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Culture
L’ouvrage collectif "Robert Schuman et les pères de l’Europe" met en lumière les motivations de ceux qui ont fait l’histoire de l’Europe
28-08-2008


Publication "Robert Schuman et les Pères de l'Europe"Vie privée, contexte historique, intérêt national… Qu’ils aient été allemands, luxembourgeois, italiens, belges ou français, les pères de l’Europe étaient animés par la même volonté de construire le projet européen, mais leurs motifs n’étaient pas toujours les mêmes. Alors que l’engagement européen de Konrad Adenauer a été intimement lié aux besoins de la cité de Cologne dont il était le maire, le Luxembourgeois Joseph Bech était animé par la volonté de promouvoir la prospérité du Luxembourg en accordant sa politique étrangère aux besoins de l’industrie sidérurgique. Ces thèses à la fois originales et captivantes de Marie-Louise Recker et de l’historien Charles Barthel peuvent être consultées dans l’ouvrage collectif "Robert Schuman et les pères de l’Europe" qui a été publié par la Maison de Robert Schuman et le Réseau des Pères de l’Europe.

La première partie de l’ouvrage collectif "Robert Schuman et les pères de l’Europe", qui rassemble les actes d’un colloque scientifique qui a réuni le 10 au 12 octobre 2007 une vingtaine de chercheurs et d’historiens, met en lumière la vie et la pensée de Robert Schuman. Sa vie privée, sa terre natale, sa culture juridique et ses sources d’inspiration fortement marquées par la philosophie chrétienne y sont présentées comme des pistes permettant de mieux expliquer le personnage et son engagement européen.

Les deux pères fondateurs : Jean Monnet et Robert Schuman

La seconde partie de l’ouvrage collectif se focalise sur la formation intellectuelle et politique des pères de l’Europe. A commencer par les deux figures centrales : Jean Monnet et Robert Schuman. Leur relation paradoxale y est analysée et scrutée en détail par l’auteur Eric Roussel. Qu’est-ce qui distinguait ces deux personnages-clés de l’histoire européenne ? Selon l’auteur, c’était leur origine géographique, leurs conceptions religieuses, philosophiques et leurs concepts politiques. Ce qui les rapprochait ? C’était le projet européen, même s’ils divergeaient largement dans leurs visions. Dans l’analyse de Gérard Bossuat, le conflit est-ouest qui se profilait à l’horizon au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, apparaît comme le principal facteur qui a favorisé la réconciliation franco-allemande.

Les Allemands Walter Hallstein et Konrad Adenauer

L’Allemand Jürgen Elvert s’interroge sur la question de savoir si Walter Hallstein, le premier président de la Commission européenne, "est un Européen tombé dans l’oubli". Ses compatriotes Marie-Louise Recker et Andreas Wiekens se focalisent sur la figure emblématique de Konrad Adenauer. Tandis que Marie-Lousie Recker soutient que son engagement européen était intimement lié aux besoins de la cité de Cologne dont il était le maire, Andreas Wilkens écrit que sa vision des relations internationales était nourrie "de pragmatisme" et résultait "d’une interprétation rationnelle des relations entre les Etats".

Les Belges P.-H. Spaak, J.- Ch. Snoy et d’Oppuers et Paul Van Zeeland

La vision du monde de l’homme d’Etat belge Paul Henri Spaak, un des grands artisans du traité de Rome, écrit son compatriote Michel Dumoulin, "était imprégnée par le rôle de divers réseaux". Quels sont les motifs qui ont poussé d’autres belges comme par exemple J.- Ch. Snoy et d’Oppuers et Paul Van Zeeland et Jean Rey, président de la Commission entre 1967 et 1970, à s’engager dans un processus de construction européenne ? C’est à cette tâche ardue que s’attardent les professeurs ou chercheurs belges Vincent Dujardin, Géneviève Duchenne et Pierre Tilly. Ils fournissent des réponses intéressantes en se basant sur la vie privée de ces personnages, leurs convictions ou encore le contexte historique.

Le Luxembourgeois Joseph Bech

Pour Charles Barthel, l’engagement de Joseph Bech, homme politique et avocat luxembourgeois, qui a assumé les fonctions de ministre des Affaires étrangères entre 1926 à 1959, ne peut être compris sans le mettre en relation avec ses convictions qui étaient basées sur les préservations de l’indépendance et de la prospérité du pays. Selon l’historien Cherles Barthel, les années Joseph Bech étaient marquées par la relation étroite qu’il entretenait avec le monde de la sidérurgie luxembourgeoise. L’historien retient Joseph Bech comme étant le "fondateur de la diplomatie nationale " qui se caractérisait à cette époque par "un chevauchement des réseaux diplomatiques et industriels".

Le Néerlandais Jan-Willem Beyen

Pourquoi certaines personnalités se sont engagées à un moment de leur vie pour la construction européen ? Dans le cas du Néerlandais Jan-Willem Beyen,  il est particulièrement difficile de donner une réponse à cette question, admet l’auteur Jean-Willem Brouwer dans l’ouvrage. Car selon l’auteur rien ne prédisposait cet homme, qui a fait carrière dans le monde de la finance, à jouer un rôle important dans la construction européenne.

Les Italiens Alcide De Gasperi et Altiero Spinelli

La mémoire historique de Robert Schuman et d’Alcide De Gasperi est passée au crible par la doctorante Cornélia Constantin. Alfredo Canavero se focalise sur la formation européenne d’Alcide De Gasperi, qui a été le fondateur de la démocratie-chrétienne italienne de l’après-guerre. Piero Craveri traite quant à lui de la contribution des représentants des partis laïcs italiens à sa politique européiste de De Gasperi, et la professeure Daniela Preda évoque son action européenne et la contribution du réseau catholique européen autour de lui. Enfin, Jean-Marie Palayrat analyse la formation intellectuelle et retrace les débuts politiques d’Altiero Spinelli, qui a été dès la fin des années 40 et jusqu’à son décès en 1986 un des grands inspirateurs, théoriciens et constructeurs convaincus d’une communauté qu’il souhaitait être l’embryon d’une fédération.

En emmenant le lecteur sur les traces de ces personnages qui ont fait la grande Histoire, la construction européenne et les motivations de ceux et de celles qui ont contribué à cette aventure apparaissent sous un jour nouveau. Les anecdotes, les petites histoires, le contexte familial, les convictions religieuses sont autant de pistes qui permettent de mieux appréhender la complexité des personnages et leurs cultures politiques. Cet ouvrage à la fois original et captivant permet de jeter un regard derrière les coulisses du pouvoir et fournit ainsi des clés d’interprétation parfois inattendues.

L’ouvrage peut être obtenu sur le site web suivant http://www.laprocure.com/livres/_9789052014234.aspx