Le mercredi 23 janvier 2008, le ministre des Affaires étrangères et de l'Immigration, Jean Asselborn, a rencontré des élèves âgés entre 16 et 17 ans d’une classe de 6e du Lycée de l’Ecole européenne pour débattre avec eux les grands sujets de la politique internationale. Les élèves, qui étaient accompagnés par leur professeur d’histoire et de géographie, Madame Hénoke Courte Wolde Medhin, avaient soigneusement préparé leurs questions, qui tournaient principalement autour de la coopération, des relations Nord-Sud et de la solidarité internationale.
Certaines questions furent l’occasion pour le ministre d’évoquer des sujets européens. Un élève demanda par exemple quelles responsabilités l’Europe et le Luxembourg avaient envers des pays et régions en situation de crise tels que l’Afghanistan, le Kosovo ou encore la Palestine.
"Je citerai ici mon collègue français Bernard Kouchner", a expliqué Jean Asselborn. "Kouchner a dit que l’Europe a un devoir d’ingérence. Je suis tout à fait d’accord avec lui", dit le ministre. C’est par l’instrument de la coopération renforcée que l’Union européenne et les Etats membres peuvent intervenir. En ce qui concerne les conflits en Palestine et au Kosovo, le ministre des Affaires étrangères et de l’Immigration a estimé que l’Union européenne doit assumer le rôle de "global player" et tout faire pour trouver des solutions aux conflits. Ceci est, selon Asselborn, particulièrement important pour la crise entre Israël et la Palestine : "Si l’humanité n’arrive pas à résoudre ce conflit, il n’y aura jamais de paix sur terre", a-t-il affirmé.
Pourtant, Asselborn a souligné également que les grands conflits de la terre ne peuvent être résolus sans une coopération étroite et renforcée entre les Etats-Unis et l’Europe. Rétablir cette coopération après la guerre en Irak est, selon le ministre, une tâche difficile. Dans ce contexte, il s’est déclaré déçu que, lors du Sommet Annapolis sur le futur du Moyen-Orient, le président des Etats-Unis n’ait pas mentionné l’Union européenne en tant que telle.
Un autre lycéen leva la question des moyens que les pays riches se sont donnés pour le développement des pays du tiers monde. Ce fut alors pour le ministre l’occasion de parler de la coopération et des efforts que l’Union européenne, et le Luxembourg plus précisément, font dans ce domaine.
En 2005, la Présidence luxembourgeoise de l’Union européenne s’était fortement engagée pour que chaque Etat membre de l’Union européenne consacre 0,5 % de son PIB à la coopération jusqu’en 2010 et augmentera cette part à 0,70 % jusqu’en 2015. "Le Luxembourg consacre déjà aujourd’hui 0,9 % de son PIB à la coopération", a-t-il pu dire aux lycéens.
Le ministre est pourtant conscient que les nouveaux Etats membres de l’Union européenne ne sont pas encore à même de faire cet effort. "On ne peut pas mettre les pays de l’Europe de l’Est sous pression, car si on les oblige de consacrer une telle somme à la coopération, ils seraient obligés de s’endetter. Ils faut plutôt les inciter politiquement", a-t-il expliqué. Son idée est celle d’un "plafond solidaire européen" : chaque pays contribuerait selon ses capacités propres. A la question "comment inciter les autres pays du monde pour en faire autant ?", Jean Asselborn a évoqué l’idée d’un organisme international, qui contraindrait les Etats à investir dans la coopération.
Lorsqu’un élève aborda la question de la place des pays du tiers monde dans la mondialisation, le ministre a avoué que l’Union européenne devra davantage ouvrir son marché aux pays en voie de développement. "Il faut que l’échange des produits et des services soit beaucoup plus ouvert qu’il ne l’est pour l’instant" a souligné Jean Asselborn.