Le 23 octobre 1956, la population de Budapest est descendue dans la rue pour protester contre le gouvernement stalinien. L’insurrection populaire hongroise a été réprimée dans le sang et a engendré la fuite de 200 000 Hongrois vers les pays de l’Europe occidentale. A l’époque, le Luxembourg accueillit presque deux cents de ces réfugiés.
En 2006, pour commémorer le 50e anniversaire du soulèvement hongrois, des élèves de 2ème B et de 2ème F, promotion 2005-06 de l’Athénée du Luxembourg, ont réalisé en étroite collaboration avec leurs collègues hongrois du lycée "l’Eötvösz Gymnasium" et viennois du lycée"Ella–Lingens–Gymnasium" un film d’une vingtaine de minutes. Le film retrace le contexte historique de l’insurrection hongroise à partir de documents authentiques de l’époque et comprend des témoignages de réfugiés qui se sont installés au Luxembourg. Le film comprend aussi une interview réalisée par les élèves du lycée partenaire de Budapest avec la veuve de Pal Maleter, général de l’armée hongroise et ministre de la Défense qui a été exécuté en 1958 par le pouvoir soviétique. "Le film a montré aux élèves que la liberté démocratique n’est pas acquise pour tous. La génération antérieure s’est battue pour ces idéaux, et nous aussi devons nous battre pour défendre ces valeurs" a souligné Marianne Dondelinger, professeur à l’Athénée, en guise d’introduction à la projection du film.
Dans son intervention après la projection du film, le ministre délégué aux Affaires étrangères et à l’Immigration, Nicolas Schmit, a salué le courage des Hongrois de 1956, mais aussi celui des Tchécoslovaques de 1968 et des Polonais en 1956, 1970, et 1980/81, dont les combats annonçaient la "réunification de la famille européenne". Le ministre a souligné que le courage des Hongrois s’est répété en 1989, puisque au cours de l’été de cette année historique, ce fut la Hongrie qui fut le premier pays à faire tomber les barbelés du rideau de fer, accélérant ainsi la chute du communisme. Aujourd’hui, 9 pays de l’ancien bloc soviétique sont membres de l’Union européenne, dont la Hongrie.
Il en vint ainsi au sujet de la discussion avec les étudiants de l’Athénée : la politique d’asile et d’immigration de l’Union européenne et du Luxembourg. Il retraça brièvement la politique des portes ouvertes basée sur la Convention de Genève relative au statut des réfugiés du Luxembourg à l’égard des réfugiés hongrois de 1956, mais aussi à l’égard des réfugiés chiliens en 1973 et des réfugiés venant des pays de l’ex-Yougoslavie au cours des années 90. C’est seulement en 1996 que le Luxembourg s’est doté sous le coup de l’urgence d’une première loi relative au statut des réfugiés, une loi qui a été modifiée en 2005.
Interrogé sur l’immigration illégale, le ministre a expliqué qu’aucun mur, aucun contrôle ne saura arrêter les flux de l’immigration illégale ou bien des réfugiés vers l’Europe. Face à ces deux phénomènes, la solidarité européenne à travers la formulation d’une politique commune et le partage des charges est de mise. Mais des principes déclarés à la pratique, le chemin est difficile en Union européenne, d’autant plus que la solidarité des sociétés européennes n’est plus aussi évidente comme en 1956.
En ce qui concerne l’immigration illégale, il importe pour le ministre Schmit de la réduire en luttant contre les réseaux de passeurs et d’employeurs qui profitent des immigrants illégaux. D’autre part, il lui paraît difficile de renvoyer dans leurs pays d’origine des personnes qui sont souvent dans notre pays depuis quatre à sept ans, avec des enfants qui ont entamé leur scolarité dans les écoles luxembourgeoises. La régularisation de ces personnes qui sont actives sur le marché du travail, mais qui vivent dans l’ombre de notre société dont il faut les faire sortir, est un moyen pour réduire l’immigration illégale dans une Europe qui a besoin d’immigration pour compenser son déficit démographique.
Par ailleurs, les pays européens doivent continuer à organiser une immigration légale dont ils ont besoin, qu’elle vienne des nouveaux Etats membres soumis à une période de transition avant de pouvoir bénéficier de l’intégralité de la liberté de circulation au sein de l’Union européenne, ou de pays tiers. Mais, a ajouté le ministre, "il faut savoir que les nouveaux arrivants ont besoin de logements, qu’ils viennent avec leurs familles et que leurs enfants doivent être intégrés dans nos systèmes scolaires. Il faut donc se préparer pour accueillir ces nouveaux flux".