Lors d’un point de presse après lequel les entretiens sur le nouveau traité européen entre les deux chefs de gouvernement ont continué, Jean-Claude Juncker a souligné que le peuple luxembourgeois avait approuvé le traité constitutionnel par référendum. C’est pourquoi il a insisté sur la nécessité de ne tenir compte que des positions des deux pays qui avaient rejeté le traité et des sept autres pays qui ne voulaient pas s’exprimer sur la question. Selon le Premier ministre luxembourgeois, il faudra également tenir compte de la position des 18 autres pays qui ont approuvé le traité constitutionnel.
Pour Juncker, le mandat du gouvernement luxembourgeois se définit en quelques mots : "garder la substance du traité constitutionnel", c’est-à-dire maintenir les clauses sur le processus de décision, l’extension de l’application de la majorité qualifiée à de nouveaux champs politiques et l’intégration au traité de la Charte des droits fondamentaux qui sera de ce fait juridiquement contraignante. Dans le cas contraire, les gouvernements des pays qui ont ratifié le traité constitutionnel risqueraient de se retrouver dans une situation difficile pour expliquer à leur population d’éventuelles ratures dans le texte. La Présidence allemande a su écouter tout le monde, a-t-il déclaré. "Personne ne pourra dire à Bruxelles qu’il n’ait pas été écouté." De ce fait, tous les signes le portent à croire que "l’issue du Conseil européen de Bruxelles sera plutôt un succès qu’un échec. Dans le cas contraire, nul ne pourra blâmer la Présidence allemande." Le Premier ministre, qui se remet d’une opération chirurgicale qu’il a subie il y a une dizaine de jours, a ajouté qu’il se rendrait à Bruxelles avec "un esprit combatif ardent." ("mit gehobenem Kampfesmut" dans le texte). Il s’est engagé à soutenir la Présidence allemande comme il savait que le Luxembourg était soutenu par cette même Présidence allemande.
La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré que l’objectif du nouveau traité était de "remettre l’Europe en état de fonctionner, car le monde n’attend pas l’Europe, mais l’Europe doit se donner les moyens d’agir dans le monde." Malgré ses nombreux contacts, elle a dû admettre qu’il y avait "encore de sérieux problèmes à résoudre. Il faudra des compromis. L’intelligence politique nous commande une grande disposition au compromis. Si elle n’est pas là, ce sera difficile." Les obstacles qui existent actuellement se situent dans le volet institutionnel. Madame Merkel a cependant écarté l’option que la pondération des voix puisse être exclue du paquet de décisions à prendre. Il faut savoir que dans ce contexte, la Pologne récuse la pondération des votes contenue dans le traité constitutionnel. Elle exige soit le maintien des règles actuelles du traité de Nice soit l’introduction de la racine carrée pour la pondération démographique des voix. Angela Merkel a précisé que les discussions avec les dirigeants polonais avaient été "très franches, qu’il y a avait du côté polonais une disposition au compromis, mais qu’à l’heure actuelle les positions restent inchangées."