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Agriculture, Viticulture et Développement rural
La Lëtzeburger Baurejugend (LBJ) et la députée européenne Astrid Lulling veulent une réduction limitée de la modulation et une hausse des quotas laitiers
06-10-2008


La Lëtzeburger Baurejugend (LBJ) et la députée européenne Astrid Lulling ont donné le 6 octobre 2008 une conférence de presse conjointe sur quelques éléments d’actualité de la politique agraire commune (PAC) à la Maison de l’Europe. Christian Wester, le président de la LBJ, a abordé le bilan de santé de la PAC, où la proposition de la Commission de changer le régime de la modulation des aides directes et la façon dont la disparition des quotas laitiers est préparée préoccupent les jeunes agriculteurs luxembourgeois. Autre sujet de préoccupation : le régime d’autorisation des pesticides prévu dans le projet de directive sur les produits phytosanitaires. Astrid Lulling a participé à la conférence de presse "comme seul député européen luxembourgeois membre de la commission agriculture".

Pour une modulation de 7 %

Les projets de la Commission de réduire de 13 % jusqu’en 2012 la modulation suscite du mauvais sang dans les rangs des jeunes agriculteurs qui n’acceptent pas que l’on revienne sur des décisions prises en 2005 et qui devaient rester valables jusqu’en 2012. "La modulation est de fait une aide au revenu des agriculteurs que la Commission veut réduire de 13 % au lieu de 5 % comme cela était prévu", a expliqué Astrid Lulling, qui défend au Parlement européen le compromis d’une modulation de 7 % et  qui comprend le mécontentement des jeunes agriculteurs.

Pour Astrid Lulling, "une grande partie du revenu des agriculteurs dépend de ces aides directes" que la Commission veut réduire. Comme la LBJ, la députée européenne est d’avis que les moyens dégagés par la modulation soient reversés aux pays d’origine qui devraient pouvoir en disposer selon leur volonté. Elle n’est pas d’accord que cet argent soit obligatoirement investi dans de nouvelles mesures de développement rural, et cela pour trois raisons. La première en est que l’argent de la modulation est prélevé sur des aides directes qui constituent une partie du revenu des agriculteurs." Pourquoi", demande la députée, "serait-ce l’argent prélevé sur le revenu des agriculteurs qui devrait financer un développement rural alors que les agriculteurs ne sont plus les seuls habitants de l’espace rural" D’autre part, elle estime, comme la LBJ, que le Luxembourg investit déjà beaucoup et bien dans le développement rural. Finalement, l’argent de la modulation alloué à de nouvelles mesures de développement rural ne peut être employé qu’à condition que les projets de ce type soient cofinancés. Or, les budgets de certains Etats membres, notamment des nouveaux, offrent peu de marges pour de tels cofinancements. C’est donc, pour le pays d’origine, de l’argent perdu, qui devrait tout simplement être à leur disposition pour le soutien à tout type de mesure approuvé par l’Union européenne.

Pour un relèvement des quotas laitiers

La députée européenne a souligné le rôle central de la production laitière pour l’agriculture luxembourgeoise qui exploite pleinement ses quotas. Elle soutient les jeunes agriculteurs qui veulent que les quotas laitiers soient relevés - en attendant qu’ils disparaissent complètement - ceci afin que les entreprises agricoles puissent s’habituer à de nouvelles quantités de référence. En même temps, un tel relèvement permettrait de réduire pour le Luxembourg la probabilité des prélèvements en cas de dépassement de quotas, dans la mesure où d’ores et déjà, la production laitière dépasse ces quotas. Là aussi, Astrid Lulling a proposé pour le Luxembourg un passage des quotas laitiers de 278 000 tonnes à 292 000 tonnes dans le cadre du rapport consultatif sur le bilan de santé de la PAC que la commission agriculture du PE va voter dans les prochains jours et soumettre au Conseil. Elle a également plaidé pour la création d’un fonds laitier de 800 millions d’euros qui permette de réguler la transition du marché laitier vers la disparition des quotas. Pas question pour Lulling de voir un tel fonds alimenté par l’argent de la modulation. 2 milliards d’euros n’ont pas encore été alloués selon elle dans le cadre du budget de la PAC, dont elle refuse qu’ils soient versés pour moitié à l’Afrique : "C’est jeter de l’argent par la fenêtre. Cet argent n’ira jamais aux simples gens, et il détruira ce qui existe comme agriculture locale."

Pesticides : limiter les risques mais pas les quantités

Dernier sujet de préoccupation de la LBJ et d’Astrid Lulling: le régime d’autorisation et le régime de réduction des pesticides que la Commission propose dans un projet de directive. Pour voir un projet autorisé dans un pays, la firme productrice doit en demander l’autorisation auprès de chaque Etat membre pris individuellement. Cette règle fait que nombre de firmes négligent les petits Etats membres dont les marchés, trop petits, ne les intéressent pas. Il devient donc difficile d’obtenir des produits suffisants pour toute la gamme des produits agricoles de tel ou tel Etat de l’Union européenne. La LBJ et Lulling verraient donc d’un meilleur œil un régime d’autorisations par grandes régions européennes.

La réduction du recours aux pesticides – que Lulling et la LBJ préféreraient appeler produits phytosanitaires – pose également problème. "Evidemment, ce qui est dangereux pour les personnes devrait être interdit. Mais réduire le recours aux pesticides fait courir des dangers à la production agricole. Il ne faut pas réduire les quantités de pesticides, mais réduire les risques", a déclaré la députée européenne qui s’en est pris également à l’idée d’interdire l’éparpillement des pesticides par voie d’hélicoptère. La LBJ craint avant tout des réductions des quantités produites, de l’ordre de 27 % pour le blé voire de 50 % pour les pommes de terre.