En évoquant successivement le livre, son auteur et enfin l’intersection qui existe entre l’auteur et le livre, Jean-Claude Juncker s’est attaché à relever les qualités du livre de Julian Priestley. D’abord "c’est un livre pour ceux qui savent et ceux qui devraient savoir, qui fait jaillir de l’histoire quelques personnalités qui ont fait l’Europe", a-t-il estimé. C’est aussi un livre "qui fera date", Jean-Claude Juncker en est convaincu. Car en adoptant une approche historique, et une "méthodologie sage et raffinée", Julian Priestley analyse "l’évolution du Parlement européen à travers l’observation intimiste de ses batailles" et a le mérite de mettre la lumière sur une institution européenne encore peu connue du public." Ce qui l’a impressionné ? "C’est de voir comment le Parlement a pu devenir à partir d’une prise de pouvoir un pouvoir de déblocage", dit Jean- Claude Juncker en faisant allusion au rôle que le Parlement européen a joué dans l’adoption des directives européennes Reach et Bolkestein.
La particularité du livre tient selon Juncker, à l’approche de "Britannique continental" adoptée par Priestley, une attitude qui n’a rien à voir, selon Juncker, avec cette "retenue" parfois observée chez quelques uns de ses compatriotes et qui consiste à voir l’Europe "comme un rêve que l’on laisse aux autres pour décrire et dont on accepte les résultats lorsqu’ils apparaissent sous la forme de résultats pragmatiques".
Jean-Claude Juncker relève une autre caractéristique de Julian Priestley : l’humilité en déclarant "qu’il a écrit le livre comme s’il n’existait pas", donnant ainsi "l’impression de sous-estimer le rôle de pilotage qui fut pourtant le sien".
Jean-Claude Juncker a relaté qu’il a découvert le Parlement européen à travers le budget.
C’était en 1984, lorsqu’il est revenu de l’Université et a participé en tant que ministre du budget luxembourgeois aux travaux du Conseil. Une époque, se souvient Jean-Claude Juncker, où il a" découvert l’énormité des pouvoirs institutionnels et le total désintérêt des hommes politiques nationaux pour le budget européen, qui est quand même le résumé de toutes les politiques européennes". Et de constater que "qui ne connaît pas le budget de l’UE, ne connait pas l’Europe".
Pour Juncker, le Parlement européen "est venu à maturité à travers les méandres et le cheminement budgétaires" et son histoire "reflète le devenir de l’Europe depuis 50 ans ». En jetant son regard vers le futur, il pronostique que "l’histoire du Parlement n’est pas achevée et sera achevée à peu près lorsque le traité de Lisbonne sera en vigueur".
Julian Priestley a dit vouloir s’inscrire dans une démarche "qui n’est pas académique". Ce qui l’intéressait c’était " l’accidentel, le subjectif ".
L’ancien secrétaire général du Parlement, est convaincu "que toutes les batailles qui ont été menées au sein du Parlement ont contribué à le faire avancer". Parmi les six batailles du Parlement européen décrites dans son livre, il a évoqué celle pour être admis dans le cercle du sommet des chefs d’Etat, celle pour la nomination des membres du Parlement, ou encore celle qui a conduit à la démission de la Commission Jacques Santer. La bataille à venir? C’est celle pour l’opinion publique "qui n’a pas encore remarqué que le Parlement européen est leur Parlement", pronostique Julian Priestley.
Il a également relevé le rôle qui incombe aux parlementaires européens luxembourgeois dans le façonnage du monde parlementaire, y voyant la preuve que le Parlement "n’est pas seulement une affaire des grands Etats membres".
Julian Priestley : Six battles that shaped Europe’s Parliament . John Harper Publishing www.johnharperpublishing.co.uk ISBN 978-0-9556202-3-2 20 €