Avez-vous déjà été l'heureux gagnant d'une loterie sans avoir joué? Avez-vous déjà été victime de démarchage agressif par téléphone? Vous a-t-on déjà proposé une énorme commission en échange de l’utilisation de votre compte bancaire pour effectuer un virement de plusieurs millions d’euros? Vous êtes-vous déjà fait piéger avec un produit ou un service non conforme à vos attentes, sans aucune contrepartie à l’argent déboursé?
Tels sont les exemples de cas concrets d’arnaques qu’ont présentés Karin Basenach et Patrick Schaul, respectivement directrice et conseiller juridique du bureau luxembourgeois du Centre européen des consommateurs (CEC), ainsi que Christian Steichen, de la Police grand-ducale.
Dans le cadre des Midis de l’Europe, organisés par le Bureau d'information du Parlement européen à Luxembourg, la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg, le Mouvement Européen Luxembourg et le Centre Européen des Consommateurs, ces trois experts ont expliqué les risques et les moyens de se défendre contre ce type d’arnaques.
Le Centre européen des Consommateurs (CEC), plus connu au Luxembourg sous le nom d’ "euroguichet" est là pour répondre aux questions des consommateurs, mais aussi pour les assister et les conseiller en cas de problèmes ayant une dimension transfrontalière. Sa directrice, Karin Basenach, parle donc en connaissance de cause quand elle précise que les arnaqueurs, par définition, s’efforcent de contourner la loi, ce qui rend difficile toute action contre eux.
Parmi les problèmes fréquemment signalés au CEC, Karin Basenach a évoqué des cas de démarchage par téléphone – ce qui est en soi tout à fait légal, mais avec le consentement préalable du consommateur – particulièrement agressifs, et ce pour proposer un vin de piètre qualité pour un prix exorbitant. Que faire ? La loi sur la protection de la vie privée prévoit que vous puissiez demander à votre opérateur l’identification de la ligne appelante. En cas de harcèlement, il ne faut pas hésiter non plus à porter plainte, et il est enfin possible d’exiger la suppression de vos données personnelles de la base de données de l’entreprise.
Une autre arnaque pratiquée au Luxembourg touche surtout les petites entreprises ou les associations. On vous adresse un formulaire vous invitant à corriger vos coordonnées pour un annuaire professionnel ; sans prendre garde au prix indiqué de façon très discrète, vous renvoyez en fait un bon de commande pour que vos coordonnées figurent sur un annuaire professionnel pendant trois ans…
Patrick Schaul, conseiller juridique auprès du CEC, a présenté d’autres méthodes utilisées par les arnaqueurs potentiels. En premier lieu, les "Spam" – qui n’a pas reçu ces e-mails non sollicités et expédiés en masse, faisant de la publicité pour toutes sortes de produits ? – qui ont pour but soit de faire de la publicité, soit de propager un virus, et il faut veiller dans tous les cas à faire fi de sa curiosité et à ne pas ouvrir les pièces jointes !
Une autre méthode en usage porte le nom de "phishing" et consiste à essayer d’obtenir, toujours par e-mail, des informations confidentielles – comme les mots de passe, noms d’utilisateurs, numéros de compte en banque – afin de les utiliser à vos dépens. Ces e-mails qui sont plus ou moins soigneusement déguisés peuvent afficher le logo de votre banque ou de services de paiement en ligne. Prudence donc avant de répondre à ce genre de sollicitations qui peuvent coûter cher ! Et si par mégarde il vous arrivez de répondre dans un moment d’inattention, hâtez-vous d’aller sur le vrai site pour modifier votre mot de passe.
Autre cas bien connu par la plupart des internautes, c’est la "nigerian connection". Rares sont ceux qui n’ont pas reçu un e-mail racontant une histoire mirobolante de riche héritier africain sollicitant votre aide – financière – pour débloquer une immense somme d’argent, en vous promettant bien entendu une alléchante récompense.
Moins connue et pourtant pas moins fréquente au Luxembourg selon Patrick Schaul, c’est l’arnaque à la loterie. Affichant un logo de loterie officielle, une lettre vous est adressée vous annonçant que vous avez gagné et qu’il faut, pour pouvoir obtenir son gain, s’acquitter d’une certaine somme d’argent due à des taxes, des frais bancaires, des frais de livraison ou d’assurances. Etonnant quand on n’a jamais participé à la loterie en question et qu’il n’est de plus pas d’usage de faire payer ce genre de frais aux vrais gagnants…
Depuis plusieurs mois, le CEC est sollicité aussi au sujet d’arnaques liées à des services internet qui, semblant à première vue gratuits, sont cependant payants. Il peut s’agir par exemple de faire faire ses devoirs en ligne ou d’envoyer des SMS – et beaucoup de jeunes sont touchés. Un conseil, prenez toujours garde lorsqu’on vous demande vos coordonnées détaillées pour ensuite vous inviter à "accepter les conditions générales de vente" à bien lire ces dernières : car c’est là que le prix du service qui vous semblait gratuit est indiqué.
Christian Steichen a expliqué que face aux arnaques sur Internet, pour lesquelles de nombreuses personnes portent plainte auprès de la Police Grand-Ducale, la prévention est souvent plus efficace que la répression. En effet les traces disparaissent vite sur la toile, qui est un environnement très volatile.
Prenant l’exemple du commerce de voitures sur Internet, Christian Steichen a expliqué l’existence de contrefaçons de sites internet bien connus : la mise en page est très proche, le logo semble à première vue presque identique… et – ou plutôt mais - les prix défient toute concurrence. La prise de contact se passe bien et vous inspire confiance, vous payez votre voiture avant livraison et on vous propose même de suivre en ligne le trajet effectué par votre nouvelle acquisition. Mais ce site de suivi est lui aussi une contrefaçon et le véhicule de vos rêves n’arrive pas alors que l’argent, lui, a bien été débité.
Il est certes difficile de reconnaître un site contrefait, mais un certain nombre de détails peuvent aider à déjouer le truc. Il faut déjà se demander si l’URL affiché correspond bien à votre requête, s’assurer que le nom de domaine soit bien le même que celui indiqué sur le lien sur lequel vous avez peut-être cliqué pour arriver à la page en question, et prendre garde s’il y a beaucoup de fautes d’orthographes. En effet les contrefaçons sont souvent réalisées par des personnes qui ne connaissent pas nécessairement la langue dans laquelle le site orignal a été rédigé. Si vous remarquez des informations contradictoires, ou s’il y a des erreurs html sur la page, ou si encore il n’y a pas de certificat (indiqué par un petit cadenas en bas à gauche de votre page), restez vigilants.
Un autre truc dévoilé par Christian Steichen consiste, lorsqu’il vous arrive d’être vous-même vendeur sur Internet, à vous proposer de payer par un chèque d’un montant dépassant le prix de l’objet mis en vente, étant entendu que vous remboursiez la différence à votre acheteur-arnaqueur. Mais une fois le chèque porté en compte et le remboursement effectué, vous devez rembourser l’argent perçu à la banque car il s’agissait d’un chèque "sous bonne fin". Ce type de chèque permet de disposer, dès présentation du chèque au guichet de votre banque, du montant de celui-ci sur votre compte, mais sous réserve de bonne fin. Si le chèque reste impayé par le débiteur, la banque récupère le montant versé sur votre compte.