Pour évaluer l’impact de la crise économique sur les perspectives européennes en matière d’emploi, la direction générale "Emploi, affaires sociales et égalité des chances" de la Commission européenne a mandaté TNS Opinion & Social pour réaliser un sondage Eurobaromètre dont les résultats ont été publiés le 24 juillet 2009.
Menée dans l’ensemble des 27 pays de l’UE ainsi que dans les trois pays candidats à l’adhésion - Croatie, Macédoine et Turquie -, entre le 25 mai et le 17 juin 2009, cette enquête se base sur 26 576 entretiens de face-à-face, dont 504 ont eu lieu au Luxembourg.
Les sondeurs ont dans un premier temps voulu savoir si, à la suite de la crise économique, les sondés avaient perdu leur emploi, ou si c’était le cas d’un de leur parent, d’une connaissance ou encore d’un collègue.
Dans l’ensemble, 9 % des personnes interrogées ont déclaré avoir perdu leur emploi à cause de la crise économique. Toutefois, une analyse plus poussée de ce type de citoyens dans les 27 Etats membres montre que 3 % d’entre eux ont retrouvé un emploi depuis lors (et ne sont donc plus actuellement non-actifs), ce qui donne une perte nette globale d’emploi de l’ordre de 6 %. De plus, étant donné que la population active se situe potentiellement à un niveau de 58 %, la perte nette réelle d’emploi suite à la crise économique se monte à 3,48 %.
Par rapport à la perte d'emploi personnelle, il existe un nombre plus important de citoyens qui connaissent un membre de la famille ou un ami ayant été licencié (36 %) et environ un quart d'entre eux rapporte qu'au moins un collègue a subi le même sort (24 %).
Le Luxembourg compte parmi les pays ayant subi les pertes les moins élevées puisque 4 % des sondés ont dit avoir perdu leur emploi, 23 % d’entre eux connaissent un membre de la famille ou un ami ayant été licencié et 17 % ont dit avoir vu un collègue dans ce cas.
Les pays les plus touchés par des cas de licenciements sont la Lettonie, la Lituanie et l’Espagne.
Invités à déterminer leur niveau d’inquiétude quant à un probable licenciement qui les toucherait ou qui affecterait leur conjoint et leurs enfants, les sondés ont manifesté de façon générale une plus grande inquiétude en ce qui concerne leurs enfants (47 %), leur partenaire (38 %) tandis qu’un tiers des personnes interrogées qui ont un emploi sont "très inquiètes" à l'idée qu'elles pourraient perdre leur travail à cause de la crise.
Cette inquiétude est d’autant plus grande que la situation est grave, et on constate ainsi que les trois pays ayant le plus fait les frais de la crise en matière de pertes d’emploi sont aussi ceux dont les citoyens se montrent les plus préoccupés, à savoir l’Espagne la Lituanie, et la Lettonie.
Suivant cette même logique, le Luxembourg compte ainsi parmi les pays où l’inquiétude est la moins grande ; ainsi 66 % des sondés ne craignent pas un licenciement, 58 % ne craignent pas pour leur conjoint et 56 % ne craignent pas pour leurs enfants.
Interrogés sur leur opinion quant à l’idée que l’impact de la crise est à son apogée ou au contraire que le pire reste à venir en la matière, 61 % des sondés ont estimé que le pire reste à venir. Un peu plus d'un quart des Européens (28 %) est plus optimiste et juge que l’impact de la crise économique a déjà atteint son sommet, tandis que près d’une personne sur dix (11 %) n’a aucune opinion.
Au Luxembourg, le pessimisme est plus grand encore puisque seulement 20 % des sondés ont estimé que l’impact de la crise était à son apogée tandis que 73 % d’entre eux déclaraient que le pire était à venir.
En plus des préoccupations quant à la crise et les licenciements réels et potentiels, l'enquête a également étudié les perceptions des citoyens au sujet de la compensation financière accordée sous la forme d'allocations de chômage, ainsi que l'impact global sur le revenu total.
Un peu plus d’un quart des Européens (28 %) pense que, s’ils devaient être licenciés, le système de sécurité sociale de leur pays les rétribuerait à raison de 51 à 70 % de leur salaire actuel. Environ une personne sur cinq croit que la sécurité sociale leur accorderait un montant supérieur à cette tranche (même si 4 % seulement pensent que cette somme atteindrait 91 à 100 % de leur revenu actuel), tandis que 28 % estiment recevoir moins de 51 % de leur revenu actuel. Bien que cette question n’ait été posée qu’aux Européens actifs, 24 % d’entre eux ont déclaré ne pas savoir quel était le niveau de protection offert par leur pays contre la perte de revenu. Sur la durée, les résultats varient peu.
Près de deux tiers des Luxembourgeois actifs interrogés pensent que le système de sécurité sociale de leur pays leur offrira au moins 71 % de leur salaire actuel. Ce niveau est bien plus élevé que celui de l’Espagne (44 % pensent recevoir plus de 71 %), des Pays-Bas (43 %) ou de la Suède (43 %). Les Britanniques, les Grecs et les Croates, par contre, ne s’attendent pas à percevoir une compensation importante. En effet, 56 % des Britanniques espèrent un paiement équivalent ou inférieur à 30 % du revenu actuel (40 % en Grèce et 36 % en Croatie).
