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Migration et asile - Développement et aide humanitaire
Le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, António Guterres, en visite à Luxembourg
António Guterres a plaidé pour la construction d’un système européen d’asile
30-03-2009


António Guterres et Jean-Louis SchiltzLe haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, António Guterres, a effectué le 30 mars 2009 une visite au Luxembourg à l’invitation du ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, Jean-Louis Schiltz. Lors d’une conférence de presse, il a tenu à transmettre deux messages essentiels. Le premier message était qu’il ne faut pas oublier les crises humanitaires dans ces temps de crise financière et économique. Le second message était qu’il faut construire un système européen d’asile. António Guterres a aussi plaidé pour que la situation des agents non-étatiques soit reconsidérée dans le cadre de persécutions, pour que la notion de réfugié soit reconsidérée, et pour que les listes des pays sûrs doivent être basées sur un consensus dans l’Union européenne.

"Il ne faut ne pas oublier les crises humanitaires dans ces temps de crise financière et économique"

António Guterres a souligné qu’il "faut ne pas oublier les crises humanitaires dans ce moment où des milliards et des milliards d’euros et de dollars" sont investis pour relancer l’économie et pour sauver les systèmes financiers. "Ne pas appuyer suffisamment et ne pas donner la priorité aux situations dramatiques qui sont dues aux conflits et à l’impacte du changement climatique, serait une énorme injustice", a expliqué António Guterres, "mais ce serait aussi une menace pour la sécurité collective de l’humanité".

A cet égard, le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés a tenu à exprimer son appréciation de la qualité du partenariat entre le gouvernement luxembourgeois et l’Agence des Nation unies pour les réfugiés (HCR). António GuterresParallèlement à la contribution financière très importante du Grand-Duché – qui est la 19e en chiffres absolus -, il a souligné que le Luxembourg intervient de façon permanente dans les débats stratégiques sur le futur de l’HCR, les problèmes de déplacement dans le monde et les stratégies pour aider les gens qui en sont victimes.

Dans son deuxième message, António Guterres a abordé l’Union européenne et l’espace Schengen. Il a déclaré qu’ "un espace de libre circulation à différents régimes d’asile selon les pays, ne fonctionne plus". Dans ce contexte, il a souligné qu’il faut "absolument travailler ensemble pour la construction d’un système européen d’asile", dont les travaux préparatoires sont terminés et dont la deuxième phase est en cours de déclenchement. "Il est très important de garantir une cohérence et une consistance des différentes politiques nationales d’asile", a-t-il expliqué, en ajoutant que maintenir la disparité des régimes dans le cadre d’un espace commun, n’est, à son avis, plus acceptable. La cohérence ne doit pas s’établir, selon lui, par une révision des normes vers le bas au minimum, mais par la préservation de la tradition d’une Europe qui est terre d’asile.

António Guterres s’est aussi prononcé pour que la situation des agents non-étatiques soit reconsidérée dans le cadre de persécutions. Il a entre autres pensé aux femmes soumises à un mariage forcé, aux personnes qui vivent dans un contexte où pullulent les milices.

Aussi voudrait-il que la notion de réfugié soit reconsidérée, afin que le déplacement d’un pays d’origine vers des zones dites sûres ainsi que les conditions de retour des personnes soient adaptées à leur situation.

En général, il aimerait aussi qu’à Luxembourg comme dans d’autres pays, les cours soient sensibilisées aux problèmes des demandeurs d’asile, et que les capacités d’investigation des instances d’appel pour les demandeurs d’asile soient améliorées.

Il lui semble également important que les listes des pays sûrs doivent être basées sur un consensus dans Union européenne, dans lequel le HCR a par ailleurs un mot à dire. Et même si les pays disposent de ces listes de pays sûrs, elles ne peuvent pas être utilisées selon António Guterres comme base pour des mécanismes automatiques. "Il ne faut pas être aveugle. Il faut tenir compte des situations individuelles."

Un autre consensus est nécessaire dans l’Union européenne dans le cadre du drame humanitaire qui se déroule entre les rives Sud et Nord de la Méditerranée. S’il y a accord sur le sauvetage des personnes, il n’y a pas encore d’accord sur la question de qui est responsable pour les personnes sauvées, sur l’accès des personnes sur le territoire de l’UE et sur la protection internationale à accorder à des personnes qui sont en mouvement tant pour des raisons économiques que politiques. Or, plus il y a de régulation "dans un monde où les populations sont en mouvement", moins il y a de marges de manœuvre pour les passeurs et les trafiquants d’êtres humains.