Lors de la première journée de la Conférence de l'ONU sur le racisme, qui se tient à Genève du 20 au 24 avril 2009 et qui est supposée évaluer les progrès réalisés dans le cadre des objectifs fixés en 2001 à Durban, en Afrique du Sud, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a qualifié Israël de "gouvernement raciste". "Après la fin de la Seconde guerre mondiale, [les Alliés] ont eu recours à l'agression militaire pour priver de terres une nation entière sous le prétexte de la souffrance juive", a expliqué le président iranien. "Ils ont envoyé des migrants d'Europe, des Etats-Unis et du monde de l'Holocauste pour établir un gouvernement raciste en Palestine occupée", a-t-il lancé dans une claire allusion à Israël. "Des efforts doivent être fait pour mettre un terme aux abus des Sionistes et de (leurs) partisans", a poursuivi Mahmoud Ahmadinejad, provoquant le départ de la salle du siège de l'ONU des 23 représentants européens présents sous les huées des autres participants.
Les pays européens présents avaient en effet prévenu qu'ils quitteraient la salle si Mahmoud Ahmadinejad, connu pour ses diatribes anti-israéliennes, proférait "des accusations antisémites", tandis que quatre d’entre eux avaient d’emblée renoncé à participer, à savoir, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Pologne. A leurs yeux en effet, au vu de l’expérience de la précédente Conférence mondiale contre le racisme qui s’était tenue à Durban, en Afrique du Sud, en 2001, de tels dérapages étaient à craindre du simple fait de la présence du président iranien.
Le Grand-Duché était lui représenté par l’ambassadeur Jean Feyder, représentant permanent auprès de l’Office des Nations Unies, lequel n’a pas manqué de sortir de la salle avec ses confrères européens en signe de protestation. Jean Asselborn, le ministre des Affaires étrangères, a réagi dans différents médias en rejetant l’idée du boycott d’une telle réunion et en récusant la politique de la chaise vide.
S’il dit "comprendre la réaction de nos ambassadeurs" et être "navré qu'un type comme [Mahmoud Ahmadinejad] puisse créer autant de désordre", le chef de la diplomatie luxembourgeoise estime qu’il "ne sert à rien de quitter la conférence onusienne et de laisser le premier rôle à Ahmadinejad".
Dans un entretien accordé à Bertrand Slézak et publié dans le Quotidien du 21 avril 2009, Jean Asselborn a expliqué qu’il aurait "préféré que la Présidence tchèque de l'Union européenne prenne la parole et contre les propos du président iranien". Ainsi, de l’avis du ministre, "l'Union européenne aurait dû être représentée par le ministre tchèque des Affaires étrangères et non par les ambassadeurs permanents auprès de I'ONU".
Quant à savoir si l’on peut d’ores et déjà considérer la conférence Durban II comme un échec, Jean Asselborn répond clairement par la négative. En effet à ses yeux "si le texte final est respecté, on fera avancer les choses de manière très positive. C'est une aubaine pour la lutte contre le racisme et la xénophobie".
Au lendemain de cette première journée et de ce tollé, tous les pays de l'Union européenne qui avaient choisi de participer, sauf la République tchèque, ont décidé d'y rester malgré les propos du président iranien, soit au total 22 des 27 pays du bloc. C’est ce qu’a indiqué, par voie de communiqué, la Présidence de l’Union européenne en date du 21 avril, tout en ne manquant pas de rejeter "dans les termes les plus forts les propos du président Mahmoud Ahmadinejad".