Le 7 octobre 2008, 29 ministres des Finances et de l’Economie, dont 10 ministres de la Méditerranée, étaient réunis à Luxembourg pour participer à la réunion "du Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée" qui a été organisée conjointement avec la réunion euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP). La réunion a été coprésidée par Christine Lagarde, ministre de l’Economie française, Youssef Boutros-Ghali, ministre des Finances égyptien, Joaquín Almunia, commissaire en charge des Affaires économiques et monétaires, Philippe Maystadt, président de la BEI et Jeannot Krecké, ministre des Finances luxembourgeois.
Six mois après le sommet de Paris du 13 juillet 2008, qui avait consacré le projet de l’Union pour la Méditerranée, les ministres des Finances et de l’Economie ont dressé un état des lieux de la situation économique sur les deux rives de la Méditerranée et ont discuté de la mise en œuvre des projets qui ont été identifiés lors du sommet de Paris.
Dans le contexte actuel marqué par la hausse des prix et la crise économique, Christine Lagarde a estimé "qu’il n’a pas de pays périphérique et que nous sommes tous concernés par la situation économique affectée par la crise des marchés financiers publics" en ajoutant que "nous sommes donc tous solidaires". La ministre des finances est convaincue que "les risques de ralentissement économique pour l’ensemble des pays de la Méditerranée sont la résultante du choc pétrolier et surtout des matières premières". Elle a insisté sur la nécessité de ramener la stabilité sur les marchés financiers.
Youssef Boutros-Ghali, le ministre égyptien des Finances qui vient d’être élu président du Comité monétaire et financier international (IMFC), a brossé un tableau optimiste de l’Union pour la Méditerranée, en déclarant qu’elle "s’est révélée comme essentielle" dans le contexte économique actuel où l’infrastructure de l’Union pour la Méditerranée et le dialogue se sont révélés extrêmement efficaces et utiles.
Les discussions ont surtout porté sur les aspects financiers de la mise en œuvre des conclusions du sommet de Paris. Philippe Maystadt, président de la BEI a décliné une série d’objectifs prioritaires.
Le premier des grands chantiers de l’Union pour la Méditerranée porte sur la dépollution de la Méditerranée. Une étude technique financée par le "Plan Bleu" a selon Philippe Maystadt identifié 43 dits "hot spots", qui seront financés avec la facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP).
Les transports, avec notamment le plan de développement des autoroutes maritimes, constituent selon Philippe Maystadt "une initiative très importante pour renforcer les liens "entre les villes de la Méditerranée". Une étude technique est actuellement effectuée par la BEI. Elle identifie les localisations pour l’implantation de plateformes performantes.
Les autres terrains de la coopération devraient être le développement des énergies alternatives et notamment solaire. En Espagne, la BEI finance actuellement 200 panneaux solaires. Lorsqu’ils seront suffisamment performants, la BEI envisage de transposer ce type de panneaux dans d’autres pays de la Méditerranée. Certains pays ont déjà fait part de leur intérêt.
La quatrième priorité se rapporte au capital humain. La BEI veut développer en collaboration avec la Banque Mondiale un Centre de Développement du Capital humain grâce au développement d’un centre professionnel de haut niveau qui pourrait servir tous les pays partenaires. Ce projet est selon Philippe Maystadt à son premier stade de développement.
Parallèlement à cette initiative, il y a l’initiative italo-espagnole qui veut aider les petites et moyennes entreprises à s’implanter sur la rive sud. Entre 2002 et 2006, plus de 1 600 petites entreprises ont bénéficié de prêts de la FEMIP par l’intermédiaire de banques locales. Philippe Maystadt a estimé qu’il serait "souhaitable de diversifier les instruments qui sont à la disposition ces banques". C’est pourquoi la BEI a décidé d’apporter un soutien à la fois technique et financier à l’initiative des gouvernements italien et espagnol.