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Traités et Affaires institutionnelles
L’ambassadrice suédoise au Luxembourg a présenté "la Suède dans l’Union européenne"
19-02-2009


Les participants à la conférence, dont Gilles Bley, A. Faber, Agneta Söderman, Kitty Deville et Simone BeisselDans la perspective de "changer un peu l’image de la Suède dans l’Union européenne et au Luxembourg", Agneta Söderman, ambassadrice de la Suède au Luxembourg, a dressé le 18 février 2009, lors d’une conférence à l’Espace Royal-Monterey, un bilan des 14 ans de son pays d’origine en tant qu’Etat membre de l’Union européenne. Dans ce contexte, elle a fait le récapitulatif du long chemin qu’avait été la voie à l’adhésion à l’UE pour la Suède. Parallèlement, elle a abordé la présidence suédoise de l’Union européenne de 2001, tout en penchant son regard vers la présidence que la Suède va assurer à partir du 1er juillet 2009.

Grands défis, grand programme

En guise d’introduction, Simone Beissel du Mouvement européen de Luxembourg a présenté la Suède comme un pays du grand Nord, pays un peu mystérieux, pays des Lapons, pays des rennes, pays d’Ingmar Bergman, pays de Greta Garbo, pays aussi d’ABBA, pays des grandes forêts, pays de beaucoup d’eau. "C’est comme cela que je connais la Suède, mais malheureusement, je ne la connais pas trop", a-t-elle avoué en ajoutant : "Mais je la connais assez pour l’apprécier grandement."

La Suède a longtemps préféré s’organiser au sein de l’Association européenne de libre-échange (AELE) et rester Simone Beisselneutre entre deux grands blocs vu sa localisation géographique, vu aussi ses relations suivies et bienveillantes avec l’Union soviétique. Elle avait donc décidé pendant longtemps d’être un peu sceptique vis-à-vis de la Communauté économique européenne (CEE) et d’attendre. Mais elle a changé d’approche après la chute du rideau de fer. "C’est en effet à partir de 1990 que la donne géopolitique a profondément changé. La Suède a rejoint l’Union européenne le 1er janvier 1995 mais, il faut le dire, elle a toujours gardé une certaine réticence vis-à-vis du système monétaire européen", a précisé Simone Beissel. Après une première présidence en 2001, la Suède est maintenant appelée de nouveau à assumer la présidence de l’Union européenne à partir du 1er juillet 2009. Les défis de cette présidence seront majeurs : crise financière, climat, environnement, ressources énergétiques, emploi, compétitivité, croissance économique, élaboration d’une stratégie post-Lisbonne, et promotion de la mer Baltique.

Le long chemin de la Suède pour adhérer à l’Union européenne

Agneta SödermanAgneta Söderman a estimé "pertinent de parler ces jours-ci de la Suède dans l’Union européenne et de la faire connaître un peu plus parce qu’elle va assumer la présidence à partir du 1er juillet 2009. Aussi pertinent parce qu’il est grand temps de changer un peu l’image de la Suède dans l’UE et ici au Luxembourg." L’ambassadrice suédoise a souligné qu’après quelques années d’hésitation, son pays est devenu un Etat membre actif, positif et constructif de l’Union européenne. Pour faire comprendre le long chemin que la Suède a fait avant d’adhérer à l’Union européenne, Agneta Söderman a fait un peu d’histoire de son pays : membre de l’AELE à partir de 1960, ce pays neutre, prospère, industrialisé et stable "à la périphérie de l’Europe" a fait une demande d’association avec la CEE en 1961 et, suite au compromis de Luxembourg, une demande d’adhésion avec réserve de neutralité en 1967. Cette demande a été retirée quatre années plus tard mais en 1973, des accords de libre échange ont été signés entre les pays de la CEE et de l’AELE. Pour suivre sa volonté de s’approcher davantage de ce groupement mystérieux mais attractif qu’était la CEE pour la Suède, le partenariat plus approfondi de l’Espace économique européen (EEE) a été mis en œuvre. Ainsi, des ponts ont été jetés entre l’AELE et Bruxelles, dans le but généraliser la liberté de circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux.

"Tout d’un coup, et sans faire beaucoup de bruit, le gouvernement suédois a déposé une demande d’adhésion en 1991", s’est souvenu Agneta Söderman en ajoutant : "On était un peu étonné mais c’était vrai." Les négociations étaient compliquées puisqu’elles se sont faites et avec l’AELE et avec la Commission européenne. "C’était un travail énorme, parce que le tempérament nordique voulait que nous ayons analysé chaque directive et comparé chaque page" a-t-elle expliqué. Les défis majeurs des négociations se situaient au niveau de l'environnement, de la chasse, de la transparence, et de la consommation du fameux "snus", un tabac à sucer quasi sacré en Suède, qu'il s'agissait de défendre. La campagne du gouvernement pour le référendum du 13 novembre 1994 au sujet de l’adhésion de la Suède à l’UE, basé sur la déclaration "La Suède fait partie de l’Europe", s’est finalement soldé par un Oui de 52 % des Suédois. Le travail d’explication et de clarification intense de l’opinion publique a été récompensé, ouf !

