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Elections européennes - Entreprises et industrie
Robert Goebbels a présenté des pistes pour le futur du secteur automobile
Selon le député européen, la BEI est l’instrument de crédit par excellence pour sortir de la crise, et la Commission devrait négocier le retour de brevets européens captés par GM
23-03-2009


Le logo du PSELe député européen Robert Goebbels (PSE) a donné le 23 mars 2009 une conférence de presse sur la situation dans l’industrie automobile européenne et les analyses et initiatives des socialistes européens dans ce domaine.

Robert Goebbels est membre de la commission  ITRE du Parlement européen, qui s’occupe de l’industrie, de la recherche et de l’énergie. Dans le cadre de cette commission, un groupe de travail a été créé au début du mois de mars afin d’analyser la situation du secteur automobile et de faire des propositions pour lui permettre d’affronter la récession qui l’a touchée. D’autre part, Robert Goebbels et le président du groupe des socialistes européens au PE, le député européen allemand Martin Schulz, ont élaboré un projet de résolution sur le futur de l’industrie automobile, projet qui est en cours de négociation en vue d’un vote en séance plénière.  

La crise en chiffres

Pour situer le cadre dans lequel s’effectue sa démarche, Robert Goebbels a livré quelques chiffres.

L’Union européenne est le plus grand producteur automobile mondial, avec 18 millions de véhicules. L’industrie automobile emploie directement plus de 2 millions de salariés, et a généré 10 millions d’emplois indirects. 12 millions d’emplois en dépendent donc, sans compter les garagistes et les pompistes.

7000 entreprises, un immense réseau de PME couvrant les secteurs de l’électronique, de l’ingénierie mécanique et électrique, les TIC, la métallurgie, la chimie, les plastiques et les caoutchoucs, sous-traitent pour l’industrie automobile. S’y ajoute que 60 à 80 % des voitures sont achetées à crédit ou circulent sous contrat leasing. Le secteur financier est donc éminemment intéressé. Mais voilà que les ventes de voitures ont chuté de 27 % en un an. Les commandes de poids lourds sont même passées de 38 000 en janvier 2008 à 600 en décembre. Deux tiers des capacités de production du secteur ne sont plus utilisés.

Le secteur automobile est un secteur central à haut effet de levier

Pour Robert Goebbels, c’est un secteur central de l’économie européenne qui est touché de plein fouet, et sa crise met en crise, par effet de levier, d’autres volets de l’économie, à l’étranger comme au Luxembourg.

Le député européen a salué la politique proactive du gouvernement luxembourgeois et de son ministre de l’Economie, Jeannot Krecké, notamment vis-à-vis des équipementiers et des autres entreprises liées au Luxembourg à l’industrie automobile. Il a surtout loué les mesures de maintien dans l’emploi dans un secteur où les compétences professionnelles des salariés sont élevées et ne doivent pas être perdues. Robert Goebbels a précisé que sa tâche à lui était de proposer des mesures d’aide au niveau européen. Dans le projet de résolution qu’il a élaboré avec Martin Schulz, il aborde la crise structurelle que traverse l’industrie automobile.

Le futur technologique

Dans le texte du projet, on insiste sur le fait "que toutes les initiatives financières et fiscales doivent soutenir et accélérer l’incontournable transformation technologique du secteur, notamment en ce qui concerne l’efficience énergétique des moteurs et la réduction des émissions de gaz de serre". Il est également exigé que la réduction des surcapacités dans le secteur se fasse par l’élaboration d’une stratégie commerciale au cours de laquelle les syndicats doivent être consultés. Goebbels a entre autres annoncé que des eurodéputés se rendront sur des sites de production pour discuter avec les représentants des salariés.

Une crise complexe pour les firmes européennes intégrées dans des multinationales : brevets captifs, crédits taris, ...

Robert Goebbels a illustré la complexité de la crise à l’exemple de la crise qui affecte le producteur d’automobiles américain General Motors (GM). L’écroulement de GM aux USA aurait des conséquences pour les firmes européennes qui font partie de GM, comme Opel ou SAAB. D’où l’initiative invitant à la coopération tous les pays de l’Union européenne qui ont chez deux des sites de GM. Cela est d’autant plus nécessaire que le management américain a essayé, ainsi Goebbels, "de monter les pays européens les uns contre les autres". Une première réunion des pays à usines de GM a déjà eu lieu avec le commissaire européen en charge de l’Industrie, Günther Verheugen.

Mais trouver une solution ne sera pas facile. Selon Robert Goebbels, les managers américains de GM ont veillé à ce que les brevets européens de chez Opel et SAAB soient transférés aux USA où ils sont devenus la propriété de firmes particulières. De même, les titres de propriété d’usines et de terrains des firmes GM européennes ont été transférés à des firmes américaines. Des repreneurs européens auraient donc à payer des royalties à ces firmes, sur lesquels l’Etat américain a d’ailleurs, depuis la crise, une mainmise en échange de ses aides financières. Au-delà de cet obstacle particulier à GM, s’ajoute l’assèchement des sources de crédit, les banques hésitant à prêter au-delà de 50 millions d’euros.

Des pistes pour s’en sortir

 En ce qui concerne les brevets et les propriétés, il appartient selon Robert Goebbels à la Commission européenne d’entrer en négociations avec l’Etat américain pour trouver un modus vivendi et éviter que l’on ait à faire à un véritable vol de propriété intellectuelle européenne. 

En ce qui concerne le financement de l’industrie automobile, Robert Goebbels pense en premier lieu à la Banque européenne d’investissement (BEI), qui est la première banque publique du monde en volume de crédits, et qui est devenue de plus en plus le grand financier de l’Union européenne. Elle vient d’augmenter son capital en y intégrant ses bénéfices et elle prévoit d’investir, d’après son président, Philippe Maystadt, jusqu’à 66,4 milliards d’euros dans l’économie européenne, dont 8 milliards dans le secteur automobile et ses sous-traitants, les besoins se montant cependant selon Robert Goebbels à 16 milliards.

L’avantage de cette démarche est selon Goebbels que la BEI peut, avec son triple A, emprunter à un taux favorable sur les marchés des capitaux, qu’elle pratique des emprunts remboursables, et que par cette manière de faire elle ne fausse pas la concurrence comme le font les subventions. Dans cet esprit, Goebbels aurait préféré que les 5 milliards de la Commission européenne aient été transformés en prêts, qui auraient permis de générer 25 milliards de crédits.