Le député européen Robert Goebbels vient, dans un article publié dans le Tageblatt du 22 janvier 2008, sous le titre "Das Ende der Grünäugigkeit", de lancer une attaque en règle contre la politique européenne par rapport au changement climatique. Dans la mire de Goebbels : le marché des certificats d’émissions de CO2.
Robert Goebbels part de l’exemple d’ArcelorMittal qui est prêt à réactiver un haut-fourneau à Liège à condition que l’Etat belge lui attribue gratuitement les certificats d’émission, afin que cette réactivation soit financièrement rentable, faute de quoi l’acier nécessaire sera importé de pays qui ne sont pas liés par les protocoles de Kyoto. Robert Goebbels est d’avis que "cet épisode local de la politique environnementale globale illustre l’impasse dans laquelle la politique européenne par rapport au changement climatique s’est manœuvrée."
"Si l’Union européenne se crispe dans son rôle d’avant-garde dans la lutte contre le réchauffement climatique, l’industrie lourde européenne n’investira plus que dans des Etats tiers", opine le député européen. L’Europe pourra alors tenir le beau rôle face au reste du monde, "mais le problème est que même si l’Union européenne réduit sa part d’émissions de gaz de serre de 15 à 14 % des émissions globales, ces émissions globales n’en seront pas réduites pour autant, puisque l’on continuera à avoir besoin d’acier, de verre et de béton en Europe." D’où la question de Robert Goebbels : "Même si l’Union européenne arrivait à convaincre le reste du monde de respecter Kyoto, l’on peut légitimement se poser la question pourquoi la Commission veut d’ores et déjà imposer des normes qui ne se trouvent pas dans le protocole de Kyoto."
Le député européen s’en prend ensuite à l’intention de la Commission d’aller progressivement du système d’attributions de quotas et donc de certificats d’émission par Etat membre vers une vente aux enchères de ces certificats indépendamment de l’Etat membre. Ce système conduira immanquablement à une hausse des prix pour les consommateurs, que ce soit les citoyens ou les entreprises. "Pour rester compétitifs, les industriels européens n’auront pas d’autre choix que de faire des économies sur les frais de personnel et de se délocaliser dans les pays à bas salaires. C’est pourquoi il faut en finir au plus vite avec cette absurdité que constitue le marché des certificats d’émission de CO2."
Pour sortir de ce que lui entend comme une impasse, Robert Goebbels propose l’introduction d’une taxe-carbone raisonnable sur toutes les marchandises et prestations en fonction de leur émission de CO2. Cette taxe frapperait aussi de façon non-discriminatoire tous les produits et prestations importés en Union européenne.