Les Européens pensent que la discrimination basée sur l’origine ethnique (62 %) est la plus répandue en Europe, suivie de la discrimination basée sur l’orientation sexuelle (51 %) et celle basée sur le handicap (45 %). La discrimination basée sur le sexe est, avec 36 %, aux yeux des Européens, celle qui pose le moins de problèmes. C’est ce qui ressort de la nouvelle enquête Eurobaromètre Spécial : "La discrimination dans l’Union européenne. Perceptions, expériences et attitudes" publiée le 2 juillet 2008.
Une première enquête de ce genre avait déjà été menée au cours de l’année 2006, en guise de préparation pour l’Année européenne de l’égalité des chances en 2007, dont le but fut notamment d’informer les citoyens sur leurs droits en matière de discrimination et de promouvoir l’égalité des chances pour tous.
Le bilan que l’on peut tirer du sondage s’annonce mitigé. De manière générale, l’analyse comparative entre 2006 et 2008 révèle que le nombre de personnes qui estiment que la discrimination est un phénomène répandu, est en baisse. Mais, en dépit des efforts de l’Année européenne de l’égalité des chances pour tous, les citoyens européens continuent à méconnaitre leurs droits en matière de discrimination.
Au Luxembourg, l’enquête fut menée par TNS-ILRES. 513 personnes furent interrogées.
De manière générale, 15 % des personnes interrogées au cours de l’enquête ont indiqué qu’elles ont été victimes de discrimination dans les 12 mois précédents le sondage. Au Luxembourg, 17 % des interviewés se sont senties discriminées pendant la même période. Pour la plupart des cas, l’âge fut la raison principale de discrimination (6%). Trois Européens sur 10 (29 % au Luxembourg) ont observé dans les 12 mois précédant le sondage une personne devenir victime de discrimination, avec l’origine ethnique comme étant la raison la plus souvent citée.
L’Eurobaromètre a révélé que les Européens restent divisés sur la question si leurs autorités nationales ont fait suffisamment d’efforts pour combattre la discrimination. 47 % des interviewés ont considéré que des efforts suffisants ont été faits, mais 48 % n’étaient pas d’accord. Les chiffres n’ont ainsi que peu changé par rapport à 2006 (+ 2 pour le oui, - 3 pour le non). Au Luxembourg, les citoyens semblent plus satisfaits par les efforts de leurs autorités politiques. 62 % ont estimé que des efforts ont été faits. C’est en Finlande et en Chypre que les citoyens sont le plus satisfaits par les mesures antidiscriminatoires (66 %). La grande majorité des Européens continue à soutenir les mesures antidiscriminatoires.
L’enquête montre que la plupart des Européens connaissent mal leurs droits en matière de discrimination. Seuls 33 % des Européens et 29 % des Luxembourgeois ont indiqué connaître les lois anti-discrimination, contre 53 % et 60 % qui ne les connaissent pas. Le nombre de ceux qui connaissent ces lois n’a donc augmenté que très peu (1 %) par rapport à 2006.
Les résultats obtenus de l’enquête Eurobaromètre qui analysent la discrimination sur l’origine ethnique varient considérablement d’un Etat membre à l’autre. Plus de 2/3 des Hollandais (79 %), des Grecs, des Français, des Italiens et des Suédois (tous 76 %) sont d’avis que ce type de discrimination reste très répandu. Il s’agit d’une opinion qui est beaucoup moins partagée par les Lituaniens (23 %), les Lettonies (27 %) et les Polonais (28 %). Les Luxembourgeois sont 48 % à penser que la discrimination sur l’origine ethnique reste répandue. La moyenne européenne est de 62 %.
Le Luxembourg (5 %) et l’Estonie (6 %) se distinguent, par contre, des autres Etats membres (moyenne 2 %) par la proportion des personnes qui disent déjà avoir fait l’objet d’une discrimination ethnique. Selon l’enquête Eurobaromètre, ce phénomène pourrait s’expliquer par la présence, pour utiliser le langage de la Commission, de certains "groupes ethniques" sur le territoire luxembourgeois.
Lorsqu’on demande aux Européens s’ils sont dispos à avoir un voisin d’une autre origine ethnique, les citoyens luxembourgeois font preuve d’une plus grande ouverture et tolérance que le reste des Européens (moyenne : 8, 1 sur 10). Le Luxembourg (9,2) suivi de la Lituanie, de l’Estonie, de la Pologne et la Suède (tous 9,1), sont les pays dont les résidents arrivent en tête de peloton de ceux qui ne seraient pas opposés à un voisin d’une origine ethnique différente. Contrairement, à l’Italie (6,6), la République thèque (6,5) et l’Autriche (6,3) où les résultats obtenus reflètent une certaine méfiance vis-à-vis des étrangers.
