle a également déclaré préférer que le Parlement européen se concentre plus sur sa mission législative que sur des rapports d’initiative. Finalement, elle a souhaité qu’au-delà des initiatives hispano-luxembourgeoise et de la Présidence allemande pour préserver l’essentiel du Traité constitutionnel, les pays qui ne se sont pas encore prononcés se prononcent enfin pour qu’un état des lieux puisse être dressé.
La députée Erna Hennicot-Schoepges (Groupe du Parti populaire européen (Démocrates-chrétiens) et des Démocrates européens) a rappelé que l’Union européenne est née à partir de deux traités, l’un portant sur le marché commun, l’autre sur une question énergétique, et que ces problèmes restaient à la fois actuels et impossibles à résoudre autrement qu’en commun. Cependant, a-t-elle remarqué, alors que cette nécessité d’agir en commun et non pas seulement avec des mesures nationales se fait de plus en plus sentir, l’atmosphère en Europe se caractérise dans de nombreux secteurs par des replis sur la nation. C’est la capacité de faire des compromis au sein des fractions et entre fractions du Parlement européen qui a malgré tout permis de débloquer des dossiers comme REACH, sur la recherche, la directive sur les services ou sur le temps de travail. C’est pourquoi Mme Hennicot Schoepges voudrait que cette nécessité de faire des compromis soit quelque part ancrée dans le traité constitutionnel. Erna Hennicot-Schoepges a ensuite défendu l’idée d’une politique culturelle commune qui aurait justement pour but de promouvoir et de faire connaître la diversité qui distingue la culture européenne. Elle a souligné l’importance de l’initiative "2008, année du dialogue interculturel ", pour laquelle l’Union a budgété 10 millions d’euros. Elle a finalement attiré l’attention sur le système de communication et de gestion du trafic aérien SESAR dont la généralisation permettrait de renforcer la sécurité aérienne et de faire l’économie de 6% d’énergie dans ce domaine.
Le député Jean Spautz (Groupe PPE et DE) a de son côté insisté sur la nécessité de tenir compte du sentiment de nombreux citoyens européens d’être dépassés par l’évolution de l’Union européenne, ce qui est surtout vrai quand il est question de l’élargissement. Il a également mis en garde contre la proclamation d’objectifs trop ambitieux, comme ceux formulés lors de l’adoption de la stratégie de Lisbonne en 2001 et qui promettait à l’aube de l’an 2010 une Europe qui aurait l’économie la plus performante du monde.
Astrid Lulling (également Groupe PPE et DE) a suggéré le recours aux clauses passerelles prévues par le traité de Nice pour que l’Union européenne puisse, en attendant un nouveau traité, faire des progrès en matière de justice et affaires intérieures, de politique extérieure et de sécurité commune et même dans le domaine social. Il suffit selon elle qu’une majorité d’Etats aille dans cette direction et que le Conseil en ait la volonté politique. En tant que présidente de l’intergroupe "Vin" du Parlement européen, elle a critiqué les mesures que la Commission européenne préconise pour réformer le marché commun du vin. L’arrachage des vignes et la réduction des surfaces viticoles plantées autorisées ne lui semblent pas un moyen adéquat pour réduire les surplus de vin qu’elle estime essentiellement dus à des vins qui proviennent de surfaces illégalement plantées.
Le député Robert Goebbels (Groupe socialiste) qui est vice-président de son groupe n’avait pu participer à la conférence de presse, retenu qu’il était par la présentation du programme de la Présidence allemande du Conseil de l’Union européenne devant le Parlement européen.