A quelques heures de la réunion extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne dans la perspective du sommet international sur la crise financière qui se tiendra le vendredi 15 novembre à Washington, le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker a expliqué sur les ondes du Deutschlandradio les motifs qui ont poussé les dirigeants européens à se réunir le 7 novembre 2008 à Bruxelles.
L’objectif des dirigeants européens est selon Juncker de déterminer une position commune qui consistera devrait se décliner pour lui selon les axes suivants :
A la question de savoir si le FMI devait devenir une sorte de police internationale des marchés financier, Juncker a répondu que "nous n’avons pas besoin d’une instance de régulation internationale, nous avons besoin de règles qui soient appliquées mondialement, nous avons besoin d’une coordination accrue des instances de contrôle bancaire et financier. Il faut le faire en Europe, il faut le faire au niveau mondial, et c’est là que le FMI aura un rôle plus important à jouer, car le FMI dispose des informations nécessaires pour procéder efficacement en matière de surveillance."
Interrogé sur l’idée d’un gouvernement économique mondial qui a été lancée par Nicolas Sarkozy, Jean-Claude Juncker a exprimé ses doutes sur la faisabilité. Mais il s’est prononcé pour un gouvernement économique européen et donné des exemples de démarches qui se cachent derrière un concept qui choque les Allemands, mais qui à une connotation moins offensive pour des oreilles françaises.
Appliqué à l’Union européenne, un tel gouvernement économique veillerait à ce que les politiques économiques des Etats de l’Eurogroupe soient plus intégrées les unes aux autres. Il coordonnerait les programmes de relance économique dans les différents pays, en veillant par exemple à ce que les Allemands ne fassent pas le contraire des Hollandais. Il tenterait d’obtenir un accord en Europe pour que les marges budgétaires soient utilisées pour aider les parties les plus défavorisées des populations, notamment en augmentant le pouvoir d’achat des ménages à revenu faible ou modeste. Il faudrait aussi s’entendre sur les possibilités de réduire la pression fiscale et mettre en place des programmes de soutien à des secteurs industriels menacés, comme celui de l’automobile.
Jean-Claude Juncker a repoussé l’idée que l’on recoure à des programmes de relance conjoncturelle comme ceux qui ont été lancés dans les années 70. "Cela nous conduirait à des feux de paille, à une augmentation de l’endettement des Etats. Nous ne ferons pas cela." La référence en matière de comportement budgétaire reste pour Juncker le Pacte de stabilité et de croissance qui "ne tolère pas l’endettement démesuré".
Finalement, Juncker a reproché aux agences de notation d’avoir "honteusement échoué" et d’avoir "lancé de faux signaux aux marchés" en certifiant à des produits financiers une qualité qui n’était pas donnée. Dans la mesure où ces agences de notation ont toutes leur siège aux USA, Juncker a recommandé qu’une agence de notation européenne soit mise sur pied. "Nous avons besoin ici d’un peu plus d’Europe."