Le même constat vaut également lorsqu’il s’agit d’analyser la tolérance envers la minorité Rome. De nouveau, la Pologne (8,5) et la Suède (7, 1) le Luxembourg (6,9) se classent en tête, alors que l’Italie (4) et la République tchèque occupent les derniers rangs.
Les interviewés furent également interrogés sur la manière dont ils envisageaient le fait qu’une personne d’origine ethnique différente occupe un poste politique de très haut rang. En moyenne, 6,4 sur 10 Européens n’avaient pas de problème avec cette idée. Au Luxembourg, ce taux se situe à 6,8. De Grand-Duché suit donc la tendance européenne. La Suède est le « meilleur élève », avec une moyenne de 8,1. Chypre et la République tchèque se rangent en dernière place avec 3,9, respectivement 4,9.
45 % des Européens pensent que la discrimination sur le handicap est fortement répandue. Un avis qui est partagé dans une moindre mesure par les Luxembourgeois (31 %). En comparaison avec 2006, l’opinion que la discrimination basée sur le handicap est répandue a diminué de 7 points au niveau européen.
La tolérance d’avoir une personne handicapée qui occupe un poste politique de très haut rang est haute dans l’ensemble de l’Union européenne, la moyenne s’établissant à 8,0 sur 10. Le Luxembourg se trouve légèrement au-dessus, avec 8,5. En Bulgarie (5,7), en Pologne (6,2) et en Roumanie (6,2), la tolérance est au point le plus bas, alors qu’en Suède, elle atteint une moyenne de 9,2.
51 % des Européens estiment que la discrimination basée sur l’orientation sexuelle est répandue. Ce type de discrimination est surtout répandu, selon les résidents locaux, dans les pays méditerranéens, la Grèce (73 %), Chypre (73 %) et l’Italie (72 %). Au Luxembourg, (34 %) peu de citoyens sont de cet avis. A la question "s’ils seraient favorables à un voisin homosexuel", 25 % des Luxembourgeois et 27 % des Bulgares répondent spontanément que l’orientation sexuelle est un facteur qui n’a pas d’importance. Pour cette catégorie, les résultats sont restés plus ou moins stables par rapport à l’enquête de 2006 (1 point à la hausse), avec toutefois des changements considérables pour certains pays (en Slovénie par exemple, l’opinion selon laquelle ce type de discrimination est répandue a diminué de 14 points, en passant de 60 à 46 %).
Quant à la question des personnes homosexuelles occupant les postes politiques les plus élevés, le Luxembourg (8,2) se situe nettement au-dessus de la moyenne européenne, qui est de 7,0 sur 10. Ce sont les Suédois (9,1) et les Danois (9,9) qui ont le moins de problèmes à voir des personnes homosexuelles occupant ce genre de postes. En Bulgarie (3,7), Chypre (3,7) et Roumanie (3,9), l’acceptation est la plus basse au niveau européen.
Pour 42 % des citoyens européens, la discrimination basée sur l’âge est très répandue, alors que 52 % pensent qu’elle est plutôt rare. Le Luxembourg se situe largement en-dessous de cette moyenne européenne (24 %) et occupe la dernière place. Pour les Européens, la discrimination basée sur l’âge semble être un phénomène en baisse, car en 2006, 46 % des interviewés (-4) avaient encore estimé que la discrimination basée sur l’âge était très répandue.
Pour le Luxembourg, on peut noter une baisse de 7 % par rapport à l’Eurobaromètre 2006. 31 % des interrogés avaient alors indiqué que la discrimination basée sur l’âge est répandue au Grand-Duché. Chypre compte la plus grande baisse entre 2006 et 2008 : elle passe de 48 % à 27 % (-21). La Suède est le seul pays qui enregistre une tendance à la hausse (de 36 % en 2006 à 41 % en 2008).
Quant à la question comment les interviewés percevaient l’idée d’avoir des personnes plus jeunes que 30 ans ou âgées de plus de 75 ans qui occupent les postes politiques les plus élevés, l’enquête a donné des résultats intéressants. De manière globale, peu de personnes n’étaient enthousiastes à l’idée que des personnes très jeunes ou âgées de plus de 75 ans occupent les postes politiques de haut rang.
Pour la première catégorie, la moyenne s’établit à 6,4. Pour les personnes en-dessous de trente ans, le Luxembourg enregistre également une moyenne de 6,4. La Roumanie se place en premier lieu (7,8), suivie du Danemark (7,5). L’Allemagne (4,8) et la Finlande (5,7) sont les moins enthousiasmés à voir des jeunes occuper les postes politiques de haut rang.
En ce qui concerne les personnes âgées de plus de 75 ans, la moyenne est de 5,4, le Luxembourg se situant en-dessous avec 4,7. Le plus haut taux a pu être enregistré en Espagne, avec une moyenne de 6,1. La Bulgarie, la Lettonie (3,6), la République tchèque et Chypre (3,9) forment la queue du peloton. On peut ainsi constater que ni les jeunes, ni les personnes âgées ne sont envisagées par les répondants comme étant les plus aptes à revêtir des postes politiques de très haut rang.
