Dans une interview accordée au journaliste français Pierre Avril et publiée dans le quotidien parisien "Le Figaro" du 12 janvier 2009 sous le titre "Juncker : "Il faut mettre la pression sur les banques"", Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois, a livré ses impressions sur la crise économique.
Alors que, selon ses propres termes, "nous nageons en plein brouillard", le président de l’Eurogroupe s’est réjoui que "l’Europe ait en tout cas su réagir de manière forte en particulier par le recours aux investissements publics". Si leurs effets devraient commencer à se faire sentir "au premier trimestre 2010", Jean-Claude Juncker annonce "deux années difficiles en 2009 et 2010" avant un "retour à la normale en 2011 et 2012". Cet espoir est cependant nuancé par le constat que la "zone euro présente un point faible : son faible potentiel de croissance".
Interrogé sur la nécessité, pour les économies européennes, d’un second plan de relance, le Premier ministre luxembourgeois a justifié le choix fait par l’Allemagne en soulignant que cette dernière "est la locomotive de l’Europe" et qu’il est donc "essentiel qu’elle développe un paquet conjoncturel ambitieux". En déclarant ne pas être "un fétichiste du pacte de stabilité", il a cependant mis en garde contre les conséquences de "toute perspective de dérapage budgétaire".
Au sujet du desserrement du crédit auquel devait contribuer l’argent injecté dans les banques par l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, le président de l’Eurogroupe relève les contradictions entre l’analyse des banques - "il n’y a pas de rétrécissement du crédit" - et celle des entreprises – "qui [lui] disent le contraire" - en concluant qu’il "faut savoir mettre la pression sur les établissements financiers". S’il n’est, selon lui "pas nécessaire", "à ce stade", de "requérir à des instruments normatifs", "des formes de pression légales" ne seraient "pas à exclure" dans le cas où "les banques persisteraient dans leur attitude".
Jean-Claude Juncker a enfin exprimé son inquiétude au sujet du "déficit budgétaire américain [qui] devrait atteindre 8 % en 2009 contre 3 % en 2008" et par conséquent du "risque de voir les déséquilibres globaux s’aggraver, en particulier les taux de change". Aussi, d’après le président de l’Eurogroupe, "nous devons rester vigilants car une deuxième crise peut se dessiner", et un autre "élément de fragilité" doit être pris en considération, à savoir "l’instabilité des cours du pétrole".