Le conflit russo-géorgien et les relations entre l’Union européenne et les Etats-Unis ont été les sujets les plus importants de la rencontre informelle des ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne qui s’est tenue les 5 et 6 septembre 2008 à Avignon. A l’issue des sessions, le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, a, dans plusieurs interviews donnés aux médias nationaux, relaté les résultats de cette réunion et pris position par rapport aux points abordés.
En Géorgie, l’Union européenne exige toujours la mise en œuvre de l’accord en 6 points négocié en août par le Président français Sarkozy au nom de l’Union à Moscou et qui avait dans un premier temps réussi à faire taire les armes.
Au premier rang des revendications européennes figure le retrait des troupes russes vers leurs positions avant le début des hostilités, une revendication que le Président Sarkozy ira le 8 septembre réitérer auprès des dirigeants russes. Si l’Europe obtient satisfaction sur la question du retrait russe, les discussions sur le partenariat entre l’Union européenne et la Russie peuvent reprendre.
L’Union européenne veut également déployer une mission d'observation autonome qui interviendrait au titre de la politique européenne de défense et de sécurité (PESD) et en complément notamment du renforcement de la mission de l'OSCE auquel les pays européens contribuent de manière coordonnée. Cette mission devrait surtout pouvoir être présente dans les zones-tampon.
Pour Jean Asselborn, l’Europe devra miser sur des moyens politiques pour arriver à ces objectifs, mais "il y a des signes que la Russie va accepter nos revendications".
Jean Asselborn a rapporté que tous les Etats membres étaient d’accord pour qu’une commission d’enquête internationale et indépendante analyse le déroulement du conflit et établisse les responsabilités. "La Géorgie recevra de l’aide, mais il faut aussi de la transparence", a estimé le ministre. Pour lui, de nombreux éléments concordent qui permettent d’affirmer que le président géorgien Saakachvili est responsable du déclenchement des hostilités. La conséquence en est qu’il faudra désormais mener un dialogue critique avec la Géorgie. "Il est sûr que le développement démocratique n’a pas encore atteint son meilleur niveau," a confié Asselborn à un quotidien.
Une des préoccupations de Jean Asselborn est la détérioration des relations russo-américaines. La Russie s’est sentie selon lui poussée dans la défensive pendant plusieurs années par des initiatives d’outre-Atlantique et est désormais passée à une attitude offensive. "Il faut que la raison rentre de nouveau dans le jeu", a mis en garde Asselborn pour lequel il existe des tendances à substituer outre-Atlantique à l’image d’un ennemi abstrait, le terrorisme, une nouvelle image d’un ennemi bien concret, la Russie. Le rôle de l’Union européenne est dans ce contexte d'être le médiateur entre les USA et la Russie afin d’éviter que ne soit détruit ce qui a été construit depuis 1989 après la chute du Mur de Berlin. Dans ce contexte, Jean Asselborn a expliqué à un de ses interlocuteurs qu’il fallait lancer aux USA le message qu’ils devraient commencer à s’adresser systématiquement à l’Union européenne pour aborder les grandes questions du continent européen et à s’abstenir de négocier sur ce type de questions cruciales avec les pays pris un à un.