Après la prise de pouvoir du Hamas à Gaza et la nomination par le président Mahmoud Abbas d’un nouveau Premier ministre palestinien en la personne de Salam Fayyad suite à la dissolution du gouvernement d’union nationale constitué par le Hamas et le Fatah, "le pire est la situation des 1,4 millions de personnes qui habitent à Gaza", a déclaré le ministre Asselborn. Il existe pour lui un danger réel que les portes de Gaza se referment pour de longues semaines sur ses habitants. Alors que les territoires palestiniens sont divisés en deux entités, il faut selon lui essayer d’aider les habitants sur le plan humanitaire à travers l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East), l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens instauré en 1949 par les Nations Unies.
Analysant la situation politique, Jean Asselborn a estimé que la décision du président Abbas de "concrétiser son autorité présidentielle par la décision de dissoudre le gouvernement national qui n’a plus fonctionné et de nommer un gouvernement de transition pour une période de 30 jours comme cela lui est permis par les lois constitutionnelles palestiniennes est un signal positif". Jean Asselborn a fait l’éloge des capacités de gestion financière de Salam Fayyad, qu’il connaît depuis la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE, mais il a également signalé la difficulté de ce gouvernement à fonctionner sans appui parlementaire.
Néanmoins, alors que la Ligue arabe, que le Conseil avait rencontrée lors du dernier CAGRE, éprouve des difficultés à trouver une ligne commune à l’égard de la crise palestinienne, sauf le Qatar, qui soutient le gouvernement Fayyad, l’UE a décidé d’appuyer la démarche du président Abbas. De son côté, Israël a un préjugé favorable à l’égard du gouvernement Fayyad et a décidé de débloquer les 700 millions d’euros retenus sur la TVA palestinienne et de les verser à l’Autorité palestinienne. "Cela est un signal concret", a conclu Jean Asselborn. D’autres signaux, comme la liberté des Palestiniens de circuler entre Gaza et la Cisjordanie ou bien l’arrêt à la colonisation sont également des signes avant-coureurs d’une possible coopération entre Israël et l’Autorité palestinienne.
La conférence conjointe du président allemand du Conseil, Frank-Walter Steinmeier, et de la ministre israélienne Tzipi Livni allait confirmer l’analyse de Jean Asselborn. Le Conseil a en effet décidé de soutenir le président Abbas et son gouvernement dirigé par Salam Fayyad. Il a pris les premières mesures pour une reprise de la coopération avec le nouveau gouvernement palestinien, notamment à travers un contact direct avec M. Fayyad. Steinmeier a également souligné qu’un soutien politique devait aller de pair avec un soutien financier.
Dans son exposé, Tzipi Livni a déclaré que "le Hamas a révélé sa véritable nature lors des derniers événements par la façon brutale dont il a traité ses frères palestiniens". Mais ce qui lui importe, ce sont "les nouvelles opportunités" qui s’offrent dans le cadre de ce processus de forte différenciation entre les Palestiniens modérés et extrémistes, processus au cours duquel Israël poursuit la stratégie de soutenir les premiers et de délégitimer les derniers. Le gouvernement Fayyad ouvre la voie à l’élaboration "d’une alternative raisonnable" basée sur la feuille de route du Quartette (USA, Russie, Union européenne et ONU) qui est censée déboucher sur la "solution de deux Etats existant l’un à côté de l’autre." Mme Livni a finalement exprimé son espoir que le monde arabe ira aussi dans le sens de soutenir les modérés.
Répondant à une question si Israël allait vraiment débloquer les 700 millions d’euros provenant de la TVA palestinienne, la chef de la diplomatie israélienne a répondu que cet argent avait été bloqué à cause de la présence de Hamas dans le gouvernement palestinien. Maintenant, que M. Fayyad était Premier ministre d’un gouvernement modéré et plus ministre des Finances d’un gouvernement dont le Hamas faisait partie, rien ne s’opposait à ce que les fonds dus aux Palestiniens soient débloqués. "Israël ne va pas chercher des excuses pour ne pas débloquer l’argent", a-t-elle déclaré. Ce geste fait partie selon elle de ce moment où de nouvelles opportunités s’offrent pour coopérer entre Israéliens et Palestiniens.