Mieux coordonner les actions des services de police et de justice des trois pays du Benelux et de la France en cas d’enlèvement d’un enfant, identifier les problèmes éventuels de la coopération policière, évaluer les obstacles linguistiques ou autres qui pourraient entraver la bonne diffusion d’un message d’alerte et l’échange d’informations. Tels étaient les objectifs d’un exercice commun dont la France avait pris l’initiative et auquel le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas ont activement participé le jeudi 12 juin 2008. L'Espagne, l'Allemagne, la République tchèque et la Suède ont participé en tant que pays observateurs. Le plan a été déclenché par le procureur de la République de Lille après l'enlèvement fictif d’une petite fille luxembourgeoise en vacances dans le nord de la France.
Le scénario relaté par Simone Flammang du Parquet de Luxembourg: A la gare de Tourcoing, au Nord de Lille, une petite fille de nationalité luxembourgeoise, Victoria, a échappé à la surveillance de son oncle. Un témoin a vu un homme forcer la fillette qui s’est dirigée vers la Belgique. Il a alerté la police. La police française met en route son dispositif en cas d’enfant disparu et alerte la police belge qui met en route son dispositif d’alerte propre. A 13h27, la police luxembourgeoise est prévenue. Pour pouvoir diffuser identité et photo de la fillette, il faut un accord parental. La police luxembourgeoise vérifie toutes les informations, inclut le Bureau commun de la coopération judiciaire situé à Luxembourg dans le plan d’action. L’accord parental est donné très rapidement. Peu de temps après, un autre témoin aperçoit en Belgique la petite fille avec son ravisseur dans un zoo. Il constate que le ravisseur la fait monter dans une voiture immatriculée aux Pays-Bas, alerte la police belge qui contacte la police néerlandaise. Celle-ci arrive grâce à ces données à identifier le suspect qui est parallèlement localisé en Belgique, où la police libère la petite fille.
A l’issue de l’exercice, qui sera encore l’objet d’un débriefing approfondi dans les prochaines semaines, le ministre luxembourgeois de la Justice, Luc Frieden, a commenté l’évènement. Il a mis en exergue la loi du 18 mai 2007 concernant la disparition des personnes qui donne une plus grande marge au Parquet pour intervenir en cas de disparition de personnes, dans la mesure où il faut qu’il y ait infraction pour que la justice ait le droit d’intervenir.
L’exercice, qui a été selon les responsables de la police et de la justice un succès, est pour Frieden "une initiative qui concerne à la fois les enfants et l’Europe". La lutte contre la criminalité ne peut pas être couronnée de succès si elle ne se fait que dans un seul pays, mais seulement si elle s’effectue au niveau européen. D’où ce genre d’exercice qui concerne plusieurs pays dont le ministre a néanmoins souhaité que "ce ne soient jamais que des exercices", tout en concédant que la mobilité des personnes augmentait la probabilité de telles actions transfrontalières dans le réel. "L’Europe ne se fait pas seulement dans les Conseils, mais elle doit aussi représenter une plus-value réelle pour le citoyen", a déclaré le ministre.