Principaux portails publics  |     | 

Elections européennes
Les perspectives européennes de Charles Goerens
09-03-2009


Charles GoerensLe 9 mars 2009, le député libéral et tête de liste du DP pour les élections européennes, Charles Goerens, a présenté ses perspectives européennes à la presse luxembourgeoise. En vue des élections européennes du 7 juin 2009, il a penché son regard sur la mondialisation, les difficultés du secteur agricole et l’attitude des jeunes envers l’Union européenne. Parallèlement, il a abordé quelques exemples de réussite du projet européen, comme la défense des intérêts commerciaux des Etats membres, l’introduction de l’euro, la restructuration de la sidérurgie, les avancées dans la gestion des eaux usées et des déchets, ainsi que du changement climatique. Il a exprimé ses doutes sur l’irréversibilité de l’intégration européenne et il a revendiqué que l’Union européenne soit élargie sans être affaiblie, et que sa solidarité interne soit renforcée.

Un engagement pour une Europe forte depuis 30 ans

En guise d’introduction, l’eurodéputée libérale Lydie Polfer a déclaré qu’elle partage l’engagement de Charles Goerens pour une Europe forte, un engagement vieux de 30 ans, lorsque Lydie Polfer et Charles Goerens ont été Lydie Polferpour la première fois élus à la Chambre des Députés. Elle a insisté sur les nombreuses années d’engagement libéral pour l’Europe, notamment de Gaston Thorn (ancien Premier ministre luxembourgeois et Président de la Commission européenne) et de Colette Flesch (députée libérale et ancienne eurodéputée).

Charles Goerens : "L’Europe se vend mal"

Selon Charles Goerens, la présentation de ses perspectives européennes exprime un certain optimisme. Il s’agit de sa lecture personnelle de l’actualité européenne qui permet de dresser un bilan, mais qui relève aussi le double handicap dont souffre l’actualité européenne au Luxembourg.

Premièrement, le pays n’a toujours pas digéré le référendum sur le Traité constitutionnel de 2005. Deuxièmement, les élections législatives nationales qui se tiennent le même jour, à savoir le 7 juin 2009, risquent de faire ombrage au scrutin européen. Parallèlement, la crise économique actuelle, dont les retombées sont encore incertaines, remplace le politique au cœur du débat et risque de peser sur la campagne électorale. Le député du DP y voit une raison de redoubler d’efforts en posant la politique européenne au cœur du débat, et notamment sa capacité de donner des réponses aux défis lancés par la crise.

"Incompréhensions et colères"

L’Europe et la mondialisation

Charles GoerensDans le contexte de la mondialisation, Charles Goerens est d’avis que le vrai débat doit porter sur la façon dont l’Union européenne permet aux Etats membres de s’adapter à la donne principale qu’est la mondialisation. Il pense qu’il y a lieu de s’interroger sur la façon dont l’Europe a su se servir de ses compétences et si elles sont suffisantes. Dans l’affirmative, il pense qu’il faut interpeller la Commission et le Conseil qui doivent se justifier devant le Parlement européen. Dans la négative, la responsabilité incombe aux Etats membres de veiller à la bonne répartition des compétences entre les niveaux national et européen. "Accuser l’Union européenne de ne rien faire et lui refuser en même temps les moyens d’agir relèverait de la manipulation de l’opinion publique", a déclaré Charles Goerens.

Les agriculteurs sont-ils les nantis de l’Union européenne ?

Abordant la chute des prix du lait et des céréales au Luxembourg et dans l’ensemble de l’Union européenne – le niveau de prix des matières premières agricoles en 2009 est inférieur à celui des années 1960 -, Charles Goerens ne s’étonne pas de voir le monde agricole se mettre en colère. Selon le député libéral, plusieurs événements permettent de comprendre la colère paysanne, notamment la suppression des quotas laitiers jusqu’en 2015 et l’insuffisance de l’aide directe au revenu par rapport aux pertes encourues.

