Dans sa déclaration sur la situation à Gaza devant la Chambre des députés du 21 janvier 2009, Jean Asselborn, ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et de l'Immigration, a déclaré qu’"il n’est pas facile de rester optimiste". Pendant les quatre ans et demi qu’il a été ministre luxembourgeois des Affaires Etrangères, il a vu les "efforts que l’Union européenne a faits", notamment dans le cadre de la guerre du Liban, et "les espoirs qu’il y a eus à la conférence de paix d’Annapolis." Alors que la paix dans la région semblait proche, Jean Asselborn ressent ce nouveau conflit comme un "recul qui blesse".
Jean Asselborn s’est ensuite exprimé sur le rôle de l’Union européenne dans ce contexte et il a expliqué qu’elle "utilise l’Egypte comme intermédiaire pour négocier avec le Hamas". L’UE considère l’Egypte comme un "allié précieux" parce que les forces extrémistes n’y sont pas au pouvoir. "Ceci est également vrai pour la Jordanie." a-t-il souligné. Il existe également "l’autre pôle, qui se compose de l’Iran, du Hamas, du Hezbollah, de la Syrie (…), mais l’UE souhaite attirer la Syrie dans le camp des modérés". L’autre objectif de l’UE est de "faire avancer", sur le long terme, "la réconciliation du peuple palestinien". Jean Asselborn pense que "des élections seraient le meilleur instrument", mais il a reconnu que "cela est illusoire".
Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères a promis de vouloir "discuter", lors du dîner des ministres des Affaires étrangères de l'UE avec Israël, le mercredi soir 21 janvier 2009 à Bruxelles, "du retrait d’Israël de la bande de Gaza et de l’ouverture de Rafah", qui est le seul passage de frontière officiel entre Gaza et l’Egypte. Le dimanche 25 janvier 2009, "une entrevue avec une délégation palestinienne et arabe", lui permettra également de s’exprimer sur "un armistice durable". Et le lendemain, le Conseil des ministres européens des Affaires étrangères qui se réunira à Bruxelles, sera encore une occasion de discuter des questions "d’aide humanitaire d’urgence" pour "les civils et les enfants blessés, ainsi que de l’acheminement de denrées alimentaires et de l’ouverture de la bande de Gaza".
En guise de conclusion, Jean Asselborn a souligné que "le grand principe de l’Union européenne est la solution des deux Etats, dans lesquels Israéliens et Palestiniens peuvent vivre en paix. Parce que Israël ne peut survivre que s’il y a la paix dans la région, et la Palestine doit être libérée de la pauvreté, de la haine et de la destruction." Et de conclure : "C’est là où réside la clef de la paix mondiale et elle doit être remise dans les mains du droit international et de la diplomatie internationale."
Dans son intervention, Laurent Mosar, député chrétien-social, a insisté sur la "disproportion" du conflit dans la bande de Gaza, qui remet également en question "la paix et la stabilité" dans toute la région. "Même s’il n’existe pas de guerre juste", a-t-il continué, "celle-ci nous a mené dans une impasse et elle est inacceptable". Finalement, le député du CSV a trouvé que l’Union européenne n’avait pas fait les choix les "plus heureux" en envoyant deux délégations dans la région.
Le député libéral Charles Goerens, de son côté, a d’abord salué l’action humanitaire d’urgence luxembourgeoise et européenne. Puis, il a demandé "pourquoi le Hamas a été stigmatisé comme organisation terroriste par l’UE alors que celle-ci avait auparavant aidé à organiser des élections libres [en Palestine]. Ce n’était donc pas la bonne manière de ne plus parler [au Hamas] après." A l’instar de son prédécesseur, le député libéral a critiqué la manière dont l’Union européenne est intervenue dans la région : "Qui représente donc la politique étrangère de l’Union européenne ?", a-t-il demandé. "Est-ce Solana, ou la Présidence de l'UE, ou le ministre allemand des Affaires étrangères ou encore le président de la France ?" En guise de conclusion, Charles Goerens a déploré que l’Union européenne "n’ait pas réussi à donner une image claire d’elle-même."
Ben Fayot, député socialiste, a exprimé son souhait que "l’Union européenne intervienne enfin unie et de façon énergétique dans la région." Il a ajouté que "le Proche-Orient pourra devenir un partenaire développé et stable pour l’Union européenne, lorsque la coopération aura remplacé la confrontation." Quant à la réaction de l’Union européenne face au conflit, Ben Fayot l’a jugée de "claire", parce que Israël ne "peut pas passer outre le droit international et la communauté internationale" et il ne peut non plus détruire "ce que l’UE a aidé à construire". Il a revendiqué que "l’Union européenne doit maintenant, comme dans le passé, aider à reconstruire Gaza et assurer le ravitaillement en denrées alimentaires" mais qu’elle doit aussi montrer clairement que "Israël ne pourra plus détruire ce qui a été construit avec l’argent européen." Ce serait une condition sine qua non.
Selon Felix Braz, député des Verts, l’Union européenne ne peut pas accepter "le conflit de Gaza" et passer immédiatement à l’ordre du jour. "C’est un échec dramatique pour tous ceux qui souhaitent la paix", a-t-il expliqué. Il a qualifié l’action mal coordonnée de l’Union européenne de "tout à fait significative pour les (...) dernières années, pendant lesquelles la Commission était inexistante (...)". Mais le député vert a considéré cet échec comme une chance "pour recommencer" à zéro et "pour faire des progrès dans les années à venir".