Le Premier ministre, ministre des Finances et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a participé les 10 et 11 octobre 2008 à Washington à la réunion des ministres des Finances du G7 et aux réunions du Comité monétaire et financier international, le forum d’orientation politique du Fonds monétaire international. Il s’est ensuite rendu le 12 octobre à Paris pour le sommet extraordinaire des chefs d’Etat ou de gouvernement des pays de la zone euro.
Jean-Claude Juncker a marqué à Washington son soutien aux principes d’action sur lesquels les pays du G7 se sont accordés : "L’Eurogroupe soutient intégralement les principes décidés par le G7 qui sont en ligne avec les décisions européennes en vue de stabiliser les marchés financiers et de restaurer le bon fonctionnement des marchés de crédit et interbancaires."
Pour l’Eurogroupe les principes d’action suivants sont essentiels:
1. Aucune institution financière d’importance systémique ne pourra être mise en faillite.
2. Un accès large aux liquidités sera assuré et les efforts pour dégeler les marchés interbancaire et monétaire seront intensifiés.
3. La sécurité des dépôts des épargnants privés sera protégée.
Jean-Claude Juncker a en outre estimé que "les turbulences actuelles soulignent la nécessité d’un renforcement supplémentaire du cadre de la stabilité financière. Nous réaffirmons d’intensifier notre action en ligne avec les recommandations du Forum de stabilité financière. Les actions que nous avons décidées aujourd’hui ont également pour but de limiter les effets de contagion du secteur financier vers l’économie réelle. En plus, afin d’améliorer la résistance de la zone euro à des chocs et d’accroître le potentiel de croissance, nous continuerons d’appliquer des politiques macroéconomiques orientées vers la stabilité et assurerons que des progrès supplémentaires seront faits en ce qui concerne la mise en œuvre des réformes structurelles dans les marchés des produits et services ainsi que le marché du travail."
Dimanche 12 octobre, les pays de la zone euro, réunis en sommet à Paris, ont adopté un plan d'action comprenant une garantie des prêts interbancaires et un recours possible à la recapitalisation des banques, pour rétablir la confiance sur des marchés déboussolés par la crise mondiale.
Les Etats membres de l'Eurogroupe vont garantir les crédits interbancaires pour une période temporaire, jusqu'au 31 décembre 2009. Ces garanties d'Etat seront payantes pour les institutions bancaires, rémunérées selon les taux du marché. C’est en effet le blocage du marché interbancaire qui est au cœur de la crise. Par peur des faillites, les banques ne se prêtent plus entre elles. Celles qui ne trouvent pas les fonds nécessaires pour équilibrer leurs comptes peuvent très rapidement se retrouver en difficulté, comme cela s'est produit pour plusieurs établissements européens. Faute de refinancement, elles gèlent les crédits aux particuliers et aux entreprises, menaçant ainsi l'ensemble de l'économie et du système financier. Les 15 se sont également engagés à empêcher leurs plus grosses banques de faire faillite, notamment en procédant à des opérations de recapitalisation. Aucun montant global n'a été annoncé pour ce plan.
"Nous avons adopté une boîte à outils à la disposition des Etats membres", a expliqué le président de l'Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker. "Nous n'avons pas le droit d'échouer et nous n'échouerons pas", a-t-il assuré.
Au-delà du plan d'action, qui sera soumis mercredi et jeudi à Bruxelles aux chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays de l'Union européenne réunis en Conseil européen, les Européens veulent convaincre les Etats-Unis d'entreprendre une refondation du système financier.
Voici les principaux points de la déclaration des chefs d'Etat et de gouvernements des pays de la zone euro sur la crise financière à l'issue du sommet exceptionnel tenu dimanche à Paris.
Pour remédier à la méfiance qui paralyse le marché interbancaire et empêche les banques de se prêter des fonds, les Etats de la zone euro vont garantir, assurer ou souscrire eux-mêmes les prêts contractés par les banques sur le marché. Les prêts concernés pourront avoir une échéance allant jusqu'à cinq ans, mais devront avoir été contractés avec le 31 décembre 2009.
Il s'agit "de compléter les actions de refinancement à court terme entreprises par la BCE", dit la déclaration des 15. L'Eurogroupe souligne que ces initiatives publiques ne devront pas aboutir à une distorsion de concurrence, notamment au détriment des établissements qui n'y aurait pas recours, et qu'elles ne seront pas gratuites. Les institutions bénéficiaires devront rétribuer cette garantie d'Etat.
Dans ce but,
Afin que les banques continuent de jouer leur rôle dans le financement de l'économie en prêtant aux entreprises et aux ménages, elles doivent avoir des fonds propres suffisants. Les Etats pourront renforcer le capital des banques en entrant dans leur capital. Cela devra se faire en tenant compte des prix du marché et de la notation de solvabilité des banques.
Les Etats doivent parallèlement encourager l'apport de fonds privés.
Les établissements qui bénéficieraient d'une telle aide pourront se voir imposer des contraintes spécifiques.
Les Etats s'engagent à "empêcher toute faillite d'institutions financières qui présenteraient un risque pour le système financier dans son ensemble" et sont prêts à recapitaliser les établissements concernés. Cela devra se faire dans le souci de protéger les intérêts du contribuable avec des plans de restructurations adaptés et en s'assurant que les actionnaires et les équipes dirigeantes des sociétés concernées assument les conséquences de ce sauvetage.
Les établissements financiers doivent pouvoir valoriser leurs actifs en tenant compte du risque de défaut "de préférence aux valeurs de marché immédiate qui ne sont plus pertinentes dans des marchés qui ne fonctionnent plus". Cette recommandation fait référence aux nouvelles normes comptables, dites IFRS, qui imposent aux entreprises de valoriser leurs actifs au prix du marché et non sur la base du prix d'achat comme par le passé. Cette nouvelle méthode comptable a été vue comme un facteur aggravant dans la crise que traverse le secteur financier.
Les gouvernements veulent renforcer les procédures d'échanges d'informations entre les gouvernements, le président en exercice de l'Union européenne, le président de la Banque centrale européenne et le président de l'Eurogroupe afin de permettre un "suivi instantané et constant". Ils souhaitent que le prochain sommet européen mercredi et jeudi adopte un mécanisme pour améliorer la "gestion de crise".
Le président de l'Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a affirmé lundi que le plan d'action adopté la veille par les quinze pays de la zone euro ne consistait pas à "faire des cadeaux aux banquiers" mais à éviter que "tout s'écroule".
"Il ne s'agit pas de faire des cadeaux aux banquiers, il s'agit de faire en sorte que les consommateurs, les investisseurs puissent continuer à fonctionner d'une façon rationnelle", a déclaré M. Juncker sur la radio RTL.
"Les banques qu'on assistera devront payer", a-t-il souligné à propos du plan d'action adopté à Paris. "Il ne faudrait pas (...) que cette crise financière se transforme en crise économique intégrale, il faut tout faire pour éviter que naisse à partir de cette double-crise financière et économique une véritable crise politique", a-t-il dit. "Si on reste les bras croisés tout s'écroule", a-t-il ajouté.
"Je crois que si tous les acteurs réagissaient de façon responsable, c'est à dire moins irrationnelle, nous éviterions la récession. Si nous continuons à rester fous, à nous comporter de manière strictement irrationnelle, nous tuerons les système", a-t-il ajouté. "Je crois que la croissance européenne sera de très faible niveau en 2009, reste à voir comment les différents pays vont réagir au ralentissement conjoncturel", a-t-il encore indiqué.