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Politique étrangère et de défense
Jean Asselborn au sujet du projet bouclier anti-missile : "un mécanisme de défense militaire (...) ne doit pas avoir pour conséquence une remise en cause de la stabilité du continent"
14-03-2007


Le 13 mars, dans le cadre de l’heure de questions à la Chambre des Députés, Jean Asselborn a fait la déclaration suivante :

La question du bouclier antimissile est hautement politique avant de constituer un sujet militaire.

Au Sommet que l’OTAN a tenu à Riga au mois de novembre dernier, les Alliés ont décidé de poursuivre leur étude relative à la mise en place d’une défense contre des missiles balistiques dirigés contre le territoire des Alliés.

Cette étude n’a pas encore abouti. A l’occasion d’une entrevue qu’il a accordée lundi dernier au Financial Times, le Secrétaire général de l’OTAN a signifié que les discussions à l’OTAN devraient aussi bien éclairer la dimension politique que militaire de la question.

A ce jour, nous ne sommes pas encore en possession d’informations concrètes, y compris techniques, qui nous permettraient d’affirmer qu’un tel bouclier antimissile devant stopper des missiles qui proviendraient hypothétiquement d’Iran ou de la Corée du Nord, devrait être installé si près de la Russie.

Géographiquement parlant, nous partageons ce continent avec la Russie ; nous devons donc vivre en commun, et non en opposition, comme ce fut le cas pendant longtemps.

A cette fin, l’Union européenne et l’OTAN ont contracté des partenariats avec la Russie. Cela ne signifie nullement que les développements en Russie soient tous à notre goût ou que nous devions prendre pour argent comptant tout ce qui se dit à Moscou, mais cela ne peut en aucun cas signifier que la sécurité en Europe soit organisée sans concertation et coopération avec la Russie.

En bref, un mécanisme de défense militaire, destiné à assurer plus de sécurité à l’Europe face à des attaques hypothétiques venant de l’extérieur, ne doit pas avoir pour conséquence une remise en cause de la stabilité du continent, comme ce fut le cas au cours du 20e siècle.

Les peurs sont souvent basées sur des malentendus; ces derniers doivent donc être évités. Cela vaut aussi bien pour les Etats-Unis, pour la Russie, pour l’OTAN que pour l’UE.

L’Europe a besoin des Etats-Unis pour pacifier ce monde en proie aux agitations.

Les Etats-Unis ont quant à eux besoin d’une Europe solidaire et forte, qui ne travaille pas dans une logique bilatérale, mais où les intérêts européens connaissent des réponses européennes, conformément à l’article 11 du traité d’Amsterdam.

Ceci constitue la position de mon Gouvernement, et en tant que Ministre des Affaires étrangères, je ferai tout mon possible, au sein de l’UE comme de l’OTAN, pour prévenir tant une course aux armements que la naissance de dangereux malentendus.

Politiques et diplomates doivent s’occuper de la perception qui peut naître dans nos pays ainsi que dans des pays tiers. Cela doit se faire par le biais de consultations honnêtes et transparentes.

Craintes et instabilité conduisent toutes deux à une perte de sécurité.

Par son apport à la stabilité politique, le dialogue transatlantique doit aujourd’hui plus que jamais conduire à plus de sécurité.

Nous avons besoin de partenariat, non pas de confrontation