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Politique étrangère et de défense
Jean Asselborn s’exprime dans les colonnes du Tageblatt sur la question du Kosovo:
"Dire aujourd’hui que nous ne signerons pas l’accord avec la Serbie serait une grande erreur politique"
11-01-2008


Dans une interview donnée le 10 janvier 2008 au Tageblatt, le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn a réitéré son point de vue relatif à la question du Kosovo. Suite à une visite du ministre chez son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, la presse allemande avait reproché à Jean Asselborn de vouloir signer à tout prix l’accord de stabilisation et d’association avec la Serbie. Cette décision et celle d’envoyer une mission civile au Kosovo pour y mettre en place un Etat de droit, devrait être prise lors d’une réunion du Conseil le 28 janvier 2008.

"Dire aujourd’hui que nous ne signerons pas l’accord avec la Serbie serait une grande erreur politique"

Jean Asselborn a estimé que la stabilisation de la région balkanique ne peut se faire sans la participation de la Serbie, et cela surtout en vue des élections législatives serbes du 21 janvier 2008 : "Si nous ne sommes pas à même de faire une proposition à la Serbie, les nationalistes pourraient même gagner les élections". Selon le ministre, les médias allemands ont distordu ses propos. "Je n’ai jamais dit que je suis de manière inconditionnelle en faveur d’une signature de cet accord avec la Serbie", a-t-il affirmé. "J’ai seulement marqué ma volonté à m’engager pour que nous puissions signer le 28 janvier."

Jean Asselborn a estimé qu’il est nécessaire de maintenir la pression sur la Serbie pour assurer la coopération entre l’Union européenne et ce pays. Pour cela, "dire à l’heure actuelle que nous ne signerons pas serait une grande erreur politique", dit Jean Asselborn. En outre, l’Europe entière souhaite que la Serbie se dote d’une direction politique orientée vers l’Ouest et vers l’Europe. "Nous, Européens, devons laisser nos portes grandes ouvertes", souligne le ministre. "Mais, comme pour la Croatie, les conditions de coopération doivent être optimales", en faisant allusion à l’indispensable coopération avec le Tribunal pénal international.

Quelles seront les conséquences pour la Serbie en cas de non-signature d’un accord d’association et de stabilisation ? Pour le chef de la diplomatie luxembourgeoise une non-signature ne représente pas de catastrophe ni pour la Serbie, ni pour l’Union européenne.

Pour Jean Asselborn, le problème central réside dans la question suivante : Quel signe va-t-on envoyer aux Serbes et à la population de ce pays ? "Est-ce qu’on veut accorder une chance au peuple serbe et concrétiser ce que nous avons décidé en 2003 à Thessalonique, à savoir de leur garantir un avenir au sein de l’Union européenne ?", s’interroge-t-il dans l’interview. Dans ce contexte Jean Asselborn a tenu à préciser que la communauté internationale ne prévoit, de toute façon, pas une indépendance totale, mais une indépendance sous surveillance internationale.

Asselborn et la position des Russes

Pour Jean Asselborn, les Russes se contentent du statu quo : "Les Russes disent : Le statu quo est comme il est, et les Européens doivent poursuivre leurs négociations jusqu’à ce qu’ils trouvent une solution au problème. En sachant que cela peut durer plus de 10 ans".

Pour Asselborn, cette position n’est pas tenable. Il a souligné que "nous, en tant que représentants de l’UE et qui disons aux gens que l’UE mène une politique étrangère commune avons une responsabilité européenne au Kosovo". Jean Asselborn a toutefois déclaré qu’il comprend la position russe : "Les Serbes ont du mal à franchir ce pas avec le Kosovo", admet-il dans l’interview."Pourtant, si nous ne faisons pas ce pas avec le Kosovo, alors nous serons confrontés à un nouveau conflit dans les Balkans, qui est déjà connue pour son explosivité historique".