D’emblée nous nous devons de féliciter la Commission d’avoir édité ce livre vert pour pouvoir discuter ouvertement de points qui jusqu’ici n’avaient pas trouvés de telle place publique. Aussi devons nous féliciter le Ministre du Travail et de l’Emploi du Luxembourg pour avoir lancé un appel à la société civile de participer à cette consultation et pour avoir promis de tenir compte de ces apports dans sa propre réponse au questionnaire soumis par la commission.
Suivent les réponses de Caritas sur certaines de ces questions soulevées.
Dans ce genre d’approche il faut veiller à ce que les mesures soient balancées. Si une mesure apte à moderniser le droit du travail a pour conséquence une baisse de la protection et de la sécurité des travailleurs, il faut trouver en même temps une compensation, en comparaison avec l’exemple souvent cité qu’il s’agirait plutôt de garantir la sécurité d’avoir un emploi que celle de rester sur un emploi précis. Surtout parce que dans les relations employeur-travailleur c’est normalement le travailleur qui représente le maillon plus faible, il convient donc de trouver des solutions qui permettent des réglementations plus souples sans pour autant livrer le travailleur à des situations précaires.
Cette remarque introductive vaut de manière générale et sert comme grille de lecture pour toutes les questions suivantes ; elle ne sera par conséquence pas répétée à chaque reprise. .
La réponse ne peut être qu’affirmative, mais l’accent est à mettre sur "flexibilité et sécurité". Trop souvent les modèles préconisés mènent certes à une plus grande flexibilité, mais ceci au prix d’une plus grande insécurité ! Une approche vraiment balancée pourrait cependant mener à une situation win-win entre employeurs et employés.
Nous voyons deux moments d’intervention :
a) avant qu’une situation d’entreprise ne se dégrade de telle façon que la seule manière de réagir soit de licencier le personnel, des mesures de formation, de soutien, d’orientation et de conseil doivent être déployés par les employeurs pour éviter les licenciements (maintient dans l’emploi). Ici c’est surtout la responsabilité de l’employeur qui doit jouer; elle peut être accompagnée de mesures étatiques (conseil, subventions directes, allégements d’impôts).
b) après que des licenciements ont eu lieu, tout doit être mis en œuvre pour éviter des crises existentielles (aussi bien sur le plan matériel qu’en ce qui concerne l’inclusion sociale) et pour réussir à réintégrer le marché du travail aussitôt que possible (en octroyant un droit à la formation pendant les périodes de chômage, en offrant des services efficaces de guidance et d’orientation, en introduisant des mesures de réinsertion et surtout en créant assez d’emplois). Ceci est surtout de la responsabilité de l’état, accompagnée de l’engagement des partenaires sociaux.
Les règles existantes courent parfois le danger de rendre les changements tellement compliqués que des opportunités ne sont pas saisies. Au lieu d’adapter l’entreprise et les travailleurs à de nouvelles possibilités, aussi en utilisant les moyens de la formation, souvent on ferme tout simplement une entreprise en difficulté et on licencie les travailleurs. L’ouverture d’un nouveau business avec embauche de nouvelles personnes semble être la solution de facilité. Un maintien dans l’emploi avec aides à la reconversion pourrait être cependant la solution à rechercher. Une réglementation plus souple pourrait ici rendre de meilleurs services tout en évitant de précariser les emplois.
Le traitement de ces formes de contrat non traditionnelles dans la législation revêt parfois un aspect de lourdeur. Après un certain allégement le degré de sécurité restant devrait néanmoins être suffisant pour éviter de laisser exposés les travailleurs à l’arbitraire, mais il pourrait mener à une situation donnant-donnant pour toutes les parties prenantes.
Si la perte de revenus suite à une perte de l’emploi est compensée d’une part par une allocation de chômage qui respecte le niveau de vie de la personne, si d’autre part de telles périodes de non-emploi peuvent être gardées assez courtes, un tel marché de l’emploi plus souple pourrait répondre plus aux nécessités de l’économie moderne. Les politiques actives du marché du travail devraient garantir un service performant et efficace afin de limiter à un minimum les périodes de non-activité. Ceci devrait inclure des services de conseil, orientation, guidance, formation et réinsertion
Cependant en cas de manque d’emplois mis à disposition par les employeurs il faut éviter de parler d’ "activation" et de légitimer par là les réductions de la durée et de la hauteur des revenus de compensation pour tous les chômeurs.
Pas seulement en théorie, mais également en pratique la participation à des mesures de formation devrait se traduire par une plus grande sécurité de l’emploi respectivement par des possibilités accrues de promotion. Ceci pourrait inciter d’autres à suivre l’exemple couronné de succès. Le plus grand rôle revient ici à la loi, ces enjeux d’envergure globale pour l’économie sont difficilement réglables dans des conventions collectives (sectorielles).
Il faut surtout éviter de créer des emplois précaires qui sont déclarés soi-disant indépendant mais qui sont en vérité très dépendant de ceux qui les « emploient ». Et si précarité il y a, d’autres mesures compensatoires doivent balancer cet effet.
Un tel socle pourrait alléger le fardeau de ces travailleurs soi-disant indépendants,. Cela pourrait donc permettre la création de tels emplois, autrement plutôt mal perçus (voir question 7), sans pour autant devoir mener à la précarité.
D’abord le plus important dans une telle relation triangulaire est qu’il soit clairement établi qui porte la responsabilité et que cela ne diffère pas d’un état à l’autre. Ensuite le principe de la subsidiarité pourrait en effet être une des solutions à envisager. Il aurait l’avantage de responsabiliser l’employeur recevant, direct ; il aurait évidemment le désavantage de déresponsabiliser l’employeur envoyant.
Oui.
Certes certains assouplissements de règles trop strictes pourraient être au profit des employeurs et des travailleurs. Des règles autres que celles préconisées par la loi pourraient être conclues dans les contrats de travail, d’un commun accord. Cependant il faudrait introduire un principe de sécurité parce que le travailleur est le maillon plus faible dans les négociations avec l’employeur au sujet de son contrat. L’on pourrait par exemple s’imaginer que l’employeur utilise des contrats modèles, pour lesquels la délégation du personnel a donné son accord. Et pour chaque contrat individuel différent de ce modèle, la délégation du personnel devrait donner son accord individuellement. Là où il n’existe pas de délégation du personnel, cette fonction pourrait être assurée par un organisme extérieur à l’entreprise, p.ex. l’ITM.
Un minimum de droits du travail communs, incluant la définition du travailleur, devraient exister au niveau de l’union pour faciliter la mobilité des travailleurs.
Oui et oui !
Confédération Caritas Luxembourg
Luxembourg, le 14 mars 2007