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Culture
Une conférence de Vlad Alexandrescu sur le destin européen de la Roumanie
12-12-2007


Vlad Alexandrescu, ambassadeur de la Roumanie au Luxembourg, mais aussi professeur à l’Université de Bucarest, a présenté le 12 décembre 2007 dans le cadre du Forum Europe, un cycle de conférences organisé dans le cadre du master en Histoire européenne contemporaine, un exposé sur le "destin européen de la Roumanie" entre le 15e et le 18e siècle.

Vlad Alexandrescu situe son propos dans le cadre d’un effort qui consiste "à repenser l’histoire roumaine en fonction de catégories européennes. Et ce cadre est d’abord fourni selon Alexandrescu par la liberté rendue aux citoyens européens "de développer leurs valeurs, telles que leurs ancêtres les avaient vécues et cultivées dans leur histoire."

D’où son regard en arrière vers ce 15e siècle, où la Roumanie actuelle est régie par des principautés, parmi elles la Moldavie et la Valachie qui émergent par leur importance relative. Ce sont ces principautés qui négocient au sortir du Moyen Âge, après la prise en 1453 de Constantinople par les Ottomans, "leur place à l’intérieur d’une Europe encore naissante" par leur action politique et militaire. Dans le contexte de l’expansion de l’Empire ottoman, la Moldavie devient alors un « bastion de la chrétienté». Le prince moldave Etienne le Grand s’oppose aux Ottomans, leur livre bataille et les vainc en 1475. Au lendemain de cette victoire, Etienne le Grand s’adresse aux princes chrétiens de l’Europe par une lettre dans laquelle il qualifie son pays de "porte de tous les chrétiens" et "bastion de la Hongrie et de la Pologne." La Roumanie, pays frontière, comme de nouveau depuis 2007, quand elle a accédé à l’Union européenne ? Vlad Alexandrescu pose en tout cas la question

Les Etats qui se mettent en place sur le territoire de l’actuelle Roumanie sont des Etats théocratiques, qui sont très créateurs en matière d’architecture et d’ordonnancement sacral de l’espace urbain civil. Néanmoins, le 17e siècle voit des réformes du système juridique qui annoncent "cet homme européen de l’équilibre et de la mesure et cette culture du droit" à la fois héritière de Rome et signe de modernité. En même temps, les Ecritures saintes sont systématiquement traduites, ce qui fait que la langue roumaine se découvre elle-même « en se mesurant aux textes sacrés ». Mieux : elle entre dans les chancelleries princières, dans les écoles et dans la législation.

Le 18e siècle est le siècle de l’humanisme civique. L’Ecole transylvaine explore l’héritage de Rome et consacre la richesse de la langue roumaine. L’architecture innove sous l’impulsion de maîtres italiens. La philosophie orthodoxe essaie de rompre avec une sorte de retour aux sources avec le néo-aristotélisme commun de l’époque. En même temps, les principautés roumaines deviennent une plaque tournante entre les orthodoxies grecque et russe.

Il n’en reste pas moins que par la théocratie, les relations difficiles entre orthodoxes et chrétiens de l’Occident, les distances, le modèle de développement des principautés qui constitueront la Roumanie diffère de celui de l’Europe occidentale qui donne le ton pendant la période considérée. La Roumanie a "son aventure propre".