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Éducation, formation et jeunesse
Un projet scolaire d’élèves du Lycée Technique du Centre (LTC) sur l’immigration présenté à la Maison de l’Europe le 26 juin
26-06-2007


Helena, Marisa et Pavel, élèves de 12e du Lycée technique du Centre, ont présenté à la Maison de l’Europe leur projet scolaire, consistant en l’organisation d’une table ronde thématique sur la migration et l’immigration au Luxembourg et en Europe.

Avaient répondu à l’invitation des élèves, le ministre délégué aux Affaires Etrangères et à l’Immigration Nicolas Schmit, la députée européenne Lydie Polfer, l’ancien Représentant permanent du Luxembourg auprès de l’UE Jean-Jacques Kasel, le chef de la Représentation de la Commission européenne à Luxembourg, Ernst Moutschen, ainsi que Jean Lichtfous de l’ASTI (Association de soutien aux travailleurs immigrés) et Claude Frisoni, directeur du Centre culturel et de rencontres de Neumünster (CCRN). La modération du débat a été assurée par Carole Schimmer de la Radio socioculturelle 100,7.

En introduction, les élèves ont retracé leur projet, réalisé avec la complicité de leurs condisciples, une cinquantaine d’élèves représentant 20 nationalités différentes. Ils ont relevé la richesse multiculturelle et la diversité des nationalités et cultures de l’établissement scolaire qu’ils fréquentent, composé de jeunes de 78 origines différentes.

Migrations immigration, politique de l’immigration et droit d’asile

L’Ambassadeur Kasel a exposé l’historique du phénomène migratoire, de l’Antiquité à nos jours, en passant en revue les différents types de mouvements de peuples et les principales raisons qui ont mené à des déplacements importants de populations. Kasel a en outre jeté un regard sur les particularités du Luxembourg, « qui ne serait pas sans le phénomène migratoire ».

Le ministre Schmit a informé les élèves sur les principes de la libre circulation dans l’Union européenne et l’évolution de cette notion vers la "citoyenneté européenne" et les droits qui s’y rattachent. Schmit a également évoqué l’immigration en provenance de pays tiers. Vu l’évolution démographique négative en Europe, il importe de concevoir une politique d’immigration européenne pour assurer la réussite du continent.

Il a par ailleurs tenu à faire la différence entre immigration et le droit d’asile, ce dernier se basant sur la Convention de Genève de 1951, complétée de dispositions nationales et, de plus en plus, européennes. Finalement, le ministre a mentionné la nécessité de lutter contre l’immigration illégale et le travail illégal, ce qui permettrait de mieux organiser l’immigration légale en l’asseyant sur des droits principaux et complémentaires répondant aux réalités et besoins des sociétés contemporaines.

Félicitant les élèves de leur initiative, Lydie Polfer est revenue sur les réalités d’une société luxembourgeoise composée de presque 40 % de non Luxembourgeois et, s’agissant de la capitale, de 62 % de ressortissants étrangers. Elle a par ailleurs précisé que la présence sur le marché du travail luxembourgeois de quelque 130 000 travailleurs frontaliers infléchissait encore ce pourcentage, quotidiennement et de manière substantielle. La députée européenne s’est ensuite penchée sur la question primordiale de la scolarisation des non Luxembourgeois, à la base, selon elle, de l’organisation de la vie commune.

La scolarisation, les politiques scolaires, l’alphabétisation en langues allemande, respectivement française, l’apprentissage et la pratique des langues usuelles en vigueur au Grand-Duché et la nécessité de tenir davantage compte de la composition de la société ont été des éléments centraux de la discussion.

Le représentant de l’ASTI a expliqué aux participants le rôle de cet organe de soutien des immigrés, devant faire face aux nombreux problèmes que peuvent rencontrer des non Luxembourgeois en situation d’immigration au Grand-Duché, voire ultérieurement, en phase d’intégration. Jean Lichtfous a insisté que l’ASTI, quitte à être partiellement subventionnée par l’Etat ne devait pas être perçue comme étant la seule adresse et le seul interlocuteur en cas de problèmes ; l’administration publique devant elle aussi assumer son rôle et ses responsabilités.

Les langues dans l’enseignement

Claude Frisoni a mis toute sa verve à défendre l’idée que la langue luxembourgeoise ne pouvait et ne devait pas constituer l’unique référentiel identitaire au Grand-Duché. Le directeur du CCRN a plaidé pour une identité linguistique luxembourgeoise plurielle et a ainsi relancé le débat scolaire au niveau des élèves présents dans la salle,. Ceux-ci, qui étaient souvent d’origine étrangère, ont réclamé davantage de possibilités de scolarisation en langue française dans toutes les régions du pays.

La discussion sur les filières germanophone et francophone a été animée. Tous les intervenants maintenaient que le système éducatif devait tenir compte de la diversité culturelle tout en offrant la parfaite égalité des chances aux enfants scolarisés. Tous étaient également conscients qu’il fallait manier ces concepts avec circonspection pour éviter des fractures et des communautarismes, et qu’il fallait toujours veiller à viser la cohésion sociale.

A relever dans ce contexte l’intervention du directeur honoraire du LTC, Emile Hermes, qui se rappelle avoir lutté contre vents et marées pour l’introduction du Bac international français dans son lycée, initiative qu’il qualifie rétrospectivement de grand succès, car représentant une option d’études supplémentaire permettant de mieux tenir compte des réalités sur le terrain.

A l’initiative des personnalités invitées, chacun des élèves présents dans la salle a indiqué de manière liminaire son origine et son propre parcours ainsi que celui de sa famille et a fait un bref commentaire sur sa situation. De la jeune fille bosniaque en passant par la Brésilienne au jeune homme russe ou congolais, le sentiment partagé est l’espoir de bénéficier des conditions permettant une vie normale au Grand-Duché et d’avoir des chances et des débouchés sur le plan professionnel. La résolution de questions liées à la reconnaissance et à l’équivalence des diplômes au Luxembourg et en Europe a été qualifié de cruciale à cet égard. A l’issue d’une discussion d’une bonne heure et demie, les participants se sont séparés avec le sentiment que les jeunes auraient encore eu beaucoup de choses à dire à leurs invités... mais que ce ne sera que partie remise.