En termes de discrimination basée sur la religion ou la croyance, la moitié des Européens (51 %) estiment qu’elle est plutôt rare, contre 42 % qui considèrent qu’elle est répandue. Les Européens sont donc très divisés sur cette question. C’est au Danemark et en France que la discrimination basée sur la religion ou la croyance est vue comme étant le plus répandue (62 % et 57 %). Au Luxembourg, 31 % des interviewés ont indiqué qu’elle est répandue. De manière générale, l’analyse comparative entre 2006 et 2008 révèle que l’opinion selon laquelle la discrimination basée sur les religions ou croyances est répandue a diminué de 3 points. De plus en plus d’Européens pensent donc qu’elle est plutôt rare (+4).
En moyenne, les Européens accueillent d’un œil favorable l’idée d’avoir un voisin d’une religion ou croyance différente (moyenne 8,5). La Pologne, l’Irlande, la Suède, la France et le Royaume Uni mènent le peloton avec une moyenne de 9,2. Le Portugal (7,3), l’Italie (7,2) et l’Autriche (6,9) sont les pays les moins tolérants.
Autre enseignement que l’on peut tirer de l’enquête : la grande majorité des Européens accepterait qu’une personne d’une croyance ou religion différente occupe un poste politique de très haut niveau, la moyenne européenne s’établissant à 9,0. La Suède (9,8), le Luxembourg et le Danemark (9,6) font preuve de la plus grande tolérance envers des personnes politique de religion différente. L’Autriche et l’Italie (8,3 et 8,2), mais aussi le Portugal (8,1), sont les pays les moins ouverts, mais l’écart reste relativement petit.
Bien qu’un tiers des Européens (36 %) est d’avis que la discrimination basée sur le sexe reste un problème, elle est vue comme étant la forme de discrimination la moins répandue au sein de l’Union européenne. Aux yeux de 56 % des interrogés, la discrimination basée sur le sexe est plutôt rare. Pour les Luxembourgeois, la discrimination basée sur le sexe ne semble plus représenter un problème très urgent (27 % pensent qu’elle est rare). Le Grand-Duché suit ici fortement la tendance générale européenne.
En comparaison avec 2006, le nombre de personnes qui estiment que la discrimination basée sur le sexe est fortement répandue a diminué, de manière plus ou moins intensive selon les pays. Ici encore, Chypre bat le record avec un basculement de 12 % entre 2006 et 2008 (de 46 % à 34 %). Le Luxembourg enregistre une baisse de 5 points (de 32 % à 27 %). La baisse moyenne au niveau européen s’établit à 3 points.
Pour la plupart des Européens (moyenne : 8,9 sur 10), l’idée d’avoir des femmes occupant les postes politiques de haut rang, ne semble pas déranger. Les Suédois (9,8) et les Danois (9,6) arrivent en tête de peloton, suivis de près par les Estoniens, les Irlandais et les Luxembourgeois (9,4). L’Autriche, l’Italie (8,1) et le Portugal (7,9) obtiennent les résultats les moins bons, mais l’écart entre les 27 pays reste toutefois relativement petit.
L’on parle de discrimination multiple lorsqu’une personne est discriminée sur la base de plusieurs facteurs. La discrimination multiple peut surgir sous différentes formes. Une personne peut être discriminée pour plusieurs raisons, mais dans des situations différentes, ou elle peut être discriminée pour plusieurs raisons en même temps, on parle alors de discrimination additive. Pour plus d’un tiers (37 %) de la population européenne, la discrimination multiple est un phénomène répandu, alors que pour 48 %, elle ne l’est pas. Au Luxembourg, seulement 26 % pensent qu’il s’agit d’un phénomène répandu. La France et l’Italie sont les pays où la discrimination multiple est vue comme le plus fortement répandue (49 %9, contre seulement 17 % en Lituanie.
Les résidents du Luxembourg se distinguent par la diversité de leurs connaissances et de leurs amis. Ainsi, 63 % des résidents du Luxembourg ont des amis ou connaissances d’une autre origine ethnique, contre 55 % dans la moyenne européenne. 45 % d’entre eux ont des amis ou connaissances homosexuelles, alors que ce n’est le cas que pour 34 % des Européens. 57 % des résidents du Luxembourg ont des amis ou connaissances handicapés, contre 55 % dans la moyenne européenne, et 63 % ont des amis d’une religion différente, contre 61 % au niveau européen. Les chiffres de l’enquête 2008 ne se distinguent que marginalement de celles de l’Eurobaromètre 2006. (En 2006, 60 % des Luxembourgeois avaient indiqués connaître une personne handicapée).