Laurent Mosar (CSV), président de la délégation luxembourgeois à la Conférence des Organes Spécialisés dans les Affaires Communautaires et Européennes des Parlements de l'Union européenne (COSAC) et Ben Fayot (LSAP), président de la Commission des Affaires étrangères et européennes de la Chambre, ont informé le 8 juillet 2008 sur la réunion des présidents des délégations auprès de la COSAC qui s’est déroulée à Paris. A l’ordre du jour de la réunion figuraient les priorités de la Présidence française de l’Union européenne et le projet d’une Union pour la Méditerranée. L’aléa de l’actualité européenne, surtout marqué par le rejet du traité de Lisbonne en Irlande, a fait qu’un autre sujet s’est glissé dans l’agenda des présidents des délégations auprès de la COSAC : le processus de ratification du traité de Lisbonne.
Quelles ont été les raisons principales qui ont poussé les Irlandais à rejeter le traité de Lisbonne ? Quels enseignements faut-il tirer de ce rejet ? Les présidents des délégations auprès de la COSAC ont mis en exergue six points qui méritent, comme l’a souligné Laurent Mosar, "d’être creusés et analysés".
Le premier enseignement qui a été tiré du Non irlandais est "qu’il ne s’agit pas d’un problème irlandais mais plutôt d’un problème européen". La preuve pour les présidents des délégations auprès de la COSAC ? C’est que dans un contexte international marqué par l’euroscepticisme, le rejet aurait pu se produire dans n’importe quel autre pays européen.
Selon les délégations de la COSAC, le déroulement de la campagne référendaire en Irlande, qui s’est surtout caractérisé par la bonne organisation financière du camp du Non, a mis en lumière une des grandes faiblesses de l’Union européenne : "sa difficulté à se ‘vendre’". En témoigne selon Laurent Mosar, une récente étude sur le rejet irlandais qui montre que "20 % des Irlandais ont voté contre le traité de Lisbonne parce qu’ils n’étaient pas informés sur le contenu du traité". A cela s’ajoute que la difficulté à se ‘vendre’ n’existe pas du côté des adversaires au projet européen. Le succès d’un slogan comme "If you don’t no, say no!" qui a été brandi par les adversaires au traité de Lisbonne en Irlande et qui "a trouvé un grand écho parmi la population", devrait selon Laurent Mosar pousser les gouvernements "à réviser leur stratégie de communication". Surtout au niveau national, où les discours hypocrites de certains responsables politiques dominent et imputent "les succès au gouvernement national et les échecs à Bruxelles".
Les délégations de la COSAC ont surtout critiqué que les Parlements nationaux ne recherchent pas assez le dialogue avec les citoyens. D’où la suggestion qui a été faite par la Présidence française d’organiser un débat avec les citoyens. Un dialogue, qui devrait selon les souhaits des présidents des délégations auprès de la COSAC, aller de pair avec "des projets concrets et visibles".
Enfin, les présidents des délégations de la COSAC étaient d’avis qu’une révision du rôle de la Banque Centrale européenne s’impose. Certaines délégations estiment que celui-ci ne devrait se cantonner à la lutte contre l’inflation mais inclure également d’autres priorités.
Laurent Mosar a brièvement passé en revue les priorités de la Présidence française de l’Union européenne avant de se focaliser sur un autre sujet qui fut également à l’ordre du jour du COSAC : le projet d’Union méditerranéenne.
D’après Laurent Mosar, tous les pays méditerranéens, à l’exception de la Lybie, seront présents à la conférence du 13 juillet 2008, date où le projet sera dévoilé par la Présidence française. Six projets concrets qui seront réalisés dans le cadre de cette Union méditerranéenne seront présentés à Paris : un projet de construction d’une autoroute, un projet dans le domaine de l’énergie solaire, un projet de dépollution de la Méditerranéenne, un projet de protection civile, un projet de coopération universitaire, ainsi qu’un projet de soutien aux PME dans la région méditerranéenne.
Selon Laurent Mosar, trois pays ont déjà manifesté leur intérêt à héberger le siège de la future Union, à savoir Malte, la Tunisie, et le Maroc. "Mais puisque la décision relative au siège ne sera pas prise le 13 juillet, mais en novembre, il faut s’attendre à ce que d’autres pays signalent encore leur intérêt dans les mois à venir", a tenu à préciser le député chrétien-social.
Pour Ben Fayot, député socialiste et vice- président de la Commission aux Affaires étrangères de la Chambre des députés, il est important que les Parlements nationaux insistent, au sein de la COSAC, sur la nécessité de poursuivre rapidement le processus de ratification du traité de Lisbonne. "Nous ne pourrons pas gérer une Union européenne de 27 et plus sous les circonstances actuelles", a-t-il renchéri.
Autre nécessité qui s’impose aux yeux de Fayot : le Parlement luxembourgeois devra davantage engager des débats sur l’Europe à l’extérieur des seules réunions de la Commission aux Affaires étrangères, que ce soit dans des débats publics, ou à travers des émissions sur "Chamber TV". D’après le député socialiste, la Chambre des députés a toutefois déjà traversé une évolution positive au cours des dernières années, et se comprend aujourd’hui davantage comme un "forum ouvert aux citoyens".
Afin de dissiper la méfiance des citoyens vis-à-vis de l’Europe, il faut, aux yeux de Ben Fayot, leur expliquer que "l’Union européenne est un moyen pour maîtriser des problèmes auxquels sont confrontés tous les Etats membres", des problèmes (comme par exemple l’immigration) qui sont engendrés par le "monde moderne". "Si nous ne combattons pas ces problèmes ensemble, nous ne réussirons pas à les résoudre", a-t-il conclu.