Le dimanche 1er mars 2009 a eu lieu à Bruxelles un sommet informel des chefs d’État et de gouvernement auxquels s’étaient joints les hauts représentants de la Commission européenne et du Parlement européen. Ce Sommet avait pour objectif d’émettre un signal clair de la volonté des Etatst membres de l’UE de mettre en oeuvre le plan de relance économique et d‘entreprendre des démarches coordonnées. La Présidence tchèque avait pris la décision de convoquer cette réunion, vu les positions de départ nationales différentes, vu aussi les effets de la crise économique sur les différents pays, tout en insistant sur le respect des règles communes du marché unique.
A l’issue de ce Sommet, Jean-Claude Juncker, qui n’est pas coinvaincu par ce type de réunions et qui ne croit pas que d’ici le Conseil européen de mars, les Etats membres coordonneront davantage leurs démarches, a pourtant tiré plusieurs conclusions.
D’abord, il a tenu à souligner qu’aucun Etat membre de l’Union européenne ne fait actuellement des démarches protectionnistes au détriment d’un autre pays. Parallèlement, il a déclaré que l’industrie automobile et la sous-traitance pour l’automobile doivent toutes les deux être soutenues par des plans d’aide nationaux et européens. Tout en confirmant la solidarité avec les pays de l’Europe de l’Est, Jean-Claude Juncker a signalisé que ces pays ne forment pas un bloc et que chaque pays doit être considéré selon sa situation individuelle. Le Premier ministre luxembourgeois, convaincu que l’impact principal de la crise économique et financière ne se montrera que pendant la deuxième moitié de 2009, a récusé l’idée d’accélérer l’adhésion de certains pays à l’euro. Tout en refusant l’amalgame entre secret bancaire et paradis fiscal, il s’est dit prêt à lutter contre les paradis fiscaux.
Concernant la polémique sur le protectionnisme, Jean-Claude Juncker a expliqué : "Lors du Sommet, aucun des 27 Etats membres n’a reproché à un autre pays d’avoir entrepris des actions protectionnistes. Ce serait en effet difficile parce que la Commission a donné son feu vert hier au plan français d’aide à l’automobile. Je ne vois pas de pays européen qui serait en train de faire des démarches protectionnistes au détriment d’un autre pays. Et il faut d’ailleurs arrêter d’en parler."
Jean-Claude Juncker a souligné que l’industrie automobile, mais aussi la sous-traitance pour automobile doivent être soutenues. "Au Luxembourg, il y a plus de 30 entreprises de sous-traitance pour l’industrie automobile européenne et mondiale", a-t-il expliqué en ajoutant : "Opel en Allemagne ou Peugeot et Renault en France ne peuvent donc pas être les seuls à bénéficier des subventions des Etats et de l’Union européenne. Les entreprises luxembourgeoises de sous-traitance ne doivent pas non plus être oubliées." Pour le Premier ministre luxembourgeois, toute la filière doit être comprise dans des plans nationaux et européens d’aide au secteur automobile.
Commentant le rejet d'un grand plan d'aide pour l'Europe de l'Est par les dirigeants européens, Jean-Claude Juncker a souligné : "Les pays de l’Europe centrale et de l’Est ne forment pas un bloc qui a spécialement besoin d’aide", en précisant qu'"une telle approche n’est pas conciliable avec leur dignité individuelle." Il a ajouté que "les situations et les problèmes divergent selon les pays et ils doivent d’abord s’aider eux-mêmes avant que la solidarité européenne puisse jouer. Cela compte pour l’Union européenne, et plus spécialement pour la zone euro." Le Premier ministre luxembourgeois ne veut pas diviser l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est en deux groupes. Il a déclaré que l’Europe de l’Est en tant que telle n’existe plus depuis la chute du mur de Berlin en 1989 et qu’il faut en finir avec cette "funeste logique d’après-guerre". Il a d’autre part réitéré sa position qu’il n’y avait aucun risque immédiat qu’un Etat membre de l’Union européenne ne soit plus solvable.
Abordant les conséquences sociales de la crise financière et économique, Jean-Claude Juncker a précisé que "l’impact principal de la crise ne se montrera que pendant la 2e moitié de 2009. Il faut donc affiner tous les instruments pour réagir à cette situation." Dans ce cadre, il a abordé les nouvelles propositions faites par le gouvernement luxembourgeois dans le domaine du chômage partiel destinées à "surmonter les conséquences sociales de la crise jusqu’à ce qu’elle soit terminée".
Jean-Claude Juncker a récusé l’idée d’accélérer l’adhésion de certains pays à l’euro, comme l’a souhaité la Pologne, qui avait pourtant jusqu’à un temps très récent différé son adhésion à l’euro. Les pays qui veulent adhérer à l’union monétaire et à l’euro doivent remplir "les mêmes critères d’adhésion qui ne changent pas, car la crédibilité et la stabilité de l’union monétaire dépend essentiellement de ces critères d’adhésion". Ceux-ci ne peuvent par ailleurs, a souligné Juncker, "pas être changés à moins de modifier les traités européens".
A Bruxelles, il n’a pas été question de paradis fiscaux, mais Jean-Claude Juncker s’attend à ce que le sujet soit à l’ordre du jour au Conseil européen de mars, lorsque sera préparé le sommet d’avril de Londres. Il a déclaré dans ce contexte qu’il s’accorde avec l’Union européenne dans la lutte contre les paradis fiscaux. Cependant, il refuse qu’un amalgame soit fait entre secret bancaire et paradis fiscal.