La Suède dans l’Union européenne

"Quelques jours après l’adhésion de la Suède à l’UE, l’opinion publique commençait à avoir des doutes", a expliqué Agneta Söderman. Les Suédois s’étaient en fait attendus à d’importants changements, mais il n’en était rien, et ils sont devenus moroses. Parallèlement, les 47 % de la population qui avaient voté contre l’adhésion de leur pays à l’UE, n’étaient pas contents. Tout était neuf et il fallait une adaptation aussi rapide que possible. De plus, les Suédois avaient l’habitude de partir en vacances en juillet, et tout d’un coup, Bruxelles leur demandait de partir en vacances en août. "C’était donc compliqué", a-t-elle souligné en ajoutant que le gouvernement suédois devait naviguer entre le côté Oui et le côté Non tout en faisant attention à ne pas causer de problèmes internes.

"La présidence de l’Union européenne de 2001, qui s’est articulée autour de l’emploi, de l’élargissement et de Logo présidence suédoise 2001l’environnement, était un succès", a déclaré Agneta Söderman, "même si une partie des Suédois étaient toujours hésitants parce qu’ils sont quand même des Vikings, habitués à vivre dans le Nord, à prendre soin d’eux-mêmes et ne pas avoir besoin des autres." L’objectif de la présidence était de montrer aux Suédois que l’Europe était une bonne chose, mais aussi de les faire participer. On a donc essayé d’impliquer les gens et les municipalités locales du Sud au Nord de la Suède.

"Post presidency depression" et référendum sur l’euro

Ce qui était très important, selon l’ambassadrice de la Suède, c’est que son pays avait une volonté très claire d’accepter l’élargissement de l’Union européenne à condition que les 10 nouveaux Etats membres soient prêts. "A la fin de la présidence, le Premier ministre suédois Göran Perrson, était devenu très pro-européen, et tout le gouvernement suédois a eu cette sensation très agréable d’être au centre de la puissance" a-t-elle déclaré en ajoutant avec ironie qu’"on avait tous la 'post presidency depression'". Avec l’élan de la présidence, le gouvernement suédois a décidé en septembre 2003 d’organiser un référendum sur l’adoption de l’euro. Mais il s’est soldé par un échec : 57 % des Suédois se sont exprimés contre la monnaie unique européenne. "Les gens étaient confus. Il faut pouvoir expliquer, mais ce n’est pas évident", a précisé Agneta Söderman. Cependant, elle s’est réjouie que l’opinion publique suédoise ait été plus favorable à l’euro en novembre 2008. Elle espère que cette tendance continuera, parce que la crise financière a montré qu’on est très vulnérable.

L’opinion publique suédoise

En général, l’opinion publique en Suède est devenue de plus en plus favorable à l’Union européenne et à son élargissement. 80 % des Suédois pensent que leur pays a une certaine influence dans l’UE. 47 % des Suédois veulent l’adoption de l’euro en Suède. 53 % pensent que leur pays profite de l’Union européenne. La majorité des Suédois considère également que la globalisation est une chose positive, que c’est une opportunité et non pas une menace.

"Je crois qu’on est devenu des citoyens européens et des acteurs plus forts dans le monde par l’Union européenne", a déclaré l’ambassadrice de la Suède, en précisant que son pays participe à toutes les actions de maintien de la paix de l’Union européenne. Ce que la Suède a apporté à l’UE, ce sont ses contributions dans le domaine de l’environnement, de la transparence, de l’égalité et de l’élargissement. "Et on continue !" a-t-elle déclaré.

"Finalement, je ne vais pas vous raconter de secrets sur la présidence suédoise de 2009, parce qu’il est trop tôt", a souligné Agneta Söderman. Elle a précisé que le programme de 18 mois a été élaboré avec la France et la République tchèque, que le programme proprement dit de la présidence suédoise va être établi en juin 2009 et qu’elle va s’articuler autour de la crise, du climat (un sommet à ce sujet aura lieu à Copenhague en décembre 2009), de l’asile et de l’immigration (dans le cadre du programme de la Haye), du Traité de Lisbonne, et bien évidemment autour de nombreuses choses inattendues qui prennent également beaucoup de temps. En guise de conclusion, l’ambassadrice de la Suède a invité tout le monde à la rejoindre le 1er juillet 2009 à la Maison de l’Europe, où elle va présenter les détails et les priorités de la présidence suédoise de l’Union européenne.