Le Premier ministre, principal orateur de la soirée, a mis en avant la valeur historique de la rencontre de l’automne 1958. "Cette rencontre ne fut pas évidente. Les deux hommes savaient très bien qu’Allemands et Français s’étaient opposés violemment tous les 15 ans au cours des 400 dernières années. Mais Adenauer et de Gaulle voulaient y mettre un terme." Le message "Plus jamais la guerre" a été établi comme programme politique et Adenauer et de Gaulle l’ont concrétisé au fur et à mesure, jour après jour, a-t-il rappelé.
Aujourd’hui, le Premier ministre regrette que les Européens n’apprécient pas assez ce qui a été accompli par la génération d’après-guerre, et plus particulièrement par Adenauer et de Gaulle. "Que nous ayons réussi à réconcilier les peuples en Europe et à pacifier le continent après la guerre est davantage admiré en Asie et en Afrique que chez nous", a-t-il dit.
Jean-Claude Juncker a déploré que, tout comme la réunification allemande – qui n’aurait jamais eu lieu sans la réunification de l’Europe – ne soulève plus guère d’admiration en Allemagne, le plus grand marché intérieur au monde, la suppression des frontières en Europe ou encore la monnaie unique soient également autant de réalisations dont les Européens ne se montrent pas assez fiers.
Dans le contexte de la crise financière internationale c’est toutefois l’euro qui a permis d’éviter "la plus grande catastrophe monétaire de tous les temps", a signalé le Premier ministre Jean-Claude Juncker,. "La crise financière a apporté la preuve finale que la décision d’introduire l’euro était la bonne. Vu l’absence de différences monétaires entre nous, l’euro nous protège, car notre économie, orientée vers l’exportation, peut continuer à fonctionner", a-t-il ajouté.
Selon Jean-Claude Juncker, la crise financière fera sentir ses effets encore au moins jusqu’à la fin de l’année 2009. La croissance au sein de la zone euro variera entre 0 et 0,3%, ce qui est largement en dessous de son potentiel de croissance, et la crise atteindra lentement, mais sûrement l’économie réelle, a-t-il précisé. Néanmoins, les pays de la zone euro et de l’UE ont adopté un plan d’action, réussissant ainsi à formuler une réponse concertée à la crise dans le but d’amortir les effets sur l’économie réelle, s’est réjoui Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe.
Concernant la situation politique actuelle, le Premier ministre luxembourgeois a plaidé pour une réforme des traités européens. «Nous parlons beaucoup de l’Europe des citoyens. Mais que demandent-ils? La sécurité! Construisons donc une Europe de la sécurité. Nous avons besoin du traité de Lisbonne pour avancer dans cette Europe des citoyens», a insisté Jean-Claude Juncker. Pour sortir de l’impasse institutionnelle suite au «non» irlandais, le credo du Premier ministre est le suivant: "Il faut de la patience! Il ne sert à rien d’exercer une pression quelconque sur les petits États en Europe."
Pour le Premier ministre, de nouvelles règles sont également nécessaires en matière de protection du climat. Jean-Claude Juncker veut en outre éviter que la crise financière soit aujourd’hui mise à profit pour détourner l’attention de l’imminence d’une catastrophe climatique.
À la fin de son discours, Jean-Claude Juncker a demandé des efforts supplémentaires en matière de défense en Europe. Il a ainsi plaidé pour une doctrine européenne de la défense et une mise en commun des structures de défense nationales.