Les relations Nord-Sud sont au centre du 17e Forum pour une Europe multiculturelle qui rassemble durant deux jours 72 jeunes venus de 10 pays de l’Europe à la Chambre de Commerce du Luxembourg. La manifestation qui est organisée du 13 au 15 octobre 2008 par le Service National de la Jeunesse (SNJ) et 10 lycées partenaires permet aux jeunes d’élaborer des recommandations qui seront ultérieurement soumises aux responsables politiques.
Le coup d’envoi de cette manifestation a été donné au cours d’une séance d’ouverture qui a rassemblé Marie-Josée Jacobs, ministre de la Famille et de l’Intégration, Jean-Louis Schiltz, le Ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Georges Metz, le directeur du SNJ.
Dans son allocution d’ouverture, Georges Metz a tenu à rappeler "que le forum qui a été organisé pour la première fois lors de la Présidence luxembourgeoise de l’UE de 1991" peut déjà se targuer d’une "certaine longévité". Il a également saisi l’occasion pour remercier tous les enseignants qui ont participé à l’organisation de cette 17e édition du forum et pour annoncer le lancement d’un service de coopération volontaire qui a été mis en place avec les Ministères de la Famille et de la Coopération.
Pour Marie-Josée Jacobs, le Forum pour une Europe multiculturelle, qui se caractérise par une " très grande qualité tant au niveau du contenu que de la forme", offre aux jeunes l’occasion de confronter leurs points de vue, de débattre et "de participer au débats de société". En ce sens, le forum constitue selon elle "une contribution à l’éducation civique". Cette année, le forum tourne autour d’une question : "les relations Nord-Sud ?". La formulation du thème n’est pas neutre. Le choix du mode interrogatif illustre selon la ministre Jacobs "que les organisateurs veulent insister sur la complexité du sujet et favoriser un débat critique et contradictoire".
Aux yeux de Marie-Josée Jacobs, ce sont surtout les populations les plus démunies qui subissent les plus grandes conséquences du changement climatique. La ministre a insisté sur l’interdépendance complexe qui existe entre d’une part, les problèmes sociaux et environnementaux et, de l’autre les problèmes économiques. Pour étayer son argument, elle a rappelé l’ampleur de la crise alimentaire qui a eu lieu en février 2008 dans les pays en voie de développement.
Marie José Jacobs a également rappelé dans ce contexte que l’ONU a défini en septembre 2000 des objectifs baptisés "Objectifs du Millénaire". Ils prévoient notamment la réduction de la proportion des populations qui vivent avec moins d’un dollar par jour. Même si les responsables sont conscients des défis à relever, Marie-Josée Jacobs a estimé qu’il y a "encore énormément de chemin à parcourir".
Dans un monde qui est pleine mutation et qui a parfois la mémoire courte, Jean-Louis Schiltz a estimé qu’il important de "se recueillir, de prendre le temps, de réfléchir sur les causes et les réalités pour concevoir un monde meilleur". C’est pourquoi les deux jours qui se déroulent à la Chambre de Commerce sont tellement "importants".
Pour démontrer "l’impact que chaque individu peut avoir" et "que la solidarité est avant tout une affaire mondiale", Schiltz s’est référé à deux exemples tirés de l’actualité récente. "Qui se souvient encore que le coût élevé des denrées alimentaires a provoqué des émeutes dans trois grandes villes du Burkina Faso en février de cette année ? Qui se souvient encore des 14 policiers qui ont été tués au cours d’une intervention policière lancée pour tenter de mater une rébellion à Haïti ?", a lancé Jean-Louis Schiltz en faisant référence à la grande crise alimentaire qui a agité lés pays en voie de développement au début de cette année. A l’heure actuelle où la crise financière ébranle les marchés financiers "la crise alimentaire a disparu de l’actualité", a noté avec regret Schiltz qui estime que la pauvreté n’a pas été éradiquée pour autant. Au contraire, les chiffres qui ont été récemment publiés par le FMI démontrent, selon Louis Schiltz, "que la pauvreté touche plus d’un milliard de personnes".
Même si la Commission européenne a l’intention de débloquer plus d’un milliard pour contrecarrer la crise alimentaire, les pourparlers continuent dans les coulisses. Cet argent sera absolument nécessaire selon Schiltz "pour atteindre les objectifs du développement".
Puis il y a le cas des poulets subventionnés en provenance de l’UE qui empêchent les producteurs locaux d’écouler leurs productions sur la marché local qui subit de plein fouet la concurrence des poulets importés. Pour Jean-Louis Schiltz, il s’agit d’une pratique inacceptable. D’où son exhortation "à arrêter les subventions à l’exportation".
Europaforum.lu rendra compte du déroulement du Forum tous les jours jusqu’au 16 octobre.