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Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination
La discrimination des femmes sur le marché du travail au centre d’une conférence organisée par le ministère de l’Egalité des chances
A l’échelle européenne marquée par un écart de salaire entre les hommes et les femmes entre 3 et 25 %, le Luxembourg occupe une très moyenne 13e place.
10-06-2008


Marie-Josée JacobsAu Luxembourg, l’écart de salaire horaire moyen entre hommes et femmes est de 14 %. Ce résultat de l’étude "Egalité hommes-femmes, mythe ou réalité ?" réalisée par le Ceps/ Instead  met en lumière un phénomène que l’on observe à des degrés divers dans tous les Etats membres de l’UE : la discrimination des femmes sur le marché du travail. C’est notamment pour sensibiliser le public à ce phénomène complexe, que le Ministère de l’Egalité des chances a organisé le 9 juin 2008 une conférence à la Chambre de commerce sur l’égalité salariale entre hommes et femmes.

Au Luxembourg, l’emploi féminin évolue. Pourtant, ces dernières années, l’écart de salaire horaire n’a diminué que de 1 %. "Si on continue à ce rythme, le Luxembourg aura besoin de 140  ans pour réaliser l’égalité entre les hommes et les femmes", s’est indignée d’emblée Marie-Josée Jacobs, ministre de l’Egalité des chances. A l’échelle européenne marquée par un écart de salaire horaire moyen brut entre les hommes et les femmes qui varie entre 3 et 25 %, le Luxembourg occupe une très moyenne 13e place.

L’égalité entre hommes et femmes est ancrée dans la législation mais n’est pas respectée

Le constat qui fut dressé lors de la conférence par les auorités nationales et la Commission européenne fut unanime : L’égalité entre hommes et femmes est ancrée dans la législation mais n’est pas respectée sur le terrain. "C’est le traité de Rome qui a inscrit ce principe avec comme objectif de faire cesser la concurrence économique", a rappelé Marie-Josée Jacobs dans son allocution d’ouverture. Elle a également cité les lignes directrices de l’emploi pour l’Union européenne qui ont été édictées dans le cadre de la stratégie de Lisbonne. Elles invitent les Etats membres à mener "une action d’emploi déterminée en vue de réduire les inégalités entre les hommes et les femmes en matière d’emploi, de chômage et de rémunération".

AfficheA cela s’ajoutent également les nombreuses législations spécifiques qui ont été lancées à l’échelon national par les Etats membres. L’introduction en 1999 d’une législation qui demande aux entreprises d’ancrer l’égalité entre les hommes et les femmes en Suède, l’obligation au Danemark de respecter un quota de 40 % minimum de femmes dans les conseils d’administrations des entreprises publiques, des entreprises cotées en bourses et des entreprieses intercommunales et l’obligation pour les entreprises en France d’assurer une égalité de rémunération entre les hommes et les femmes, sont autant d’exemples qui ont été invoqués par la ministre de l’Egalité des chances pour montrer que les législations n’ont pas encore permis d’éradiquer complètement "la discrimination qui reste un problème très complexe".

Lors de la conférence, des méthodes et des outils pour favoriser l’égalité des salaires ont été présentés, tels que l’instrument d’analyse suisse LOGIB, un instrument qui utilise des méthodes économico-statistiques, et les "Actions Positives" du Ministère de l’Egalité des chances luxembourgeois. La méthode LOGIB applique des analyses de régression aux entreprises pour évaluer les discriminations dans l’économie. L’analyse permet d’évaluer quel part du différentiel de salaire peut s’expliquer par des facteurs explicatifs objectifs tels que l’âge des travailleurs, l’expérience professionnelle, la fonction ou encore les compétences exigées pour le poste de travail. Depuis 2006, neuf contrôles ont été effectués sur des entreprises dont une seule entreprise a présenté un taux supérieur à la moyenne tolérée.

Fay Devonic : La Commission européenne s’emploie à combler l’écart de rémunération entre hommes et femmes

PublicVladimir Špidla, le Commissaire chargé de l’emploi, des affaires sociales et de l’égalité des chances s’était fait remplacer par Fay Devonic, chef d’Unité de l’Egalité des chances. Comme la ministre de l’Egalité des chances, Fay Devonic a constaté que, malgré les nombreux programmes d’actions, les initiatives et un taux de réussite scolaire des femmes qui est largement plus élevé que celui des hommes, " les inégalités entre les hommes et les femmes persistent ". C’est la preuve pour Fay Devonic que "notre société investit beaucoup dans l’éducation des femmes mais une fois leurs études terminées, on ne leur donne pas les moyens pour épanouir leurs potentialités ".

Pour lutter contre ce phénomène Devonic a proposé de travailler le cadre juridique au niveau national et communautaire, d’améliorer la communication afin de mieux sensibiliser le public, de mieux former les avocats et les juges qui sont chargés des dossier ayant trait à l’égalité entre les hommes et les femmes et d’éliminer les discriminations indirectes, plus difficiles a identifier.

Vu que l’écart entre les salaires représente souvent "le thermomètre de l’égalité entre les sexes", la Commission européenne a adopté une communication dont l’objectif est d’expliquer à la fois les causes de la discrimination et de dégager des pistes d’actions possibles. Selon Devonic, cette analyse a permis d’identifier que le principal obstacle à l’égalité des chances réside toujours dans "la mauvaise compréhension du phénomène".

La Commission s’emploie actuellement à réviser le cadre législatif existant. Même si l’échange de bonnes pratiques entre les Etats-membres s’impose, la chef d’Unité de l’Egalité des chances a estimé dans ce contexte "qu’il n’existe pas de réponse unique qui soit applicable à tous les Etats membres" dans une Europe marquée par des cultures nationales très différentes.