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Culture - Recherche et société de l'information
Viviane Reding a présenté le prototype d’Europeana à la Bibliothèque nationale à Luxembourg
Monique Kieffer : "Europeana sera à la culture européenne ce que l’euro a été à l’Europe politique et économique"
24-11-2008


Monique Kieffer, la directrice de la Bibliothèque nationale (BNL), a accueilli le 24 novembre 2008 en ses murs la commissaire européenne en charge des médias et de la société de l’information Viviane Reding , mais aussi la secrétaire d’Etat à la Culture, Octavie Modert, ainsi que Josée Kirps des Archives nationales (AN), Jean Back du Centre national audiovisuel (CNA) et Marianne Backes du Centre virtuel de la connaissance de l’Europe (CVCE) qui produit le site European Navigator.

Ils y ont présenté la bibliothèque européenne numérique Europeana et évoqué les contributions actuelles et futures luxembourgeoises à cette nouvelle tentative d’offrir aux "internautes du monde entier plus de deux millions de livres, de cartes géographiques, d’enregistrements, de photographies, de documents d'archives, de tableaux et de films en provenance des bibliothèques nationales et d'institutions culturelles des 27 États membres de l’Union européenne".  

Europeana victime de son succès

Le prototype d’Europeana avait été mis en ligne le mercredi 19 novembre 2008. Mais, victime de son succès avec un afflux de 20 millions de clics par heure au lieu des 5 millions prévus, le serveur était tombé en panne, et il faudra attendre encore jusqu’à la mi-décembre pour que Europeana puisse reprendre du service.

Malgré cette panne - pour Viviane Reding "une rançon de la gloire" - cette nouvelle bibliothèque serait selon Monique Kieffer "à la culture européenne ce que l’euro a été à l’Europe politique et économique" et pourra "rendre plus tangible la profondeur de l’unité de l’Europe au-delà des diversités apparentes". Elle devrait permettre aux internautes, par cette nouvelle association entre culture et nouveaux médias, « d’atteindre les richesses culturelles qui sont engrangées de Lisbonne à Helsinki », déclara Viviane Reding, précisant que la Commission européenne investira 2 millions d’euros par an dans le projet jusqu’en 2011.

Europeana s’insère dans un ensemble de démarches culturelles. Ainsi, en 2009-2010, environ 69 millions d'euros provenant du 7e programme-cadre de recherche de l'Union européenne (7e PCR) seront affectés à des activités de recherche sur les bibliothèques numériques. Pour la même période, environ 50 millions d'euros devraient être alloués à l'amélioration de l'accès au patrimoine scientifique et culturel européen au titre du volet "Société de l'information" du programme-cadre pour l’innovation et la compétitivité.

La raison d’être d’Europeana

Avec Europeana, il est possible en une seule opération d’effectuer des recherches et de naviguer dans les collections numérisées des bibliothèques, des archives et des musées européens. Cela signifie que les utilisateurs peuvent explorer des sujets sans avoir à rechercher et à consulter de nombreux sites et centres de ressources.

Europeana a été lancée par la Commission en 2005 et élaborée en étroite collaboration avec les bibliothèques nationales et d’autres organismes culturels des États membres, ainsi qu'avec un important soutien du Parlement européen. Elle est gérée par la fondation pour la bibliothèque numérique européenne qui regroupe les principales associations européennes de bibliothèques, d’archives, de musées, d’archives audiovisuelles et d’institutions culturelles, et est hébergée par la bibliothèque nationale des Pays-Bas, la Koninklijke Bibliotheek.

Plus de 1 000 organismes culturels de toute l'Europe ont fourni des documents à Europeana. Des musées européens, ont fourni des numérisations de tableaux et d'objets issus de leurs collections. Les services d’archives nationaux ont rendu disponibles des documents nationaux de premier ordre. Les bibliothèques nationales de toute l'Europe ont contribué en fournissant des ressources imprimées ou manuscrites, dont des copies numérisées de livres illustres à l’origine d’idées nouvelles dans le monde entier.

Le Luxembourg dans Europeana

Catherine Lupovici, qui coordonne le projet, a, pour illustrer le propos, proposé un voyage au Luxembourg qui donne sur 17 000 documents, photos, œuvres d’arts, documents en facsimilé, films, journaux numérisés, etc. "Dans Europeana, il y a aussi un morceau de Luxembourg", a lancé Viviane Reding.

Sur presque 3 millions d’objets, il y a en effet 1,5 % d’objets en provenance d’institutions culturelles luxembourgeoises, alors que l’Italie n’en fournit que 1 %. Le Luxembourg a donc déjà fait pour la commissaire européenne un grand chemin sur la numérisation des œuvres culturelles, ce que Monique Kieffer de la BNL a d’ailleurs pu amplement illustrer en évoquant les 200 000 pages que son institution a déjà numérisées. 170 000 de ces pages sont accessibles à travers Europeana. 30 000 autres pages ne le sont à cause de problèmes de droits d’auteurs. Pour y pallier, la BNL coordonne d’ailleurs un projet européen Europeana-connect, qui travaille sur la question de ces droits d’auteur qui sont un obstacle à la diffusion de nombreuses œuvres. D’autre part, avant la fin du 1er semestre 2009, les deux grands journaux luxembourgeois, le Luxemburger Wort et le Tageblatt, qui ont été prioritairement numérisés jusqu’en 1950, parce qu’ils sont l’objet de nombreuses demandes de lecteurs/chercheurs et que leur papier est devenu extrêmement friable, seront également accessibles à tout le monde, citoyens et chercheurs.      

Les Archives nationales ne participent pas encore à Europeana, mais elles sont entrées dans quelques projets européens plus modestes. Leur directrice, Josée Kirps, a expliqué que ses services étaient en train d’établir des listes de priorités en matière de numérisation, chose difficile quand on sait que les archives nationales couvrent 50 km de rayons. Là aussi, ce sont les documents à la fois les plus demandés et les plus fragiles, comme les registres de l’état civil, qui seront privilégiés.

Le CNA ne participe pas encore non plus à Europeana. Après une longue phase de numérisation, il organise actuellement la mise en valeur, mais aussi sa sauvegarde sur des robots de stockage de son patrimoine photo, cinéma et audio. Jean Back, le directeur du CNA, a signalé son intérêt de voir son organisme contribuer à Europeana, mais aussi signalé que les processus de numérisation qui sont différents en fonction des fins d’utilisation des documents numérisés, nécessitait dorénavant, au-delà des concepteurs, des ingénieurs culturels d’un nouveau type.       

Le Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe (CVCE) dirigé par Marianne Backes est par contre depuis le mois d’octobre 2008 un partenaire d’Europeana par lequel l’internaute peut accéder aux documents de European Navigator. Le CVCE participe ainsi activement au développement d’Europeana. Ainsi, plus de 25 000 documents d’ENA ont à ce jour été récoltés et intégrés dans le prototype. Comme la BNL, le CVCE a aussi rejoint le European Digital Library net (EDLnet) qui est en charge des aspects ergonomiques et techniques du prototype d’Europeana.

La secrétaire d’Etat, Octavie Modert, avait donc de nombreux motifs de satisfaction. Elle l’exprima en réitérant l’engagement de son ministère pour assurer un accès constamment amélioré "aux sources numérisées du savoir".