Mobiliser des investissements privés en faveur de projets dans les domaines de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables dans les pays et régions émergents: tel est l’objectif du Fonds mondial pour la promotion de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables (Geeref) de l’Union européenne, qui a été inauguré le 14 mars 2008 à la Chambre de Commerce du Luxembourg par Richard Weber, directeur général adjoint à la Commission européenne, EuropeAid, le député européen Claude Turmes et Jobst Neuss, responsable de la coordination de Geeref au sein du Fonds d’investissement européen.
"L’instrument Geeref s’inscrit dans l’approche globale de la Commission contre le changement climatique", a expliqué Richard Weber, en louant l’attitude "extrêmement ambitieuse" du paquet "climat/énergie" de la Commission européenne.
Selon Richard Weber, les pays industrialisés sont les grands responsables du changement climatique. Aux yeux du haut fonctionnaire européen, l’Union européenne devra donc mener son combat contre le réchauffement planétaire à l’échelle mondiale. Dans ce contexte, le Geeref est un des instruments que la Commission européenne met en œuvre pour promouvoir les énergies alternatives. Le nouveau Fonds mettra plus spécifiquement l’accent sur les régions en développement, telles que l’Afrique sub-saharienne, l’Amérique latine ou encore l’Asie, afin de leur permettre d’investir dans les énergies renouvelables et d’acquérir une certaine indépendance énergétique.
En effet, la participation des investisseurs du secteur privé dans des projets d’énergies renouvelables dans un pays en voie de développement se heurte bien souvent au problème de trouver le capital-risque nécessaire. Pour Richard Weber, ceci est dû à deux raisons : Tout d’abord, la réticence des investisseurs s’explique par un coût d’investissement initial très élevé. Par ailleurs, les délais de remboursement sont plus longs et plus risqués dans ces pays. Le deuxième facteur est lié à la taille réduite des projets, qui sont très souvent d’une ampleur de 10-15 millions d’euros.
Le Geeref est un "fond de fonds". Il vise un partenariat public-privé. Sa mission n’est pas d’investir directement dans des projets, mais de stimuler la création et de financer des sous-fonds régionaux, qui permettront de prendre en compte les spécificités d’une région. "L’idée, c’est de participer à travers ces fonds régionaux à la mise au point des instruments qui permettront de générer le capital-risque et d’investir dans des entreprises innovantes", a expliqué Richard Weber.
En collaboration avec ses partenaires, allemands et norvégiens, la Commission européenne envisage de doter le Geeref de 100 millions d’euros pour une première période de cinq ans. Richard Wagner espère cependant qu’un capital-risque supplémentaire d’un ordre de 200 millions pourra être mobilisé. L’Allemagne, leader en matière d’énergies alternatives, et la Norvège, sont en effet les premiers pays qui se sont engagés dans le Geeref. D’autres institutions, comme la Banque européenne d’investissement, y participeront également.
Claude Turmes, député au Parlement européen et rapporteur de la directive pour la promotion des énergies renouvelables, a de son côté abordé deux aspects qui jouent selon lui un rôle important dans la mise en place du Geeref : l’énergie et la place financière du Luxembourg.
Tout d’abord, Claude Turmes a insisté sur la nécessité de mettre fin à la dépendance énergétique des pays du tiers-monde et de leur permettre d’investir dans les énergies renouvelables, en faisant référence au prix exorbitant du pétrole, qui se situe actuellement à 110 dollars pour un barrel. "Ce prix est un défi pour nous, mais pour les pays du tiers-monde, c’est la mort. Les quelques devises que leur apportent les exportations s’évaporent quand il faut régler la facture énergétique", a-t-il insisté.
Plus loin, le député vert a rappelé les bénéfices économiques que suscite l’investissement dans les énergies renouvelables. "Si nous triplons la part des énergies renouvelables, nous pourrions créer environ un million et demi de nouveaux emplois", a-t-il précisé.
Finalement, Claude Turmes a évoqué un sujet qui lui tient particulièrement à cœur : celui des biocarburants. Pour que « le Fonds ne soit identifié à des projets de promotion du biocarburant qui tourneraient mal », il a exigé dans son rapport l’instauration de critères écologiques très stricts.
Ensuite, Claude Turmes s’est penché sur l’importance de la place financière luxembourgeoise pour l’établissement du Geeref. Il a estimé que l’installation du Geeref au Grand-Duché, qui est la plus grande place d’investissement en Europe, permettra de créer une grande visibilité à la nouvelle institution. Par ailleurs, une cinquantaine de fonds éthiques au Luxembourg existent déjà au Luxembourg. Par l'ADA, la microfinance, qui, selon le député vert, est depuis longtemps associée aux énergies renouvelables, est également bien représentée au Luxembourg. Cela permettra, aux yeux de Claude Turmes de réunir tous les acteurs afin d’obtenir une meilleure performance.
Pour conclure la présentation, Jobst Neuss, coordinateur du Geeref, a donné un aperçu sur la structure et la gouvernance du nouveau Fonds. Le Geeref sera gouverné en mode Sicav. Il pourra investir indirectement, à travers les fonds régionaux, ou investir en coopération avec des fonds préexistants. La participation du Geeref à des projets à risque moyen variera de 25 à 50 %, pour les projets à faible risque, la participation pourra s’élever jusqu’à 15 %.
Pour Jobst Neuss, le Geeref est une innovation qui dans cette forme est seulement possible au Luxembourg, à cause de la flexibilité de sa place financière. Selon lui, le concept du public-privé est une nouveauté, qui mène à un changement de l’optique du développement. "Désormais, l’on ne fait plus de cadeaux aux pays du tiers monde", a-t-il expliqué.