Le Premier ministre et ministre des Finances luxembourgeois Jean-Claude Juncker avait provoqué quelques remous lorsqu’il avait déclaré le mercredi 3 juin 2009, lors d’un meeting électoral, que si son parti, le CSV, devait de nouveau faire partie du gouvernement, il ne voudrait plus être ministre des Finances, mais que ce poste irait à Luc Frieden, actuel ministre du Budget, mais aussi de la Justice.
Politiques et médias en avaient conclu que Jean-Claude Juncker renoncerait automatiquement à son poste de président de l’Eurogroupe, forum informel créé pour mieux coordonner l'action des pays partageant la monnaie unique, qu’il préside depuis 2005, et à la présidence duquel il a été reconduit en 2008 pour une troisième fois jusqu'à fin 2010.
Juncker a apporté sur les ondes de RTL un démenti formel à cette interprétation de sa déclaration. Pour lui, il est logique qu’il envisage de s’occuper d’autre chose après avoir été ministre des Finances pendant 20 ans. D’autre part, Juncker a estimé que le ministre Luc Frieden, qui a selon lui accompli un travail remarquable ces derniers mois, mériterait une promotion. Tout cela ne pourrait cependant être envisagé qu’à deux conditions : que le CSV fasse partie du gouvernement après les élections du 7 juin 2009, et que le partenaire de coalition soit d’accord avec cette proposition.
Juncker veut avant tout renoncer à s’occuper tout seul de la politique fiscale et voudrait se concentrer sur d’autres questions dans le nouveau gouvernement. Il s’agirait donc d’une fausse interprétation de dire que s’il n’était plus ministre des Finances, il ne pourrait plus rester président de l’Eurogroupe.
L’Eurogroupe est selon Juncker composé de ministres compétents pour la politique monétaire. Si le partenaire de coalition était d’accord, Juncker pourrait donc être compétent pour les questions monétaires et les relations avec la Banque centrale européenne (BCE) et l’Eurogroupe, où il continuerait son travail pour un certain temps.
Nommé président de l’Eurogroupe pour un troisième mandat, Juncker a déclaré avoir reçu des appels de la part de ses collègues des pays membres de l’Eurogroupe pour savoir ce qu’il en était de ses intentions. Il leur a déclaré qu’il ne voulait pas laisser tomber la présidence de l’Eurogroupe. Avec le partenaire de coalition, Juncker discutera, si les résultats des élections du 7 juin 2009 le lui permettent, de savoir s’il est bon que le Premier ministre luxembourgeois préside l’Eurogroupe "où l’on a une grande influence". Et de mentionner les "marchés qui ont réagi nerveusement à l’affaire d’aujourd’hui". Toute décision sera donc sujette à l’intérêt de l’Union européenne et du Luxembourg.