Le respect des droits de l’homme ne sont pas un privilège de l’Europe. Ils doivent bien plus être appliquées dans tous les pays du monde. Ce fut la position défendue par le ministre délégué aux Affaires étrangères et à l’Immigration, Nicolas Schmit, lors de l’inauguration d’un colloque organisé par l’Institut Pierre Werner en coopération avec l'Istituto Internazionale Jacques Maritain de Rome à l’occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
La Déclaration universelle des droits de l’homme fut signée le 10 décembre 1948 à Paris, peu après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Une des idées qui a motivé les initiateurs de la Charte fut d’éviter à tout prix la reproduction d’une telle tragédie.
Selon Nicolas Schmit, le 60e anniversaire de la Déclaration, ainsi que le colloque organisé par l’IPW, doivent être des moments de célébration, mais aussi de réflexion et de rétrospective. "La Déclaration universelle est d’abord le résultat d’un sentiment d’impuissance face aux droits de l’homme", a expliqué le ministre, pour qui la journée de naissance de la déclaration universelle est devenue une date-clé dans les relations internationales, "car les droits de l’homme sont devenus une valeur internationale à dimension universelle".
L’Europe surtout a une longue tradition, et une histoire ambiguë avec les droits de l’homme. Ce fut, d’après Nicolas Schmit, le continent européen et ses scientifiques et hommes politiques qui ont largement contribué à inventer le concept des droits de l’homme. "Mais ce fut également le continent où les droits de l’homme ont été le plus bafouées", a-t-il regretté, en faisant allusion à la Deuxième Guerre mondiale, au cours de laquelle 6 millions de citoyens juifs ont été assassinés. L’Europe serait pourtant aussi le continent "où les droits de l’homme ont connu le plus de progrès, des progrès évidents depuis la signature de la Déclaration", dans l’analyse du ministre.
Nicolas Schmit n’a pas non plus manqué d’insister sur le lien qui existe selon lui entre la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Charte des droits fondamentaux signés par les Etats membres de l’Union européenne. La Déclaration et la Charte occupent aux yeux du ministre une place importante dans la juridiction européenne. Il a regretté que cette dernière ne soit pas encore officiellement effective, puisque "son sort est attaché au traité de Lisbonne." Mais il a assuré que dans la pratique, la Charte fonctionnait déjà.
Malgré les avancées indéniables et très concrètes en matière du respect des droits de l’homme, l’anniversaire de la Déclaration doit également servir pour établir un bilan critique des 60 années, a répété et insisté Nicolas Schmit. "Nous vivons aujourd’hui dans un monde où tous les événements du monde sont retransmis 24 heures sur 24 par les médias. Aucune violation ne peut plus nous échapper. Il n’y a plus d’excuse comme en 1945", a-t-il avancé. C’est pour lui un devoir moral des Nations Unies pour combattre les violations des droits de l’homme. En fustigeant une évolution que le juriste et homme d'Etat français Robert Badinter a critiqué comme un discours de plus en plus sécuritaire menant à une "certaine relativisation des droits de l’homme", Nicolas Schmit a recommandé que tout un chacun commence à appliquer les droits élémentaires "dans sa société" d'abord. En guise de conclusion, il s’est fortement prononcé en faveur de la création d’un Cour pénale internationale qui pénalise les atteintes aux droits de l’homme.