Lors de sa conférence à l’issue du Conseil Affaires générales et Relations extérieures (CAGRE) qui réunissait le 27 avril 2009 les ministres européens des Affaires étrangères à Luxembourg, le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, a évoqué quelques dossiers qui avaient été "traités en profondeur" par le Conseil : le sommet du 7 mai 2009 avec les pays du Partenariat oriental, le différend sur la définition des zones maritimes entre la Slovénie et la Croatie qui bloque les négociations sur l’adhésion de la Croatie à l’UE et un possible rôle de la Syrie dans les relations avec l’Iran.
Définissant le Partenariat oriental, qui concerne l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Moldavie, l’Ukraine et la Biélorussie, comme une réaction des Etats membres orientaux de l’UE pour rééquilibrer le lancement de l’Union pour la Méditerranée (UPM) par le président français Nicolas Sarkozy, Jean Asselborn a évoqué les craintes que ce partenariat suscite sur les rives Sud de la Méditerranée, où "les sensibilités sont à cran" selon lui. Le ministre a rappelé que l’UE allait s’en tenir au principe que pour un euro qui ira à l’Est, deux euros iront au Sud. Il a aussi rappelé que sur les six pays qui étaient concernés par ce partenariat, quatre étaient en crise, et les deux autres la frôlaient, vu leur situation économique. Il s’est inquiété, malgré les propos par lesquels la Roumanie tente de rassurer ses partenaires, des projets de ce pays d’accorder le passeport roumain à plusieurs centaines de milliers de Moldaves.
Pour ce qui est du sommet du 7 mai 2009 avec les pays du Partenariat oriental, Jean Asselborn est d’avis qu’il ne faut pas se focaliser sur les dirigeants de ces pays, comme Sakashvili, Voronine, ou Loukaschenko, mais qu’il "faut aller vers les gens et leur offrir des perspectives". Il n’y aura pas, a-t-il insisté, "des problèmes avec des dirigeants qui ne seraient pas les bienvenus", tout en signalant que le président bélarusse Loukashenko sera reçu le 28 avril au Vatican et en Italie. Reste que le sommet recèle d’autres problèmes – "comme la Présidence tchèque constitue déjà en elle-même un problème" - comme le fait que l’on ne dispose pas encore d’un projet de conclusions, et qu’il faudra s’attendre à ce que le concept d’intégrité des frontières n’y figure pas, ne serait-ce qu’à cause du conflit frontalier entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Le différend entre la Slovénie et la Croatie qui, officiellement, "concerne la délimitation de la frontière maritime et la détermination de la frontière terrestre", est selon Jean Asselborn "avant tout une question de définition de la zone maritime qui est directement liée à l’accès de la Slovénie à la haute mer". Ce différend "pollue de manière totalement superflue les discussions sur l’adhésion de la Croatie à l’UE", car "le fait que l’UE peine à résoudre ce type de problème bilatéral – comme également celui entre la Grèce et la Macédoine – nuit à sa bonne image de projet de paix dans les Balkans occidentaux".
La proposition du Commissaire en charge de l’élargissement, Olli Rehn, de confier l’affaire à un tribunal d’arbitrage ad hoc, que l’ancien président finlandais Martti Ahtisaari, prix Nobel de la paix 2008, a par ailleurs refusé de présider, a été "chaleureusement" salué par la Croatie, mais c’est précisément cela qui a conduit selon Asselborn la Slovénie à ne dire ni oui ni non à ce tribunal dont la création est cependant soutenue par les 26 autres Etats membres.
Jean Asselborn a ensuite défini les relations entre les Occidentaux et l’Iran en Afghanistan de "complicité de facto", car "sans l’Iran, il n’y aura en Afghanistan ni stabilité, ni possibilité d’intervenir sur les questions des réfugiés et de la production et du trafic de drogue". Selon Asselborn, l’offre du président Obama de redéfinir les relations entre les USA et l’Iran peut aller de pair avec une approche de la Syrie, où Asselborn a séjourné le 22 avril dernier, "comme relais pour que les choses prennent une manière moins irrationnelle dans les relations avec l’Iran".