Dans un article publié au Wort, le ministre de l’Enseignement supérieur et du Travail, François Biltgen a livré sa vision sur le Processus de Bologne, qui fêtera ses dix ans d’existence en 2009.
Engagé en 1999, le Processus de Bologne vise la création d’un Espace européen de l’enseignement supérieur.
Pour le ministre de l’Enseignement supérieur, cinq "vérités" ou concepts découlent de la mise en œuvre du Processus de Bologne :
Deux constats "lourds de conséquences" découlent selon François Biltgen du nouveau système.
1. C’est le diplôme lui-même qui importe, et plus les années étudiées.
2. La nouvelle notion des diplômes met en avant le travail de l’étudiant. L’étudiant doit acquérir le savoir par son propre effort, et non plus retranscrire les cours professoraux.
Pour le ministre, le rôle principal des universités n’est donc pas de transmettre du savoir, mais du savoir-faire. A ses yeux, elles doivent fournir aux étudiants des compétences transversales, à savoir :
Les formations universitaires devraient permettre d’accéder à un emploi, mais ne constituent plus une formation professionnelle en soi.
Un des objectifs du processus de Bologne a été de favoriser la mobilité des étudiants, des chercheurs et des enseignants, qui doit mener "du cloisonnement national à la transparence internationale". Pour François Biltgen, la mobilité n’est pourtant pas "une fin en soi". Outre la possibilité de bénéficier d’autres enseignements, la mobilité permet aux universitaires à entrer en contact avec d’autres cultures, ce qui favorise aux yeux du ministre le façonnement "d’une véritable mentalité européenne".
La reconnaissance des diplômes par les employeurs est un facteur clé. François Biltgen a souhaité par exemple que le bachelor soit reconnu comme étant le premier diplôme d’un cycle universitaire complet et non comme un pré-diplôme au master.
"Au Luxembourg, l’attitude de la fonction publique sera déterminante à cet égard", a avancé le ministre. Il a expliqué que le gouvernement luxembourgeois était en train d’examiner dans quelle mesure et pour quelles fonctions la carrière supérieure pourrait désormais être ouverte à des détenteurs d’un bachelor.
François Biltgen a également relevé l’importance que revêt la formation tout au long de la vie. "L’apprentissage tout au long de la vie sera déterminant à l’avenir", a-t-il souligné. Il en a tiré deux conséquences : Au lieu d’une formation universitaire linéaire depuis le bachelor jusqu’au doctorat, le ministre a proposé d’alterner périodes d’études et périodes de travail.
La deuxième conséquence de la nécessité d’une formation tout au long de la vie est selon le ministre la nécessité de permettre des transitions entre les différents degrés d’enseignement.
Dans la société industrielle, où le monde du travail était construit de façon pyramidale avec une grande majorité de travailleurs non qualifiés en bas et une très petite élite en haut, "élite rimait avec universitaire", a expliqué Biltgen. Aujourd’hui, la majorité des emplois demandent un niveau d’enseignement supérieur. Mais la simple détention d’un diplôme ne permet plus aux jeunes d’accéder à un salaire substantiel dès le premier emploi. 55 % des emplois récemment crées au Luxembourg réclamaient une formation supérieure. Pourtant, au Luxembourg, uniquement 25 % des jeunes accèdent aujourd’hui à un niveau de formation supérieure, tandis que 50 % des nouveaux immigrés sont bien qualifiés. Un élément que Biltgen juge "explosif pour notre pays et sa cohésion sociale".