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Politique étrangère et de défense
Crise russo-géorgienne : Juncker pour une application du plan en 6 points négocié par Nicolas Sarkozy et contre des sanctions à l’encontre de Moscou
31-08-2008


A la veille du Conseil européen extraordinaire du 1er septembre consacré à la crise entre la Géorgie et la Russie, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a participé dimanche 31 août à l’émission "Anne Will" qui traitait exclusivement de ce sujet.

Qualifié d’emblée comme le "possible médiateur entre la Russie et les USA" par la journaliste Anne Will, le Premier ministre a exposé tout au long de la soirée sa position sur la crise en cours.

Si le président géorgien Sakashvili "ne mérite sûrement pas le grand prix de la conduite d’un Etat", les Russes ont dépassé les bornes et ont agi "au-delà de toute raison d’Etat" en attaquant le territoire géorgien. La reconnaissance par la Russie des deux provinces géorgiennes dissidentes de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie ne fait de sens non plus. Elle est "une faute". L’intégrité territoriale de la Géorgie "n’est pas à disposition".

Dans la situation actuelle, les dirigeants des parties en crise n’ont "pas le droit de ne pas parler ensemble". Ne pas se parler conduit fatalement à des situations où les armes parlent, avec ensuite tout le cortège d’horreurs et de victimes innocentes: "Nous devons en conséquence ne pas se laisser tarir les canaux qui permettent le dialogue avec nos amis russes."

Le rôle de l’Union européenne a été jusqu’à présent positif pour le Premier ministre : "S’il n’y avait pas eu l’Union européenne et le Président français en tant que président en titre du Conseil – soutenu par la chancelière fédérale Angela Merkel– alors l’on continuerait à tirer en Géorgie." Il a corroboré ce jugement sur l’action de Nicolas Sarkozy  dans une interview parue dans l’édition du 1er septembre 2008 du Wort, où il dit : "Aucun autre pouvoir au monde, ni les USA, ni la Chine, n’aurait pu amener ainsi un cessez-le-feu en quelques heures."

Juncker est opposé à des sanctions contre la Russie. Il est pour que le plan en six points  négocié par le président Sarkozy soit intégralement appliqué par la Russie. Ce plan prévoit que:

  1. les parties doivent s’engager à ne pas recourir à la force
  2. elles doivent cesser les hostilités de façon définitive,
  3. elles doivent assurer un accès libre à l’aide humanitair,
  4. les forces militaires géorgiennes doivent retourner dans leur lieu habituel de cantonnement,
  5. les forces russes doivent se retirer sur les lignes antérieures au déclenchement des hostilités,
  6. des discussions internationales sur le statut futur et les modalités de sécurité durable en Abkhazie et en Ossétie du Sud doivent s’ouvrir.

C’est ce que le Conseil européen doit demander selon Juncker à la Russie, et la Russie devrait "se faire des soucis si jamais elle ne devait pas aller dans ce sens". Dans ce cas, d’autres réunions reprendraient le sujet. Par ailleurs, le Conseil européen devrait décider lundi d’une aide pour la Géorgie et contribuer à ce qu’un dialogue "critique et constructif" entre les parties s’établisse dans la région.

A moyen terme, Juncker est d’avis qu’il faudrait envisager une conférence "géographiquement plus élargie qui débattrait des principes de la vie ensemble sur le continent."