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Agriculture, Viticulture et Développement rural - Protection des consommateurs
Erna Hennicot-Schoepges s’engage pour l’interdiction de pesticides nocifs au Parlement européen
07-11-2008


Erna Hennicot-SchoepgesLe 7 novembre 2008, la députée européenne Erna Hennicot-Schoepges (PPE) a présenté devant la presse luxembourgeoise un projet de directive européenne sur l’utilisation des pesticides dans l’Union européenne. Cette directive, dont elle rapporteuse au Parlement européen, va permettre d’interdire sur le marché européen l’utilisation des pesticides qui ont des effets nocifs sur l’environnement et la santé humaine. En deuxième lecture au Parlement européenne, Hennicot-Schoepges espère que la directive pourra être votée en séance plénière avant janvier 2008.

En tout, 23 sur 500 pesticides sont appelés à disparaître du marché

Pour Erna Hennicot-Schoepges, ce sera probablement le dernier rapport qu’elle présentera au Parlement européen, avant l’entrée en fonction du nouveau Parlement européen en 2009 pour lequel elle ne se présentera plus. Ce dossier des pesticides la préoccupe et elle s’engagera fortement jusqu’au vote en plénière.

Le projet de directive sur l’utilisation des pesticides, qui réformera la directive de 1991, réglementera l’utilisation des pesticides en Europe. Désormais, des produits qui servent à combattre les organismes nuisibles pour l’agriculture ou dans d’autres secteurs, mais qui ont des effets nuisibles sur l’environnement ou la santé des hommes, ne pourront plus être utilisés. Ce sont avant tout les pesticides cancérigènes qui sont concernés. "23 produits sur un total de 500 pesticides seront retirés du marché, et non pas 80 % des produits comme le prétendent les adversaires de la directive", a souligné la députée européenne.

La directive a en effet suscité des controverses entre les acteurs de l’agriculture et de l’industrie des pesticides. Selon Hennicot-Schoepges, la tâche est d’autant plus compliquée qu’il faut éviter les effets négatifs des pesticides, tout en permettant aux agriculteurs de produire assez d’aliments pour nourrir la population.

Pour Erna Hennicot-Schoepges, la discussion sur ce projet de directive est une "discussion très sensible, d’autant plus que l’on jongle ici avec des faux chiffres". L’utilisation des pesticides a fortement augmenté dans l’Union européenne ces dernières années. Certains pays en utilisent beaucoup plus alors que d’autres ont réduit leur utilisation. "L’Union européenne utilise environ 300 000 tonnes de pesticides par an", a souligné Erna Hennicot Schoepges. Un des autres objectifs de la directive est notamment la réduction de 50 % de l’utilisation des pesticides. 

La directive devrait inciter les industries à investir davantage dans la recherche de produits alternatifs

Le retrait des produits toxiques du marché se fera de manière graduelle et s’étalera sur une période de 7 ans, entre 2011 et 2018. "Normalement, un Etat membre établit une autorisation pour un produit. C’est au moment où cette autorisation arrive à son échéance que le produit devra être retiré du marché", a expliqué la députée européenne.

La directive prévoit cependant une dérogation pour les produits pour lesquels il n’existe pas d’alternatives sur le marché. "Les règles de la dérogation seront très sévères. C’est un Etat membre qui demandera une telle dérogation à la Commission européenne, qui l’analysera. Mais le pays devra motiver de façon valable sa demande", a précisé Erna Hennicot-Schoepges. A ses yeux, l’entrée en vigueur de la nouvelle directive sera une bonne incitation pour que les industries développent des produits alternatifs. Elle souhaite surtout que la nouvelle directive favorise le développement et la commercialisation des biocides.

Dans ce contexte, la députée européenne a critiqué le fait que les industries chimiques se sont détournées de la recherche pour des produits alternatifs, et préfèrent investir dans les OGM. "Dans le secteur des fruits et légumes par exemple, nous n’avons vu plus surgir de nouveaux produits depuis vingt ans ", s’est-elle plainte. C’est pourquoi le projet de directive prévoit également la création d’un fonds de recherche pour promouvoir le développement de nouveaux pesticides pour le secteur des fruits et légumes. Seule ombre au tableau : ce fonds n’a pas encore de base légale.

Un autre point de litige entre la Commission européenne et le Parlement européen est la proposition de la Commission de diviser l’Union européenne en trois zones différentes en ce qui concerne l’autorisation des pesticides. Aux yeux du Parlement européen, les Etats membres devraient tous être regroupés dans une seule zone. "Nous sommes un marché unique", a lancé la députée européenne.

Finalement, la nouvelle directive permettra également de briser le monopole qu’ont certaines entreprises productrices de pesticides sur le marché européen.

La protection des abeilles tient spécialement à cœur de la députée européenne

Un autre problème qui tient à cœur d'Erna Hennicot-Schoepges et qui a provoqué un désaccord entre Commission et Parlement concerne la protection des abeilles. Celles-ci sont gravement  menacées par les pesticides. Aujourd’hui, un nouveau pesticide doit être testé sur les abeilles pour voir si son utilisation a des effets nuisibles sur ces insectes dont le rôle dans la reproduction de la flore est vital. "Mais les abeilles ont un cycle de vie de neuf mois, pendant lequel ils se développent d’une larve en une abeille adulte. Nous avons ainsi exigé que les pesticides devront être testés pendant tout ce cycle de neuf mois", a-t-elle expliqué.