Le 22 et 23 novembre 2007, quelques 40 représentants d’organisations non gouvernementales se sont réunis à l’initiative de l’Institut de Formation sociale à Remich pour discuter du rôle de leurs organisations dans la lutte contre les discriminations. Le séminaire, financé par la Commission européenne, avait pour objectif de permettre aux ONG et syndicats de mieux appliquer les outils juridiques qui ont été mis en place au niveau européen.
Le constat qui fut dressé au cours de ce séminaire était unanime : les organisations de la société civile sont des relais importants entre les institutions et les citoyens. Le plus souvent, c’est à eux que s’adressent les citoyens victimes d’une discrimination en fonction de l`âge, de l’origine raciale ou ethnique, l’orientation sexuelle, du handicap ou la religion.
Mais, établir un diagnostic en se basant sur les témoignages et les récits des clients, n’est pas toujours chose aisée pour les ONG. Pour mieux préparer ces organisations à leurs tâches, une équipe internationale composée de juristes et de sociologues ont informé durant deux jours sur les différents types de discrimination, les deux directives anti-discriminations 2000-43-CE et 2000-78-CE, les politiques antidiscriminatoires et leur application dans la réalité à travers la loi sur l’égalité de traitement.
Les participants ont été invités à utiliser la méthode comparative pour montrer comment un individu peut se fonder sur une caractéristique particulière d’une autre personne pour lui refuser par exemple un emploi, un logement ou l’accès à un lieu public.
Un cadrage sociologique présenté lors du séminaire a mis en exergue le caractère particulier de la discrimination au Luxembourg. La discrimination s’exerce surtout par rapport aux nombreux frontaliers. Et les données statistiques ont montré que la discrimination liée à l’âge est la plus répandue.
"Tout ce qui est discrimination, on en parle peu", regrette Frédéric Mertz, de l’Institut de formation sociale. Pour illustrer ses propos, il cite l’exemple de certaines directives qui n’ont pas encore été transposées et le vote d’une loi créant un centre de l’égalité de traitement qui attend toujours d'être mis en place.
Le séminaire à montré que le Luxembourg se caractérise par un éclatement des associations de la société civile. Les ONG luxembourgeoises n’ont pas l’habitude de travailler en réseau. D’où le besoin pour ces organisations de se concerter et de réaliser des synergies. "Il ne faut surtout pas oublier que la discrimination est un phénomène transversal et que certaines personnes cumulent plusieurs motifs de discrimination. Les organisations qui ont participé au séminaire n’ont pas vu qu’il peut exister des intersections entre la raison sociale ou les objectifs de chacune d’elles", a analysé Frédéric Mertz.
Autre conclusion qui a été tirée: Les ONG doivent faire entendre davantage leur voix et s’imposer par rapport aux politiques.
Au cours de l’évaluation, qui a eu lieu à la fin du séminaire, la plupart des participants se sont dits très satisfait. "Je suis satisfait car on a identifié les problèmes qui existent et j’ai acquis des outils pour mieux aborder la problématique", a estimé un participant, tandis que d’autres se sont exprimés en faveur d’un suivi : "Tout reste à construire. Il ne faut surtout pas que cela s’arrête aujourd’hui".