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Europaforum
L’Europe questionnée par les élèves du Lycée technique Nic Biever de Dudelange
16-04-2008


José Leiner, Nicolas SchmitJusqu’où iront les frontières de l’Union européenne ? Quels sont  les avantages et les désavantages de l’adhésion de la Turquie à l’UE ? Que peut-on faire pour décrocher un travail en Europe? Quels sont les effets de la mondialisation ? Les questions ne manquaient pas lors du débat, qui a rassemblé, le 16 avril 2008, les députés Marc Spautz (CSV), Charles Goerens (DP), Felix Braz (Greng), le ministre délégué aux affaires étrangères et à l’immigration Nicolas Schmit, la conseillère d’Etat Agnès Rausch et des élèves de 12e du Lycée technique Nic-Biever à Dudelange. Le débat fut animé par le journaliste Frank Goetz de RTL Tele Lëtzebuerg.

Les avantages et les désavantages de l’adhésion de la Turquie à l’UE

Quels sont les avantages et les désavantages d’une adhésion de la Turquie à l’UE ? Les arguments des intervenants, des arguments à la fois historiques, démocratiques ou touchant aux différences culturelles, se sont enchaînés avec une exigence commune : celle de conditionner l’adhésion de la Turquie à certains critères comme par exemple le respect des principes démocratiques, l’égalité entre hommes et femmes ou la résolution de la question chypriote.

Argument démocratique d’abord : en rappelant l’engagement de l’Europe vis-à-vis de la République turque qui remonte à 40 ans, Nicolas Schmit a estimé que l’arrimage de ce pays à l’UE permettrait "de l’ancrer dans les valeurs démocratiques".

Pour le député Charles Goerens, il s’agit de tirer des enseignements de notre histoire et notamment de l’adhésion de l’Allemagne, qui s’est réalisée dans les années 50 dans un contexte européen marqué par une méfiance profonde des autres Européens vis-à vis de la population allemande. Aujourd’hui, avec le recul, force est de constater selon Goerens que l’intégration de l’Allemagne a permis à l’Europe d’aborder son avenir commun avec "une plus grande sécurité de planification".

Félix BrazArguments culturels ensuite : la République turque, pays aux confins de deux continents et de deux civilisations, constitue selon Felix Braz un pont entre les civilisations occidentale et musulmane. Pour Agnès Rausch, c’est en se plongeant dans d’autres cultures que l’on découvre l’altérité. D’où son incitation à voyager et à saisir les opportunités qui s’offrent avec les divers programmes européens.

"C’est seulement après la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique, qu’on a commencé à soulever la question de l’appartenance culturelle et religieuse de la Turquie. Avant, quand la Turquie était un allié fiable dans l’OTAN, personne n’a soulevé la question de sa dimension religieuse ou asiatique", a relevé de son côté Marc Spautz.

Le processus d’élargissement de l’UE

Jusqu’où s’étendra l’UE ? Est-ce que tout Etat qui remplit les critères d’adhésion peut accéder à l’UE? "Non", a rétorqué Nicolas Schmit en illustrant, avec les exemples de Chypre et de l’Ukraine, que le critère géographique est à relativiser. Chypre se trouve au large du Liban, mais l’île est membre de l’Union européenne. L’Ukraine est clairement située sur le continent européen, mais l’adhésion de ce nouveau pays marqué par une autre histoire qui s’entrecroise avec celle de la Russie, "engendrerait un nouveau déséquilibre en Europe". Nicolas Schmit a donc prôné "l’ouverture par rapport aux pays voisins" à travers la politique de voisinage. Même son de cloche chez Agnès Rausch, qui a appelé à ne pas concevoir l’Europe comme "une réalité rigide".

Le Luxembourg et l’intégration des étrangers

Elèves du Lycée technique Nic Biever de DudelangeLe thème de l’ouverture fut également abordé à l’échelon national. Pour Charles Goerens, le Luxembourg, terre d’immigration et de frontaliers où se côtoient différentes cultures et nations, est " un exemple de réussite et d’ouverture". En témoigne selon lui, l’histoire du Luxembourg qui a été jalonnée par trois ouvertures à l’extérieur qui étaient de véritables paris sur l’avenir: la CECA, la Communauté économique européenne, et l’Union économique et monétaire.

La mondialisation et les délocalisations

Autre sujet qui fut abordé: la mondialisation. Partant du constat que les écarts sociaux entre les pays de l’Europe ne cessent de se creuser, Marc Spautz s’est exprimé en faveur de l’instauration de standards sociaux minimaux en Europe. Le meilleur moyen pour lutter à la fois contre le dumping social et pour garantir la cohésion économique et sociale.

La question des diplômes

Interrogés sur les possibilités de débouchés qui existent sur le marché du travail luxembourgeois, les intervenants ont établi un diagnostic commun. A savoir un taux de chômage élevé des jeunes qui résulte d’une inadéquation entre les qualifications requises et les besoins sur le terrain. La recette commune des intervenants ? Plus de flexibilité et une éducation qui se poursuit tout au long de la vie.