La Fondation Anna Lindh pour le Dialogue entre les Cultures (ALF) a organisé, les 27 et 28 juillet 2009, une formation de deux jours consacrée au dialogue interculturel et destinée à des bloggeurs de la zone euro-méditerranéenne.
C’est à Luxembourg, au Centre culturel de Rencontre de l’Abbaye de Neumünster (CCRN), qui est chef de file du réseau luxembourgeois de la Fondation Anna Lindh, que se sont donc retrouvés 18 bloggeurs, venus de 17 pays de l’espace euro-méditerranéen. Ils étaient accompagnés d’Andreu Claret, le directeur de la Fondation dont le siège est installé à Alexandrie, et de deux formateurs, l’un venu de Catalogne, et l’autre du Royaume-Uni.
Cette rencontre est la toute première du genre lance un projet de la Fondation qui consiste à former des bloggeurs au dialogue interculturel. Le projet qui s’appelle "Hyperlink", s’inscrit dans le cadre de la campagne que la Fondation Anna Lindh a lancé conjointement avec l’Alliance des Civilisations (UNAOC) "Restore trust – rebuild bridges" (Restaurer la confiance, reconstruire les ponts) et qui prend la forme d’un appel lancé vers la société civile. Toute une série d’initiatives visant à promouvoir la culture de coexistence et de paix au sein de la région euro-méditerranéenne sont ainsi soutenues dans le cadre de cette campagne.
Et on comprend bien l’intérêt que la fondation porte aux bloggeurs qui trouvent, et c’est d’autant plus prégnant dans certains pays de la rive Sud de la Méditerranée, un écho très important auprès de la population et notamment des jeunes générations. Source d’informations et de dialogue, les bloggeurs les plus influents construisent au fil du temps une vraie communauté autour d’eux, et ils ont donc un potentiel de "passeurs", de multiplicateurs qu’il ne faut pas négliger. Surtout si l’on considère la toile comme sorte de "champ de bataille des idées". Bien sûr, il ne s’agit pas d’instrumentaliser qui que ce soit, comme tient à le préciser Andreu Claret, directeur de la Fondation Anna Lindh, particulièrement enthousiasmé par cette initiative, et ce surtout à l’issue de deux jours d’intense travail.
L’objectif de la formation était donc d’informer les bloggeurs sélectionnés, qui ont des profils et des centres d’intérêt très variés, comme en témoignent leurs blogs respectifs, sur les activités et les ambitions de la Fondation Anna Lindh. Il a fallu remonter souvent bien plus loin que la création de la fondation, en 2005, et revenir aux origines de la volonté politique de favoriser le dialogue euro-méditerranéen qui a pris corps dans le processus de Barcelone lancée en 1995.
Mais la spécificité de cette formation, c’était cependant sa méthodologie. Car au-delà de ces présentations classiques qui n’ont pas pris bien longtemps, les deux formateurs se sont essayés, grâce à des méthodes d’apprentissage en usage dans le domaine de l’éducation non-formelle, à sensibiliser ces 18 participants aux affres et aux joies du dialogue interculturel. Car le dialogue interculturel est un terrain difficile, et il s’agit de savoir maîtriser les controverses et d’écrire avec plus de compréhension pour l’autre.
Un exemple d’apprentissage par l’expérience ? On organise un tournoi de cartes. Les joueurs se répartissent donc autour de différentes tables et le gagnant de chaque partie est invité à aller jouer à la table voisine. Jusque là, tout va bien, et on commence à se demander à quoi bon faire venir 18 personnes de toute la zone euro-méditerranéenne pour taper le carton. Et pourtant ! Il y a un détail essentiel, c’est que les règles du jeu diffèrent un petit peu à chaque table. Un peu comme dans la vie finalement.
Cette expérience interculturelle, on prend ensuite le temps de la raconter, de partager la perception qu’on en a eu, de réfléchir dessus, et de la conceptualiser. L’aboutissement du cycle d’apprentissage par l’expérience, c’est finalement d’imaginer une nouvelle expérience. D’après Andreu Claret, qui n’a pas l’habitude de ces méthodes et qui était un peu médusé pendant les premières minutes, ça marche. Tant et si bien qu’en deux jours, un groupe s’est constitué et le que c’est le travail d’une semaine qui a été réalisé.
Constituer un groupe, cela répond aussi à un autre objectif de la formation, qui était d’esquisser les prémices d’un réseau de bloggeurs convaincus et susceptibles de devenir des piliers de programmes à destination d’autres bloggeurs au niveau national.
Les participants ont donc constitué des groupes de travail et ont proposé, par exemple, de créer un site Internet pour le réseau. L’idée, c’est d’avoir une plateforme commune dont la partie publique permet d’accéder aux blogs de chacun tout en présentant le réseau, la campagne et les partenaires tandis qu’une partie réservée aux membres leur permet de communiquer entre eux. La proposition a soulevé des remarques un peu critiques, l’expérience montrant que bien souvent ce genre d’initiatives, malgré toute la bonne volonté des participants et les ressources investies, aboutissent à un site Internet auquel personne ne vient apporter sa contribution. La question du choix et de la forme de l’outil reste donc ouverte, mais l’idée essentielle, qui est de travailler ensemble et de se mettre en réseau, elle, est bien là.
Une autre proposition consiste à concevoir un "kit de formation" qui serait basé sur les bonnes pratiques existant tant en matière de dialogue interculturel que de blogging. Les participants semblent avoir pris à cœur leur rôle potentiel de multiplicateurs et ils ont proposé de réfléchir à une ébauche de kit de formation à présenter par exemple en mars 2010, lors de la grande réunion du réseau Anna Lindh qui se tiendra à Barcelone. Ils ont aussi évoqué leurs besoins en formation pour devenir eux-mêmes d’éventuels formateurs actifs dans chacun de leur pays. L’idée de ce kit de formation a ravi Andreu Claret.
C’est enfin à leur possible contribution à la campagne "Restaurer la confiance – reconstruire les ponts" que se sont attelés les jeunes participants. Evoquant toutes les possibilités technologiques qu’offrent twitter, les tags, ou youtube, sur lequel on peut créer des chaînes spécifiques, les bloggeurs ont là encore fait preuve de leur engagement.