Une majorité de jeunes a rejeté le Traité constitutionnel

Dans la présentation de ses perspectives européennes, Charles Goerens accorde une place spéciale aux inquiétudes des jeunes. Il pense que trop d’incertitudes les font croire qu’ils ont encore tous leurs soucis devant eux et que leur rappeler les acquis de l’Union européenne n’y changerait rien. Cela ne les aurait d’ailleurs pas non plus empêchés de rejeter majoritairement le projet de Traité constitutionnel. "Peut-être ne les avons-nous pas assez écoutés, pas tenu suffisamment compte de leurs attentes, de leurs préoccupations, de leurs aspirations. Nous sommes là en présence d’un vrai problème", a-t-il expliqué. Selon Charles Goerens, la logique de rejet de l’Union européenne prend une tournure assez étonnante et un redoutable mécanisme se met en route qui, si on n’y prend pas garde, risque de devenir autodestructeur. Pour éviter cela, Charles Goerens a rappelé qu’il faut informer les jeunes sur l’Union européenne et prendre au sérieux leurs inquiétudes et préoccupations.

"Quelques exemples de réussite"

L’Europe et la défense de nos intérêts commerciaux

Selon Charles Goerens, les dirigeants nationaux admettent qu’il n’y a aucune alternative à la pratique actuelle qui consiste à faire bloc dans la défense de leurs intérêts commerciaux. "Les grandes orientations stratégiques sont le résultat d’accords entre groupements de pays composés en fonction de leurs intérêts. L’expérience le confirme : le petit abandon de souveraineté au bénéfice d’une approche commune leur a été salutaire", a-t-il déclaré. Il a ajouté que c’est la décision de tous les Etats membres de l’Union européenne de définir un mandat de négociation et de le confier à la Commission qui à son tour défend les positions de l’Union européenne à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). C’est donc la méthode communautaire qui implique la Commission, branche exécutive de la Communauté qui en vertu du Traité doit faire respecter l’égalité statutaire de tous les Etats membres, grands ou petits.

L’euro

Charles Goerens a déclaré que la crise actuelle est d’une gravité exceptionnelle : "Une couverture de capital insuffisante, une ligne de crédit coupée, une demande vacillante, un client défaillant peut compromettre la poursuite d’une activité avec son cortège de fermetures d’entreprises, de licenciements, de précarité, d’absence de perspectives." Il pense que nous abordons la présente crise avec le handicap qu’est la dimension globale n’épargnant aucun secteur ni aucun pays. "Mais", a-t-il ajouté "grâce à l’euro, nous l’abordons aussi avec un souci en moins qui est le désordre monétaire dans la zone Euro". Selon le député du DP, l’acquis de la monnaie unique s’avère un atout de taille et confère un début de stabilité dans ces temps agités par les bouleversements économiques et monétaires.

Des avancées grâce à l’Europe

Dans le domaine de la gestion des eaux usées, l’Europe a amené le Luxembourg à transposer en droit national la directive établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau. En parallèle, elle a contraint le Luxembourg à mettre en place des plans nationaux de gestion des déchets basés sur les principes de prévention et de gestion rationnelle. Il en est de même pour ce qui est de la lutte contre le changement climatique qui devient une perspective réelle grâce à l’Union européenne. Selon le député libéral, la détermination de l’UE dans ce domaine a été décisive pour la conclusion des négociations de Kyoto, et c’est à sa ténacité que nous devons l’entrée en vigueur du protocole, même si le pari n’est pas gagné.

La restructuration de la sidérurgie

"Dans les années 1970 et 1980", a expliqué Charles Goerens, "l’Europe nous a permis de développer le modèle luxembourgeois basé sur la consultation et la concertation sociale". Il a rappelé le contexte de l’époque : le prix de l’acier était en chute libre, la production baissait en raison de la chute de la demande et à cause de surcapacités, le recul de la production réduisait les effectifs de 30 000 à 15 000 par rapport à une population active de 134 000 personnes. Dans la situation actuelle, cela signifierait une perte d’emplois de l’ordre de 21 500 effectifs. Cette crise sans précédent constituait un risque systémique pour l’économie luxembourgeoise. "Si l’ARBED s’en est finalement sortie, c’était dû en grande partie à l’intervention de la Commission européenne qui mettait fin à la loi de la jungle et permettait au modèle luxembourgeois de se déployer", a-t-il constaté.

"L’intégration européenne doit devenir irréversible !"

