Ce choix doit aussi être fait dans l’Union européenne au sein de laquelle il lui paraît nécessaire de "réhabiliter la notion de « travail". Au Luxembourg, la notion de "travail" est selon lui encore bien considérée, parce que les relations sociales sont régies par ce "mariage entre la politique et la politique contractuelle qui fait défaut à une République voisine." Ce même "mariage de la politique et de la politique contractuelle" a conduit pour Jean-Claude Juncker à un consensus sur la notion de "contrat de travail" qui privilégie le contrat à durée indéterminée (CDI) : "Je m’inscris en faux contre l’idée que le CDI soit considéré en Union européenne comme atypique", a déclaré Juncker. Evoquant l’angoisse du futur qu’entraîne un emploi précaire et les difficultés que des familles peuvent ressentir à poursuivre des projets (acquisition d’un logement, études des enfants, etc.), il précisa sa pensée : "Si nous faisons du contrat à durée déterminée (CDD) la règle, nous violons de façon assez dégoûtante la vie des gens qui travaillent."
"Il faut se mettre d’accord en Union européenne sur un socle minimal de droits sociaux", a lancé Juncker, qui s’est déjà à de nombreuses reprises prononcé dans ce sens. Mais la situation n’est pas simple. Depuis l’entrée en vigueur de l’Union économique et monétaire (UEM), les phénomènes d’ajustement compétitif ont changé. L’on ne procède plus par dévaluations ou réévaluations monétaires. L’UEM empêche les Etats membres de s’enrichir aux dépens de l’autre. "La tentation est donc grande que dans les Etats membres, l’on essaie de dégager des avantages compétitifs par des réajustements sociaux. Mais si on commence à réduire le SMIC et le niveau de protection sociale, il y a problème." Rappelant que 50 millions de citoyens de l’Union européenne vivent en-dessous du seuil de pauvreté, Juncker a lancé : "Je voudrais que partout en Union européenne il y ait un salaire minimum dont les Etats fixeraient eux-mêmes le niveau."