C'est dans le cadre des consultations régulières entre le Parlement européen et l'Eurogroupe que le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker s'est présenté le mercredi 10 septembre 2008 à Bruxelles devant les membres de la Commission des Affaires économiques et monétaires.

Jean-Claude Juncker a analysé de la situation économique dans la zone euro, qui montre ces derniers mois des signes de ralentissement conjoncturel prononcé. De ce fait, le président Juncker pense que le taux de croissance de 1,4% prédit par la Banque centrale européenne pour 2008 et de 1,2% pour 2009 est "assez plausible".

La croissance faible et une inflation prévue à 3,5% en 2008 "implique que le ralentissement conjoncturel sera plus prononcé et plus prolongé qu'attendu initialement et que le rétablissement du calme sur le front de l'inflation prendra également plus de temps que prévu".  

Le président de l'Eurogroupe a toutefois relevé que le marché du travail "résiste bien dans un contexte général difficile". Cette capacité de résistance du marché du travail est pour lui le résultat des "nombreuses réformes structurelles mises en œuvre dans les États membres ces dernières années".

Juncker a aussi évoqué l'action de l'Eurogroupe au cours des derniers mois et sa réaction face aux chocs négatifs extérieurs que sont la crise hypothécaire américaine, les turbulences financières qui en résultent, ou encore l'augmentation des prix de certaines matières premières. Il a détaillé toute une série d'initiatives, notamment un cadre de référence commun pour lutter contre l'inflation, des orientations budgétaires horizontales pour la zone euro et spécifiques pour les États membres, des termes de référence sur la politique salariale dans le secteur public.

"Cette coordination des politiques au niveau de l'Eurogroupe a permis d'éviter d'une manière générale - il y a eu parfois de légers dérapages - des réactions nationales désordonnées et a également permis d'éviter certaines des erreurs qui ont été commises dans les années 1970 et 1980."

Dans le futur immédiat, l'Eurogroupe et la réunion informelle Ecofin des vendredi 12 et samedi 13 septembre à Nice devront s'employer à "essayer de mettre en place une stratégie cohérente et des mesures concrètes afin de faire en sorte que les ajustements nécessaires peuvent se faire efficacement pour que nous puissions renouer le plus rapidement possible avec une croissance plus solide. À court terme, cette stratégie devra être épaulée par des mesures visant à mitiger les effets du ralentissement conjoncturel pour les couches de population les plus vulnérables."

Pour le président Juncker, cette stratégie devra s'articuler autour de trois grands piliers:

1. maintenir le cap en matière de politiques macroéconomiques et de politiques structurelles ainsi que la discipline budgétaire,
2. poursuivre des réformes structurelles, notamment en accordant une priorité aux mesures visant à renforcer la concurrence sur les marchés des biens et services,
3. intensifier le dialogue avec les partenaires sociaux au niveau de l'Eurogroupe.

Finalement, sur le plan international, l'Eurogroupe contribuera à un environnement plus favorable, notamment en continuant les efforts pour des taux de change reflétant les données économiques fondamentales des différentes zones monétaires. Pour Jean-Claude Juncker "l'euro reste surévalué en termes réels".