Les personnes travaillant actuellement ont dû exprimer leur niveau de confiance dans leur capacité à conserver leur emploi au cours des prochains mois. Bien que les Européens soient plutôt confiants (80 % ont confiance dans leur capacité à conserver leur emploi au cours des prochains mois), leur proportion a baissé par rapport au niveau de 84 % atteint lors du sondage d’Eurobaromètre EB65 de 2006.
Le Luxembourg fait ici figure d’exception puisqu’entre 2006 et 2009, le taux de confiance s’est accru, 64 % des sondés se déclarant très confiants (+ 1), 29 % d’entre eux plutôt confiant (+ 1), 4 % plutôt pas confiant (- 1) et 2 % pas du tout confiant (- 2).
Les sondés ont dû ensuite dire s’ils étaient confiants ou pas d’avoir un emploi dans deux ans. Là encore le Luxembourg fait figure d’exception avec 83 % de personnes se déclarant très confiantes et plutôt confiantes pour une moyenne européenne de 66 %.
En revanche, quand on demande aux sondés d’évaluer la probabilité de retrouver un travail convenable dans les six prochains mois s’ils devaient être licenciés, les sondés luxembourgeois se montrent moins confiants que la moyenne européenne puisqu’ils sont 34 % à considérer cette perspective comme très probable contre 39 % dans l’UE. Comparé à l’enquête Eurobaromètre EB70.1 de l’automne 2008, ce chiffre connaît une baisse de 8 points au Luxembourg.
Invités à se prononcer sur les deux atouts que l’on doit mettre en avant pour trouver un emploi aujourd’hui, les sondés estiment qu’il faut miser sur l’expérience professionnelle (54 %) et son niveau de qualification (51 %). Suivent la capacité d’adaptation (34 %), les compétences informatiques (19 %), les compétences linguistiques (17 %) et la disposition à aller travailler à l’étranger (6 %).
Au Luxembourg, c’est le niveau de qualification qui est considéré comme un atout essentiel par 61 % des sondés, tandis que l’expérience professionnelle doit être mise en valeur par 44 % d’entre eux. On note que les compétences linguistiques sont pour les Luxembourgeois le troisième atout sur lequel il faut miser, puisqu’il est cité par 33 % des répondants. La capacité d’adaptation suit de près, citée par 31 % des répondants.
Le pourcentage global des Européens qui connaissent l'existence du Fonds social européen (FSE), l'un des principaux instruments communautaires d'aide aux personnes susceptibles de perdre leur emploi en raison de la crise, est de 33 % et il atteint 35 % au Luxembourg. Les pays où le FSE est le mieux connu sont la Slovaquie (59 %), le Portugal (58 %) et l'Espagne (53 %), et c'est au Danemark que les citoyens sont le moins bien informés à son sujet (17 %).
Un tiers des personnes interrogées ont estimé que le budget alloué au FSE, qui correspond environ à 10 % du budget européen, est trop faible, et seulement 5 % l'ont jugé trop élevé. Au Luxembourg, la part de sondés qui considèrent que le budget alloué au FSE est trop faible a augmenté fortement depuis 2006 puisqu’elle est passée de 17 à 31 %. La plus forte notoriété du FSEau Portugal, à Malte et en Irlande ne se traduit pas forcément par une meilleure opinion sur la part du budget : ces trois pays affichent en effet des taux de "Ne sait pas" supérieurs à la moyenne.
Interrogés de façon générale sur l’appréciation qu’ils portent sur les actions menées par l’UE en matière d’emploi et d’affaires sociales en se basant sur ce qu’ils voient, lisent ou entendent, la majorité des sondés (52 %) pense que la contribution de l’UE est positive. Au Luxembourg, 56 % des sondés ont répondu de la sorte. Il est cependant à noter qu’entre 2006 et 2009, le taux de personnes ne sachant pas répondre à la question a doublé, passant de 10 à 20 % des sondés.
Invités à juger de l’impact de plusieurs politiques menées par l’UE en matière d’emploi et d’affaires sociales, 78 % des sondés estiment que l’UE joue un rôle positif dans l’amélioration de l’accès à l’enseignement et à la formation (78 %). Parmi les mesures de l’UE pour lesquelles l’impact est jugé le plus positif, suivent la promotion de l’égalité entre hommes et femmes pour 76 % répondants, la lutte contre les autres formes de discrimination pour 73 % d’entre eux, la création de nouvelles opportunités d’emploi et la lutte contre le chômage à 72 %, ainsi que dans la lutte contre l’exclusion sociale et la pauvreté (70 %).
Au Luxembourg, la palme revient aussi aux mesures améliorant l’accès à l’enseignement et à la formation (pour 76 % des répondants), suivies par la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes (74 %), la lutte contre d’autres formes de discrimination (67 %), et les échanges des meilleures pratiques parmi les Etats membres de l’UE. On note cependant que 60,6 % des sondés luxembourgeois ont attribué, en moyenne, un impact positif aux 10 mesures citées, ce qui est nettement plus bas que la moyenne européenne qui atteint un peu plus de 69 %. Ainsi, en matière de création de nouvelles opportunités d’emploi et de lutte contre le chômage, ils sont au Luxembourg 59 % à juger l’impact des mesures de l’UE comme positif, ce qui fait un écart de près de 13 points par rapport à la moyenne de l’UE.