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Europaforum
Nicolas Schmit en débat avec des lycéens du LGL : l'Europe à travers des questions "complexes, riches et parfois difficiles"
09-07-2007


Nicolas Schmit, le ministre délégué aux Affaires étrangères et à l’Immigration, a rencontré le 9 juillet 2007 des élèves de classes de seconde du "Lycée des Garçons" à Luxembourg pour parler de l’Europe. Dans un premier temps, le ministre a résumé les décisions du Conseil européen de Bruxelles, pour entamer ensuite un long dialogue avec les lycéens. Les questions soulevées par les lycéens étaient multiples, "complexes, riches et parfois difficiles", comme l’a dit Nicolas Schmit à la fin du débat, lorsqu’il a félicité les jeunes pour leurs contributions et la façon dont ils avaient exprimé leurs préoccupations.

Une partie des questions tournaient autour de la politique étrangère de l’Union européenne. Certains voulaient savoir quelles seraient les fonctions du futur Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères comparées à celles dont il dispose actuellement. D’autres ont exprimé leur scepticisme quant à la faisabilité d’une politique étrangère européenne commune, partant des intérêts divergents et prenant pour exemple les difficultés de l’Union européenne pour adopter une position commune à l’égard de la Russie. "Chaque pays a son histoire avec la Russie. Cela, les Russes le savent, et ils jouent avec ces histoires différentes pour nous diviser, c’est-à-dire pour éviter de traiter avec une Union européenne unie et donc très forte. La meilleure solution serait de ne pas se laisser diviser."

D’autres questions tournaient autour de la souveraineté nationale. Un élève s’est posé la question pourquoi le Luxembourg ne continuait pas à avoir ses propres lois dont il regrettait la "disparation progressive", et a exprimé son malaise à l’égard du droit de poursuite des polices des pays voisins sur le territoire national. Une occasion pour le ministre de lui raconter à quel point les contrôles aux frontières pouvaient être vexatoires il y a une quinzaine d’années et que le droit de poursuite était le tribut à payer à l’ouverture des frontières en cas de flagrant délit. Une jeune fille voulait connaître la différence entre une directive européenne et une loi nationale. Une autre se demandait si le Luxembourg pourrait maintenir son "individualité" dans le grand concert européen, ce qui a donné lieu à un exposé sur la subsidiarité, mais aussi sur le chaos que provoquerait par exemple l’absence de règles communes en Europe. "Imaginez la pollution qu’il y aurait si chaque pays européen décidait d’appliquer ou de ne pas appliquer Kyoto selon son bon vouloir!"

Le référendum du 10 juillet 2005 était présent dans une question très directe posée au ministre pour savoir s’il n’avait pas « mauvaise conscience » que l’on n’ait pas tenu compte à Bruxelles des griefs de ceux qui avaient voté « non », et ce dans un contexte où il n’y aura pas de référendum au sujet du nouveau traité européen. Une autre question concernait le fait que le gouvernement n’avait pas subventionné les forces du « non » en 2005. Le ministre en a profité pour expliquer que lui-même était "resté sur sa faim" après Bruxelles, puisque des questions légitimes dans le domaine social, sur la finalité et les limites de l’Union soulevées par les partisans du "non" n’avaient pas encore été assez traitées.

L’élargissement, un sujet qui est loin de faire le plein des suffrages au Luxembourg, servait d’arrière-fond à des questions touchant à une éventuelle vocation de la Russie à adhérer à l’Union, aux limites de cette Europe, au rôle des religions dans les décisions notamment d’élargir un jour l’Union européenne vers la Turquie, aux difficultés de maintenir l’unité politique du projet européen avec un nombre croissant d’Etats membres, aux menaces que l’élargissement pourrait entraîner pour la souveraineté nationale d’un petit pays comme le Luxembourg qui "pourrait disparaître dans la masse". La conditionnalité pour adhérer à l’Union fut un autre sujet : pourquoi un pays doit-il remplir toutes les conditions avant, et pas après son adhésion. Il fut question du sens de l’élargissement, des processus de rattrapage économiques et de stabilisation des régimes politiques qu’il a déclenchés, de la diminution des disparités et des rapprochements culturels qu’il a induits en Europe centrale, de la sécurité alimentaire, mais aussi de la modernisation dans des pays candidats comme la Turquie (interdiction de la torture, renforcement du pouvoir civil, évolution de la tolérance religieuse, disponibilité progressive de discuter de la question arménienne, etc.).

Un élève a demandé au ministre, qui avait utilisé auparavant le concept "d’Etat membre normal", de préciser ce concept, ce qui a donné lieu à un exposé sur les règles de fonctionnement de l’Union européenne, sur la capacité d’accepter d’être mis en minorité et la culture de savoir forger et assumer des compromis, sur les valeurs et les droits fondamentaux de l’Union européenne, démocratie, Etat de droit, respect des droits de l’homme, mais aussi égalité des genres ou soumission du pouvoir militaire au pouvoir civil. Il fut longuement question de l’intégration des migrants et de l’égalité des chances dans les pays de l’Union, de la nécessité d’un islam européen. Bref, le débat fut riche et ouvert, contradictoire et finalement très citoyen, d’un sérieux et d’un respect mutuels qui traduisaient des préoccupations non feintes et une écoute réelle.