Au cours d’une conférence de presse, le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, a commenté les dernières réunions de l’Eurogroupe et du Conseil des ministres européens des Finances (ECOFIN), qui se sont déroulées respectivement le 2 et 3 juin 2008, l’un à Francfort, l’autre à Luxembourg. Au centre des deux réunions figuraient notamment la flambée inquiétante des prix de pétrole et des biens alimentaires, l’assainissement des politiques budgétaires et la bonne performance économique de la zone euro.
Pour la Slovaquie, le Conseil du 3 juin s’est terminé par une bonne nouvelle : les ministres des Finances lui ont donné le feu vert pour l’adoption de l’euro pour le 1er janvier 2009. Un avis sera adressé au Conseil européen du 19 et 20 juin 2008, et la décision formelle sera prise par les ministres des Finances le 7 et 8 juillet. La Slovaquie deviendra ainsi, en tant que premier pays de l'ex-bloc soviétique, le 16e membre de la zone euro. "Nous avons cependant averti la Slovaquie que l’adhésion à l’Eurogroupe demandera de grands efforts en matière de lutte contre l’excès déficitaire et l’inflation", a indiqué Jean-Claude Juncker.
La flambée des prix de pétrole et des biens alimentaires, qui figuraient également à l’ordre du jour de l’Eurogroupe et du Conseil des ministres, reste une évolution très inquiétante pour Jean-Claude Juncker, car elle touche une grande partie de la population européenne. "Il est illusoire de croire que le prix du pétrole atteindra encore une fois le niveau de 2004", a-t-il déclaré, tout en dressant le même constat pour la hausse des prix alimentaires. "Le prix des biens alimentaires sont susceptibles de redescendre légèrement au cours des prochains mois, mais ils s’établiront à un niveau très élevé", a souligné le Premier ministre.
Puisque les spéculations à la bourse sont en partie responsables de la hausse des prix, les ministres des Finances ont selon Juncker décidé de réfléchir à des actions politiques qui pourraient être mises en place pour protéger les plus démunis. Une des possibilités envisageables serait selon le Premier ministre la taxation des compagnies pétrolières, qui "font des bénéfices exorbitants", ou encore des allégements ponctuels pour les plus démunis. Une proposition française de plafonner la TVA sur les carburants avait été rejetée par les ministres des Finances de la zone euro le 2 juin. La hausse inquiétante des prix est, à l’initiative de Juncker, une des priorités du prochain Conseil européen (19 et 20 juin 2008).
Au cours de la réunion de l’Eurogroupe du 2 juin, qui s’était exceptionnellement déroulée à Francfort à l’occasion du 10e anniversaire de la Banque centrale européenne (BCE), les ministres des Finances de la zone euro ont examiné un rapport du Fonds monétaire international (FMI), qui révise à la hausse ses prévisions de croissance économique de la zone euro à 1,75 % pour 2008 et à 1,25 % pour 2009 (contre 1,4 % en 2008 et 1,25 % en 2009). "Cela nous confirme que la zone euro est plus résistante aux chocs économiques externes que le FMI l’a longtemps estimé", a dit Jean-Claude Juncker. Quant à la baisse du taux d’inflation dans la zone euro, les pronostics du FMI (qui prévoit une réduction à 2 % pour fin 2009) sont cependant trop optimistes aux yeux de l’Eurogroupe.
Jean-Claude Juncker a enfin commenté l’analyse des situations budgétaires des Etats membres de la zone euro. "Nous sommes arrivés à la même conclusion qu’en mai 2008, c'est-à-dire que les objectifs à moyen terme, fixés pour 2010, doivent être atteints". Seuls deux pays ne réussiront pas à équilibrer leur budget, à savoir l’Italie et la France. "L’Italie devrait y parvenir en 2011. En ce qui concerne la France, elle devra faire des assainissements structurels de son budget à raison de 0,5 % par an jusqu’en 2020. Pour tous les autres pays, 2010 reste la date d’échéance", a indiqué le Premier ministre. Les ministres des Finances ont enfin abrogé lors du Conseil les procédures pour déficits excessifs contre le Portugal, la République tchèque, l’Italie et la Slovaquie. Aucun Etat membre de la zone euro n’est donc en situation de déficit excessif. "La révision du pacte de stabilité porte ainsi ses fruits", a conclu Jean-Claude Juncker.