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Politique étrangère et de défense
Sommet UE – Etats-Unis : Selon Juncker, "un nouveau ton, plus ouvert, plus simple et sans tabou"
05-04-2009


Jean-Claude Juncker et Barack Obama (c) SIP - CaratiniA l’issue du Sommet UE – Etats-Unis, qui s'est tenu à Prague le 5 avril 2009, et au cours duquel il participait notamment en tant que rapporteur sur la situation dans l’Union européenne, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a évoqué dans plusieurs organes de presse et stations de radio l’impression que lui a faite, sous l’angle des relations euro-américaines, le nouveau président des Etats-Unis, Barack Obama.

"Un nouveau ton, plus ouvert, plus simple et sans tabou"

"Il n’y a plus de sujets tabous", a souligné le Premier ministre, qui a loué le "nouveau ton", "plus ouvert, plus simple", ayant marqué les échanges de vues entre Union européenne et Etats-Unis.

Le nouveau président des Etats-Unis, un interlocuteur qui prête plus d’attention à l’Europe, mais lui demande également plus d’efforts, est selon Jean-Claude Juncker "une personne aimable qui parle à ses collègues sans faire de différence de taille ou de démographie". Il a d’ailleurs "une manière de parler aux Européens qui se distingue clairement de celle de l’administration précédente" et il veut coopérer d’égal à égal avec l’Europe, qu’il ne veut surtout pas voir adopter une sorte "d’attitude de vassal".

Barack Obama a mis en exergue l’importance qu’il accorde aux relations avec l’Union européenne et il n’entend pas poursuivre la distinction entre vieille et nouvelle Europe pratiquée par son prédécesseur.

Coopération pour la lutte contre les effets du changement climatique et contre la crise financière

Ainsi, selon le Premier ministre luxembourgeois, le nouveau président américain a fait "un pas en avant vers l’Europe", et ce notamment dans les domaines qui tiennent à cœur aux Européens. Et d’évoquer alors les fruits d’une discussion "d’égal à égal", à savoir tout d’abord la question de la lutte contre les effets du changement climatique, qu’il s’agit "d’accélérer ensemble dans une même direction".

Ce fut ensuite le tour du combat contre la crise financière, dans lequel un cadre commun a été évoqué pour "plus de régulation, de supervision et de contrôle des marchés financiers et de leurs acteurs", et il s’agit là d’un véritable tournant, puisque nombre de ces points étaient strictement refusés par les Etats-Unis il y a quelques années.

Le rôle de l’Union européenne dans le monde

En ce qui concerne l’Iran, Jean-Claude Juncker a relevé que la "voie vers une diplomatie plus directe" devait être trouvée. Quant au Proche Orient, l’Europe doit "coopérer, être indépendante" et les Etats-Unis doivent "respecter ses vues et tenir compte de son rôle". Enfin, selon le Premier ministre luxembourgeois, "l’Europe doit prendre plus Jean Asselborn et Hillary Clintonde responsabilités dans le domaine militaire".

Quant à Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères, il s’est particulièrement réjoui du fait que les Etats-Unis ne cherchent plus la confrontation avec la Russie. Il a, selon le Tageblatt, la nette impression que la partie américaine cherche à tempérer la peur que les Etats d’Europe de l’Est ont de la Russie.

D’autre part, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères avec la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, Jean Asselborn s’est opposé à ce que l’Union et les Etats-Unis se partagent les rôles au proche Orient, les Etats-Unis s’occupant d’Israël et l’Europe des Palestiniens.      

Divergences de vues quant à l’entrée de la Turquie dans l’UE

Jean-Claude Juncker n’exclut cependant pas des divergences de vue dans le futur. Un avant-goût a pu être donné lorsque Barack Obama, qui s’était prononcé pour une adhésion de la Turquie à l’Union européenne, s’est immédiatement vu opposer un refus catégorique de la part du président français Sarkozy.

Jean-Claude Juncker, qui ne manque pas d’expliquer que le plaidoyer du nouveau président américain s’inscrit dans la lignée de la tradition diplomatique étatsunienne, s’en tient pour sa part aux décisions du Conseil européen de décembre 2004, selon lesquelles les négociations d’adhésion avec la Turquie sont des négociations ouvertes. Et il est à ses yeux trop tôt pour se prononcer sur l’issue de ces négociations.

Par ailleurs, aux yeux du Premier ministre luxembourgeois, le refus initial de la Turquie d’accepter la nomination du Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen est la preuve que la Turquie doit encore changer de nombreuses choses, notamment en ce qui concerne la liberté de presse et sa manière d’assumer le sens du compromis et du consensus en Europe.