Les uns sont plus égaux que les autres

Concernant la peur des petits pays de voir s’imposer un "directoire des Grands" dans l’Union européenne, Charles Goerens a critiqué que là où les mécanismes décisionnels sont flous, voire inexistants, le risque de voir les petits Etats membres écartés, demeure. Abordant tous les grands défis face auxquels l’Union européenne se trouve actuellement, que ce soit la lutte contre la crise bancaire, la crise économique, la crise climatique, la crise alimentaire et humanitaire dans les pays en développement, les foyers d’insécurité et la prolifération nucléaire, Charles Goerens a exprimé ses doutes par rapport à l’irréversibilité du processus d’intégration européenne. Pour permettre à l’Europe de peser de tout son poids y compris dans la durée, il pense que celle-ci doit pouvoir s’appuyer sur l’opinion publique dans tous ses Etats membres. Pour cela, il pense que l’Union européenne a intérêt à ce que tous les pays reconnaissent leur rôle dans la construction européenne.

"Subir ou agir ?"

Pour une société ouverte. Contre une société offerte.

"Notre ordre public", a expliqué Charles Goerens en abordant les principes de la société européenne, "respectueux des libertés individuelles, de l’Etat de droit, du respect du principe de la non-discrimination raciale, religieuse et culturelle est de plus en plus défié par ceux qui veulent imposer leur loi. Dans ce cas, il faut réagir avec fermeté et en recourant à tous les moyens que nous réserve l’Etat de droit. Il ne doit y avoir dans nos sociétés qui ont souscrit à la Charte des droits fondamentaux, aux Conventions universelle et européenne des droits de l’Homme, la moindre ambiguïté sur notre détermination à nous conformer à celles-ci."

Pour un pôle social à l’échelle européenne

Concernant les questions sociales, Charles Goerens a déclaré que le niveau des salaires, des rentes et pensions, le code du travail et le salaire social minimum relèvent de la compétence des Etats membres parce qu’il n’a pas été possible à ce jour de doter l’Union européenne de compétences dans le domaine social. Il a expliqué dans ce contexte que "les pays à haut niveau de protection sociale risquent de voir certaines de leurs entreprises se délocaliser dans les pays à faible niveau de protection sociale qui plus est sont en règle générale les plus grands bénéficiaires des fonds structurels de l’Union européenne." L’Union européenne est souvent accusée de se rendre complice du dumping fiscal pratiqué à l’intérieur de l’Union. En effet, pour financer les dépenses d’un Etat, il faut prélever des impôts. C’est au niveau des 27 Etats membres que Charles Goerens voit un levier à activer dans l’obtention d’aides à la fixation d’un taux minimal d’imposition dans le pays bénéficiaire. Cela aurait l’avantage de réduire l’écart entre les taux d’imposition des sociétés et de renouer ainsi avec une compétition plus saine. Il pense que la négociation du prochain paquet financier 2013-2020 pourrait être l’occasion de progresser en la matière.

Élargir l’Europe sans l’affaiblir

Charles Goerens estime "qu’il faut aborder l’élargissement de l’UE sans l’affaiblir". Ainsi, l’appréciation finale d’une négociation avec un candidat à l’adhésion ne doit porter exclusivement sur sa volonté de respecter l’acquis communautaire, les conditions économiques ainsi que les conditions politiques connues sous le nom de critères de Copenhague. Il a déclaré: "Il faut que les élargissements futurs ne se fassent plus aux dépens de la cohésion de l’Union. Le temps ne serait-il pas venu de renforcer d’abord la cohésion de l’Union européenne avant de l’élargir ?"

Pour plus de solidarité interne

Dans le cadre de la crise financière et économique, Charles Goerens estime que la vraie valeur ajoutée de l’Union européenne en la matière sera fonction de sa capacité de coordination des efforts nationaux. Selon lui, l’actuel plan de relance ressemble davantage à une compilation des efforts consentis au plan national par les 27 Etats membres auxquels il y a lieu d’ajouter la contribution de l’Union européenne. "Une tâche herculéenne repose donc sur les épaules de la Commission de qui on attend qu’elle transcende les particularismes sectoriels, régionaux, nationaux par la mise en valeur des atouts spécifiques dont jouit l’Union européenne", a-t-il expliqué. Il pense également que "le temps est venu, en cette période exceptionnelle où tout se joue sur la pertinence des actions à entreprendre, de procéder à une remise à plat des problèmes qui se posent au niveau de nos partenaires européens et de voir comment ils se situent dans leur ensemble." Et de conclure : "Il y a tant de leviers à activer, tant d’initiatives qui nous attendent, tant de défis à relever, tant de missions à accomplir. Avec détermination et, ce qui me paraît indispensable, avec passion."